Ces deux dernières saisons, Perpignan a frôlé la correctionnelle en Top 14, terminant deux fois 13e et avant-dernier de l’élite et arrachant son maintien lors du barrage d’accession/relégation sur les pelouses de Mont-de-Marsan (16-41) et Grenoble (19-33), finalistes malheureux de la Pro D2.

Cette année, les affaires semblent bien mieux embarquées puisque à six journées de la fin de la saison régulière, les Catalans sont neuvièmes avec six points d’avance sur Montpellier, le 13e. Et, actuellement, l’Usap a le vent dans le dos puisqu’elle reste sur trois succès de rang (Toulouse, Oyonnax, Castres). Seul le Racing 92, troisième au classement, a fait aussi bien sur la même période.

Preuve de leur bonne forme actuelle, les Perpignanais proposent un jeu attrayant, offensif et ambitieux. Loin du cliché de l’équipe recroquevillée et tétanisée qui lutte pour le maintien. Lors du succès brillant contre Castres à Aimé-Giral (43-12), les Sang et Or, déchaînés, avaient inscrit sept essais. «On sentait qu’on était très excités, avec l’envie de frapper fort, et on a su canaliser notre énergie. On s’est offert un quart d’heure de folie en début de deuxième mi-temps», se félicitait Franck Azéma, le manager des Sang et Or qui ne semblent pas tétanisés par la peur de la relégation et offrent, au contraire, un rugby ambitieux.

Une équipe qui fait preuve de «caractère», comme le répète à l’envi Franck Azéma. «Il faut qu’on ait jusqu’à la fin de la saison cet état d’esprit de ne rien lâcher», répète le technicien passé par Clermont et Toulon. Sans Coupe d’Europe à disputer, le club catalan a des semaines pour se régénérer et se préparer en partant en stage sur les hauteurs de Falgos. Et les deux matches qui se profilent, contre Lyon et à Montpellier, deux rivaux pour le maintien, vont s’annoncer capitaux. «On n’invente rien d’extraordinaire mais on se définit des objectifs, avait détaillé Franck Azéma dans Midi Olympique. Perpignan réfléchit à se maintenir et on se prépare à recevoir une belle équipe de Lyon.»

Le resserrement de l’élite, spécialement en cette saison post-Coupe du monde hachée où les grosses écuries ont souffert, fait que Perpignan est aujourd’hui à la croisée des eaux : intercalé entre la 13e et la 6e, synonyme de phase finale. Les Catalans peuvent-ils voir plus haut ou est-ce irréaliste ? «On verra sur quoi on se projette mais quand j’entends parler de phase finale, c’est du cirque», balaie Franck Azéma. Même retenue du côté du centre ou ailier australien Afusipa Taumoepeau qui déclare à Actu Rugby : «Avec notre expérience, on voit que tout peut changer en l’espace d’un week-end. Ce championnat est toujours serré donc on ne regarde pas devant pour l’instant. On essaye de rester humbles et de toujours bien travailler durant la semaine.»

Quoi qu’il en soit, la ferveur du public catalan, bien conscient de l’enjeu du match de samedi, poussera fort face au LOU. Ce sera la sixième fois de la saison qu’Aimé-Giral sera à guichets fermés, une enceinte où le club quatre fois champion de France (1938, 1944, 1955 et 2009) est invaincu depuis huit rencontres. En attendant la vague rouge-et-jaune qui devrait défiler sur Montpellier.

Le MHR a fermé volontairement sa billetterie pour éviter que les supporters perpignanais ne se ruent sur les billets. Mohed Altrad s’est justifié, en riant jaune : «Le public de Perpignan ne doit pas nous envahir lors de la rencontre. Ça reste le stade de Montpellier, ça n’est pas Aimé-Giral…» Mais cela ne devrait pas empêcher une grosse transhumance des Catalans chez les voisins héraultais.