Un feu d’artifice qui se termine mal. Au terme d’un des matches les plus spectaculaires de l’histoire de la Champions Cup avec douze essais inscrits, l’Union Bordeaux-Bègles – qui était privée samedi dernier de son ouvreur Matthieu Jalibert et de son ailier Damian Penaud – a été sortie dès les quarts de finale, à Chaban-Delmas, par les Harlequins (41-42).

Le demi de mêlée Maxime Lucu a eu la transformation de la gagne au bout du pied, mais il l’a manquée. Difficile de l’incriminer tant il avait livré auparavant un match plein. Les raisons de ce revers sont à trouver ailleurs : une entame de match ratée (deux essais encaissés en dix minutes) qui a obligé l’UBB à longtemps courir après le score et, plus problématique, des avants bordelais qui ont été largement dominés en conquête.

«On n’a pas fait un match dégueulasse mais on a fait un match qui est loin du meilleur niveau quand on veut entrer dans les quatre meilleures équipes européennes, constatait, lucide, le manager bordelais Yannick Bru. Cette compétition a cette capacité à t’envoyer d’énormes tartes dans la figure parce que tu as été trop moyen.» L’UBB sait ce qu’il lui reste à travailler pour la fin de saison.

Si la force de frappe de sa ligne d’attaque est impressionnante (Jalibert, Penaud, Depoortère, Bielle-Biarrey, Moefana, Buros), c’est devant que le club bordelais va devoir se faire la couenne pour pouvoir rivaliser avec des écuries de la trempe de Toulouse ou La Rochelle. «Il faut se retrousser les manches pour ce deuxième chantier qu’est le Top 14. On va voir si on est des grands garçons pour se remobiliser», prévient Yannick Bru.

Car son équipe est branchée, cette saison, sur courant alternatif. Entre la mi-novembre et la mi-janvier, l’équipe du président Laurent Marti a impressionné par son rugby offensif, enchaînant huit succès de rang, toutes compétitions confondues, avec des matches de poules aboutis en Champions Cup contre le Connacht, Bristol et les Saracens.

Mais la machine s’est ensuite enrayée en l’absence des internationaux retenus pour le Tournoi des six nations. Rançon de son succès et reconnaissance de ses talents, l’UBB est devenue le deuxième club fournisseur d’internationaux pour le XV de France. Depuis, Bordeaux-Bègles a été incapable d’enchaîner deux victoires de rang.

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C’est sur ce point que Yannick Bru avait essayé de titiller ses joueurs avant le quart de finale européen. «Si on est l’équipe de Bordeaux-Bègles que je connais depuis le début de l’année, on devrait faire un match de merde. Un coup en haut, un coup en bas, un bon match face à Toulouse, un match catastrophique à Lyon, un pic d’émotion (contre les Saracens), donc, normalement, on devrait faire quelque chose de dégueulasse samedi», avait-il lancé.

Ce dimanche, les Bordelais, toujours sixièmes en Top 14 mais sous la menace de Pau et Castres, doivent se relancer. Et c’est Clermont, qui sort d’une superbe performance face à l’Ulster en quarts de finale de la Challenge Cup, qui se déplace à Chaban-Delmas. Un coup en haut cette fois ? Yannick Bru y croit : «La claque qu’on prend nous renvoie au travail, en toute humilité. Mais ça n’efface pas tout ce qu’on a fait de bien dans cette compétition. Ça n’efface pas la confiance qu’on a les uns envers les autres.»