Tous les Bleus se sont employés à le jurer. Après le couac face à l’Italie, ils vont «se remettre en question» pour tenter de mieux finir ce Tournoi des six nations qu’il n’a commencé. Une opération rachat qui débutera le dimanche 10 mars à Cardiff (coup d’envoi 16 h) avant de se poursuivre le 16 mars (21h) à Lyon pour la réception de l’Angleterre en clôture de cette édition. Est-ce réaliste ? On aura le temps d’y revenir. En attendant, penchons-nous sur la composition d’équipe possible pour le prochain déplacement au pays de Galles.
Le capitaine sera de retour à la tête de ses troupes à Cardiff. Victime d’une plaie profonde à la cuisse contre l’Écosse, il fallait laisser à Grégory Alldritt le temps de la cicatrisation. Le Rochelais retrouvera donc sa place au centre de la troisième ligne, encadré par Charles Ollivon et François Cros, qui avait assuré l’intérim en numéro 8 contre l’Italie. Paul Boudehent, l’un des rares Bleus à son avantage dimanche à Lille, retournera, lui, sur le banc des remplaçants.
Autres retours envisageables, celui de Thibaud Flament et Paul Willemse en deuxième ligne. Le Toulousain est attendu comme le Messie entre son importance dans le jeu tricolore et les prestations décevantes de Cameron Woki. Problème cependant, Flament n’a plus joué depuis le 9 décembre et une blessure au pied récoltée contre Cardiff en Champions Cup. Il a repris l’entraînement collectif depuis peu et peut espérer effectuer son grand retour samedi prochain contre Castres lors de la 17e journée du Top 14. Mais après plus de deux mois loin des terrains, ne manquera-t-il pas de rythme pour réintégrer sans délai le XV de départ tricolore ?
Paul Willemse, lui, a purgé ses trois semaines de suspension consécutives à sa double sanction (carton jaune, puis carton rouge) contre l’Irlande en ouverture du Tournoi. Le deuxième-ligne devrait rejouer avec Montpellier. Reste à savoir si son indiscipline qui a coûté très cher aux Bleus a été pardonnée par Fabien Galthié et son staff. On pencherait pour un passage au frigo prolongé…
Il y a enfin le cas Melvyn Jaminet, aperçu dans le groupe avant l’Irlande, porté disparu depuis. L’arrière pourrait être rappelé. Voire, même, propulsé titulaire. Le néo-Toulonnais a pour lui son long jeu au pied, idéal pour l’occupation face aux Gallois. Le faire débuter en numéro 15 permettrait surtout, en l’absence de Matthieu Jalibert, de pouvoir replacer Thomas Ramos à l’ouverture.
L’ouvreur bordelais, touché au genou à la 35e minute contre l’Italie, a dit adieu au Tournoi. Le pire est même à craindre, c’est-à-dire une fin de saison, ce qui constituerait un gros coup dur pour le joueur et son club, l’UBB, dont il est le maître à jouer. Juste après sa blessure, Matthieu Jalibert est parti passer des examens médicaux. Et il a rejoint ses coéquipiers la mine sombre, le genou gauche dans une attelle et béquilles aux mains. Fabien Galthié a révélé qu’il était «touché au ligament latéral interne du genou». Le verdict est tombé ce lundi. Le numéro 10 de l’UBB sera éloigné des terrains pour six à huit semaines.
Alors qui pour débuter en 10 face au XV du Poireau ? La solution évidente semble d’y titulariser Thomas Ramos, l’arrière polyvalent. L’autre option mène vers Antoine Gibert, dans le groupe depuis le début de la compétition. Mais, aussi talentueux soit-il, ce ne serait pas un cadeau d’offrir au jeune Racingman une première sélection dans une rencontre sous si haute pression. Il va également falloir remplacer numériquement Jalibert dans le groupe des 34. Malgré le début de saison plus que mitigé du Stade Rochelais, c’est probablement un Maritime – Antoine Hastoy, recalé depuis la Coupe du monde, ou le champion du monde U20 Hugo Reus – qui sera convoqué à Marcoussis.
L’autre forfait acquis, cette fois pour suspension, est celui de Jonathan Danty. Un carton rouge évidemment lié à sa fébrilité et sa frustration, lui qui peine à retrouver son niveau de l’année passée, ce qui le place en première ligne des critiques. La solution logique serait de titulariser sa doublure attitrée, le centre de l’UBB Yoram Moefana. Beaucoup d’observateurs et de supporters réclament cependant du sang neuf, la promotion du Bordelais Nicolas Depoortère ou du Palois Émilien Gailleton. Mais les deux jeunes hommes sont systématiquement libérés en milieu de semaine depuis le début de ce Tournoi, signe que leur heure n’est pas encore venue dans l’esprit du sélectionneur et de son staff. L’un des deux sera cependant promu en prenant place sur le banc au Millennium de Cardiff. À moins que Gaël Fickou ne soit repositionné en premier centre (n°12) pour être associé à l’un de ces deux nouveaux talents avec le numéro 13 ?
Peato Mauvaka avait inversé la hiérarchie en commençant les trois rencontres au détriment de son coéquipier toulousain Julien Marchand. Mais, après une Coupe du monde tonitruante, il marque le pas. Il est fort probable que le staff relance le second nommé d’entrée de match. Preuve de la haute estime dont il bénéficie, entré en cours de jeu face à l’Italie, il a récupéré les galons de capitaine après la sortie de Charles Ollivon.
Maxime Lucu peut-il sauver sa place (et sa tête) ? Le devoir de mémoire risque d’avoir touché ses limites vu les trois prestations ratées du demi de mêlée de l’UBB. Accablé par la pression de récupérer les commandes du jeu en l’absence d’Antoine Dupont, dont l’ombre envahissante ne cesse de planer au-dessus de ce XV de France en pleine déliquescence, le Basque a épuisé tout son crédit. À l’inverse du jeune numéro 9 du Racing 92, Nolann Le Garrec, sorti du banc de plus en plus rapidement à chacune des trois rencontres. Ce dernier pourrait donc honorer sa première titularisation à Cardiff, d’autant plus que le forfait de Jalibert ne justifie plus le maintien de Lucu au nom des automatismes polis à l’UBB. De là à imaginer qu’après une charnière 100% bordelaise, le staff pourrait être tenté de privilégier la connivence Racing 92 de la paire Le Garrec-Gibert, il y a une audace tentante. Pas certain cependant que Fabien Galthié, conservateur dans ses choix de joueurs, ne l’affiche…
Idem au centre. Danty out, pourquoi ne pas en profiter pour se passer également de Gaël Fickou, sur la jante depuis des mois (il a, enfin, paru en léger regain de forme contre l’Écosse et l’Italie) en lançant la paire bordelaise Moefana-Depoortère par exemple ? Ou, plus audacieux encore, aligner les deux ambitieux gamins, Émilien Gailleton et Nicolas Depoortère qui piaffent d’impatience de se voir accorder une chance. Dans des temps pas si reculés, Fabien Galthié n’avait pas hésité à lancer un autre U20 à ce poste, Arthur Vincent, avec réussite. Mais les retrouver associés face aux Gallois constitue, il est vrai, la (très) grosse cote au jeu des pronostics sur la composition d’équipe alignée dans deux semaines.
Là aussi, il va falloir remplacer numériquement Danty dans le groupe des 34. Pour un retour en grâce de Pierre-Louis Barassi ? Le centre du Stade toulousain a honoré sa 3e et dernière sélection en juillet 2021, lors de la tournée de Bleus en Australie. Ses récentes prestations sous le maillot du Stade plaident en sa faveur. Son coéquipier néo-zélandais Pita Ahki fait en tout cas du lobbying. «Mon pote Barassi devrait être dans cette équipe de France», a posté le Toulousain sur X. Sera-t-il entendu ?