Deux Tournois des six nations se terminent, un autre commence. Après les Bleus de Fabien Galthié et les moins de 20 ans, c’est au tour de l’équipe de France féminine d’entrer en lice ce samedi 23 mars au Mans (Sarthe) face à l’Irlande. Les joueuses du duo Gaëlle Mignot-David Ortiz font toujours figure de co-favorites, juste derrière l’Angleterre. Les Anglaises – vice-championnes du monde en titre et battues en finale par la Nouvelle-Zélande – restent l’équipe à battre.
Depuis l’apparition du Tournoi des six nations féminin, en 2007, le XV de la Rose a remporté 12 fois la compétition pour 11 Grand Chelems glanés. Impressionnant. À chaque édition, un seul match, ou presque, est attendu : le France-Angleterre de la dernière journée. Pour autant, le staff des Bleues, composé de l’ancienne internationale Gaëlle Mignot et de David Ortiz, ne veut pas trop penser à cette dernière rencontre. «Aujourd’hui, les filles, le staff et tout le monde, sommes focalisés sur le fait de bien entrer dans notre compétition. C’est essentiel pour nous. Il ne faut pas oublier que toutes les nations se préparent fort et je crois que la composition de l’Irlande en est la preuve avec notamment deux joueuses emblématiques venues du rugby à 7 et qui intégreront le XV.»
Et d’ajouter : «Il faut se méfier de tout le monde. Mais il ne faut pas non plus se cacher sur le fait que l’Angleterre reste la favorite et que c’est un match ultra-important pour nous car, dans notre développement, dans notre construction, on veut se frotter à ce qui se fait de mieux et c’est le cas des Anglaises. Mais avant ce match, il faudra passer des étapes parce que ce match n’aura de la valeur que si on a bien respecté le contenu et les matches d’avant».
Et ce n’est pas manquer de respect que de ne parler que de ces deux équipes. Les Françaises, lors de la dernière édition, ont certes connu une entame compliquée face à l’Italie (12-22) mais ont ensuite collé 53 points à l’Irlande, 55 à l’Écosse et 39 au pays de Galles. Dans le même temps, les Anglaises avaient étrillé l’Écosse (58-7), l’Italie (68-5) puis l’Irlande (48-0) avant de remporter la «finale» contre les Bleues au terme d’un match spectaculaire (38-33). Le niveau, critiqué par certains, reflète aussi le manque de moyens de certaines fédérations avec, le plus souvent, des joueuses sans contrats fédéraux et donc amatrices. Mais l’équipe de France se montre ambitieuse. Déterminée. Et prête à en découdre.
Malgré un vent de fraîcheur apporté depuis la dernière Coupe du monde, l’équipe française peut compter sur quelques-unes de ses cadres, inamovibles. La trois-quarts centre Gabrielle Vernier, d’abord, élue meilleure joueuse du Tournoi la saison passée et nommée dans le XV des meilleures joueuses du monde. La jeune deuxième-ligne Manae Feleu, propulsée capitaine. L’excellente Pauline Bourdon Sansus, très sûre dans son jeu à la main et au pied, guidera les siennes à la mêlée. Les sœurs Ménager, Romane et Marine, seront là, au même titre qu’Emilie Boulard à l’arrière ou Gaëlle Hermet en troisième ligne.
Derrière ces joueuses expérimentées, les sélectionneurs français n’hésiteront pas à lancer les jeunes. Preuve en est, la jeune Kelly Arbey (18 ans) sera titulaire à une aile contre l’Irlande. À 22 ans, Lina Queyroi aura les clés du camion à l’ouverture. Placées sur le banc, les jeunes Mwayembe, Riffonneau ou encore Zago pointeront le bout de leur nez. Des choix assumés. «C’est notre volonté, avec David et depuis qu’on est en place, de créer un gros groupe avec une vision sur le long terme et un objectif qui est 2025. On a la volonté d’intégrer des jeunes. On voit que le niveau augmente et que les jeunes sont prêtes». Prêtes, il va falloir l’être. Après six ans sans titre dans le Tournoi, l’équipe de France veut monter en puissance au fil des matches. Avant de se tourner définitivement vers l’ogre anglais lors de la dernière journée à Bordeaux.