Avec Bernard Laporte et Patrice Collazo, en mission commando depuis fin novembre à la requête du président Mohed Altrad, Montpellier tentera, dimanche contre Toulon, de confirmer un timide redressement et sortir le club d’une des pires crises sportives de son histoire. Lanterne rouge du championnat depuis cinq journées et menacé d’une relégation qui serait une première depuis 2003, le MHR est plongé dans une rare tourmente 18 mois après son premier titre de champion de France.
Nommé le 19 novembre au lendemain d’une défaite à Perpignan, Bernard Laporte, ancien sélectionneur des Bleus et ex-président de la FFR, a bouleversé le staff technique en une journée, confiant les clés à l’expérimenté Patrice Collazo.
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Pour l’heure, le remaniement n’a pas révolutionné les résultats. Certes, Montpellier va un peu mieux, mais affiche toujours les stigmates d’un convalescent, encore marqué par le passage douloureux du manager anglais Richard Cockerill, écarté cinq mois après son arrivée. «Il y a quelque chose en plus que l’on n’avait pas auparavant. Le nouveau staff apporte de la bonne humeur. Casser les habitudes, apporter une nouvelle stratégie dans le jeu… le changement fait du bien», assure cependant le deuxième-ligne Marco Tauleigne.
Mais après avoir renoué avec la victoire en Challenge Cup puis en championnat devant Castres (30-21), le MHR a gâché à Lyon (20-18) l’occasion d’accélérer son redressement. Avec cinq points de retard sur le barragiste Perpignan et huit sur le premier non-relégable Lyon, le club languedocien reste donc face à une longue course d’obstacles pour sauver sa place dans l’élite. «La défaite à Lyon nous a fait mal. Il a fallu remobiliser tout le monde. Si on a une baisse de régime, on se fragilise, alors que l’on n’a pas droit à l’erreur», rappelle Collazo.
Laporte, de son côté, observe, fait part de ses avis au staff technique et rappelle son autorité par quelques interventions dans le vestiaire. «Il a de l’expérience, il sait exactement ce qu’on doit faire ou pas. Je suis toujours fan de ses discours, il est direct, franc», expliquait ainsi fin-novembre l’international Paul Willemse. Mais «Bernie le dingue» doit tempérer son tempérament de feu, tout comme Collazo, qui affiche jusque-là calme et sérénité. «Bernard, moi… Il y a des excessifs dans le truc. Il faut tout peser, surtout quelqu’un comme moi qui est dans l’excès. On est au gramme près. Ce n’est pas que du rugby, c’est de la psychologie à 70%», sourit-il.
Depuis sept semaines, l’ancien entraîneur de La Rochelle, Toulon et Brive cherche donc à soigner les têtes et restaurer la confiance perdue par un effectif en mal de résultats. Et mise aussi sur des choses simples : l’émulation d’un groupe élargi et un jeu qui correspond à l’ADN du MHR. Le nouveau manager s’astreint aussi à transmettre le mode d’emploi du maintien à ses joueurs, à réapprendre à l’ancien champion de France à galérer, peut-être même à payer les frais d’un certain laisser-aller post-titre.
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«Ce n’est pas du tout le même sport, ce n’est pas le même championnat, cela demande des ressources mentales. Des équipes sont formatées pour ça. Un maintien vaut parfois le prix d’un Brennus. Il faut créer une dynamique d’équipe en mode survie, il faut aller chercher au fond de soi, il faut donner l’énergie pour cette mission», explique-t-il. Aujourd’hui, plus que jamais, l’effectif du MHR doit donc être acteur de sa survie. «Si on laisse faire les choses, c’est compliqué. Par contre, si on le décide tous ensemble, cela peut être compliqué pour pas mal d’équipes de nous arrêter. Si on se câble tous, si on avance ensemble, il y a moyen de se sortir de cette merde», espère Marco Tauleigne.