Qualifié pour les quarts de finale du WTT champions Incheons après sa victoire face à l’Allemand Dimitrij Ovtcharov (11-6, 11-7, 11-5), Félix Lebrun continue sa route vers le sommet du ping mondial. S’il est vite repéré pour sa jeunesse, il l’est également pour sa tenue de raquette. Prise chinoise pour certains, porte-plume pour d’autres, ou penhold grip chez les anglophones, cette technique consiste à saisir la raquette entre son pouce et l’index, pour laisser les trois autres doigts de l’autre côté.
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Quel avantage tire le français de cette prise en main particulière ? Principalement une plus grande maniabilité de sa raquette. Tel un stylo, le mouvement du poignet est fluide, plus rapide qu’une prise dite orthodoxe. Un gain de temps précieux dans une discipline particulièrement intense.
Le mouvement permet également une plus forte amplitude. Les joueurs « à la chinoise» possèdent une plus large palette de techniques avec des effets donnés à la balle extrêmement variés notamment au service, point fort du plus jeune des frères Lebrun.
De manière générale, la prise porte-plume est loin d’être majoritaire sur le circuit mondial et même en Chine. Lors de la finale des Championnats du monde opposant la France à la Chine (0-3), aucun des trois joueurs chinois (Wang Chuqin, Fan Zhendong, Ma Long) n’a utilisé cette saisie de raquette.
Un tournant majeur eut lieu en 2000. L’ITTF, la fédération internationale de tennis de table a décidé d’élargir la taille de ses balles, passant de 38 à 40mm de diamètre, dans l’objectif de rendre plus spectaculaire et attractive la discipline. L’agrandissement de la taille de balle a ralenti le jeu pour permettre à ses spectateurs de suivre plus facilement les rencontres. Les joueurs porte-plume, déjà minoritaires, perdaient alors le gain de rapidité et de leur technique au profit de joueurs puissants.
De plus, la prise du stylo reste à développer techniquement. Longtemps, ses pratiquants n’utilisaient presque qu’uniquement le coup droit, délaissant le revers. Certains joueurs comme le médaillé olympique Ma Lin, ont trouvé des solutions individuelles pour devenir performants. Felix Lebrun suit le même raisonnement. Encore aujourd’hui le tricolore5e mondialet son entraîneur Nathanaël Molin, s’inspirent de ce qu’ils peuvent observer dans le jeu d’autres joueurs. «On veut essayer de trouver de nouvelles choses» indique Félix à Olympics.com.
Fils de Stéphane Lebrun, ancien numéro 7 français et champion de France en double, Félix Lebrun a été biberonné au ping. C’est lors d’une séance d’entraînement avec le club de Montpellier qu’il observe un certain Chen Jian, joueur chinois qui s’entraînait dans la capitale héraultaise. « J’avais quatre ans, je le voyais jouer et ça me donnait envie de faire comme lui. Je me disais que si lui y arrive, il n’y a pas de raison que je ne puisse pas y arriver avec cette prise aussi. Il joue différemment, mais il est aussi fort que ceux qui jouent avec la prise orthodoxe donc j’ai voulu faire comme lui», a confié le plus jeune des frères Lebrun au site Olympics.com.
Le choix de copier son modèle se révélera judicieux. Aujourd’hui 5e mondial à seulement 17 ans, Félix Lebrun dispose encore de temps pour perfectionner sa palette technique et trouver les atouts qui lui permettront un jour de devenir le meilleur joueur du monde.