Rarement – jamais ? – le derby francilien n’a mis aux prises deux équipes si bien classées. Ce sera le cas ce samedi (15h) avec le Stade Français Paris, leader, qui reçoit à Jean-Bouin son rival du Racing 92, troisième derrière la Section paloise. Un choc au sommet – certes après seulement cinq journées – entre deux équipes en plein renouveau, qui n’ont pas raté la reprise du championnat après la longue pause de la Coupe du monde.
Paris, avec un seul revers (à Bayonne 16-3) en cinq journées, a frappé fort le week-end dernier en allant s’imposer, pour la première fois de son histoire, sur la pelouse du LOU (32-36). «Chaque victoire nous permet de bien travailler, dans la sérénité et avec un bon état d’esprit, salue le nouveau manager parisien, Laurent Labit. Encore plus quand c’est une victoire à l’extérieur, chez un adversaire redoutable pour nous. Le club n’avait jamais gagné à Lyon , qui nourrit de grandes ambitions dans ce championnat. C’est une victoire qui nous fait du bien et qui nous permet d’enchaîner après celle contre Castres à domicile.»
Ce derby aura forcément une saveur particulière pour le nouvel homme à la tête des Soldats Roses. Pendant six ans, il a en effet été dans le camp «ennemi». De l’autre côté du périphérique, à la tête, avec Laurent Travers, des Racingmen, qu’ils avaient conduits à leur unique titre de l’ère moderne, en soulevant le bouclier de Brennus à Barcelone en 2016. C’est désormais aux commandes du Stade Français qu’il va retrouver son ancienne écurie.
«Bien sûr» que ce match va être spécial, reconnaît-il. Même si, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, puisqu’il sort juste d’un mandat en charge de l’attaque du XV de France, sous les ordres de Fabien Galthié.
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«Ça fait déjà un petit bout de temps que je suis parti, beaucoup de choses se sont passées là-bas, beaucoup de changements aussi, avance le technicien de 55 ans. Ça me fera plaisir de recroiser beaucoup de joueurs qui sont encore au club. Côté staff, ça a beaucoup changé, même si on se connaît bien entendu. C’est toujours particulier, j’ai passé six ans là-bas. Mais, aujourd’hui, j’ai changé de club et ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il se passe avec le Stade Français Paris .»
Quid, alors, de ses relations avec son ancien alter ego Laurent Travers ? Leur séparation, sonnant la fin de leur duo à succès qui avait débuté à Montauban (passé de la Pro D2 à la Coupe d’Europe) puis s’était exporté à Castres (champion 2013), avait été plutôt glaciale. On les avait dits brouillés, irréconciliables… Il n’en est rien à écouter Laurent Labit : «On s’est vu il n’y a pas très longtemps. C’était à Castres, début octobre, pour fêter notamment le titre de 2013. Il est passé à autre chose lui aussi. Il a quitté le terrain, il est président du Racing aujourd’hui. On se voit toujours avec beaucoup de plaisir.»
Et d’insister : «On a passé 15 ans ensemble et on a eu la chance de gagner la plupart du temps. Ce ne sont que des bons souvenirs, ce sera encore le cas samedi. Même s’il n’y en a qu’un des deux qui gagnera.» À peine le temps d’arriver à la porte d’Auteuil que se profile déjà ce derby cher au cœur des supporters. «On sait tous l’importance de ce match. Pour nos supporters en priorité, pour le club. Les derbies sont toujours des matches particuliers, reconnaît-il. Mais la pression aurait été là pour un autre adversaire aussi parce que ce championnat ne permet pas de relâchement.»
Laurent Labit veut néanmoins dédramatiser l’événement : «Il se trouve que c’est le Racing que l’on reçoit mais, si cela avait été une autre équipe, l’objectif est de confirmer notre bonne dynamique, notre bon début de saison. Cette victoire à Lyon sera confirmée si on a un bon résultat samedi.» Histoire de continuer sur des bases élevées pour regarder vers le haut du classement.
«C’est vrai qu’on avait travaillé en début de saison en espérant bien démarrer, souligne le manager parisien. On espérait deux victoires sur trois, ils sont allés chercher trois victoires. Les joueurs ont vite répondu présent et sont repartis sur la dynamique de la saison dernière, avec aussi l’arrivée de joueurs qui ont amené quelque chose. Nous retrouver en haut du classement, ça fait plaisir, mais il y a beaucoup de travail fourni.» A confirmer par un succès de prestige. Avec une sacrée revanche à prendre pour les Parisiens : les Ciel et Blanc se sont en effet imposés lors de leurs sept dernières venues à Jean-Bouin depuis 2018…