A bord de bateau «Express»

Le vent a mis du temps à s’établir en cette journée dominicale ensoleillée dans la baie de Kinsale. Décalant de 40 minutes le départ de la 2e étape de la Solitaire du Figaro Paprec. Pour mise en bouche, dans une petite brise de 4 à 5 nœuds, un parcours côtier de 6 milles était proposé. Après un départ à l’anglaise, à la bouée de dégagement, Gaston Morvan (Région Bretagne-CMB Performance) menait devant Élodie Bonafous (Quéguiner-La Vie en Rose), Romen Richard (Passion Santé) et Maël Garnier (J’M Garnier).

La suite allait être compliquée. Avec la présence d’une dorsale anticyclonique, un vent aléatoire était annoncé. Et ce, une bonne partie des longues heures suivantes. Avant le coup de canon, les concurrents avaient même été avertis qu’au passage de la marque South Arklow, le canal Saint-Georges franchi, le parcours sera définitivement établi et annoncé par VHF. Ils devront accuser réception. A ce moment-là, ils sauront s’ils doivent progresser dans le Nord de la mer d’Irlande ou non.

Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan), le leader du classement général provisoire, n’était pas trop fébrile en quittant sa verte patrie et la Castlepark Marina : « J’ai passé toute ma vie à me faire chambrer parce qu’il pleut tout le temps en Irlande. Là, on va passer deux jours à 20 degrés et grand soleil. Ils vont tous être cramés, c’est parfait. Je ne pense pas qu’on va faire le grand parcours. Il ne faut pas qu’on arrive tard à Roscoff. Cette nuit, il peut se passer des trucs car certains fichiers nous envoient à la côte et d’autres au large. Cela ne m’étonnerait pas que tout le monde se suive car il y a moyen de prendre très cher si les options sont divergentes. Ensuite, en mer d’Irlande le schéma est clair. Navigation au près contre le courant. Après, pour la descente, cela reste de la poésie. On ne va pas beaucoup dormir. »

La patience sera donc de mise, et pour le benjamin de la course et ses 21 printemps, Basile Bourgnon (Edenred), cela ne posera pas de problème : « Habituellement je ne suis pas patient, mais sur l’eau, c’est différent. On sait que c’est pareil pour tout le monde. Et il le faut pour faire ce métier. Heureusement cela tombe en début d’épreuve et la flotte sera encore bien groupée. Après, il y aura plein de petits passages anticycloniques, thermiques, de courants, car nous avons de forts coefficients où les options peuvent se décider. Il va falloir lever les yeux de temps en temps pour regarder ce qu’il se passe au-dessus de nos têtes. Je vais faire en sorte de ne pas laisser la chance aux autres de me doubler. »

La route va donc être longue et la vigilance sera de rigueur en direction de la Bretagne. Verdict jeudi sans doute.