Shirine, dans quel état d’esprit abordez-vous ce Championnat d’Europe ?Shirine Boukli : Déjà, je suis très fière d’y participer, d’autant plus à Montpellier, en France. C’est un peu chez moi… Du coup, j’ai hâte.
Vous souvenez-vous où vous étiez en 2014, lors du précédent Championnat d’Europe organisé à Montpellier ?Alors j’étais estafette (rires). Je portais les caisses des champions et des championnes qui y participaient. Je me souviens d’Automne Pavia, de Teddy Riner, de Clarisse (Agbégnénou), de Pénélope Bonna, tout ce monde-là… J’y avais passé plusieurs jours en tant que bénévole et c’était vraiment chouette. Je me disais que peut-être un jour, je serai à leur place, sans pour autant me dire que ce serait au même endroit, pour la même compétition. Tu te le dis sans vraiment te le dire d’une certaine façon. J’avais 15 ans, j’étais encore jeune et avec encore tout à faire. J’ai adoré cette expérience.
Pour vous, est-ce une pression supplémentaire d’évoluer à domicile ?Non, ce n’est que du bonheur. Je ne ressens pas de pression particulière, si ce n’est celle, positive, de viser un troisième titre européen, à la maison celui-ci. Ce serait trop beau. Je sais qu’il y aura toute ma famille dans les tribunes qui sera là pour me donner de la force, et il y a ce petit truc, quand on évolue en France, d’avoir cette petite force supplémentaire. J’ai hâte de le vivre.
Considérez-vous ce Championnat d’Europe comme une répétition des futurs Jeux à Paris, même si le lieu est différent ? Bien sûr. C’est ce que j’affirme depuis le début, que je veux vivre ce Championnat d’Europe pour vivre en miniature ce qui nous attend aux Jeux olympiques. C’est un petit test de vécu avant les Jeux, qui sera intéressant. Et potentiellement, cela peut permettre d’envoyer un message à mes adversaires en leur montrant qu’à domicile, je serai difficile à battre.
Qu’est-ce que votre titre de vice-championne du monde au printemps dernier a changé pour vous ?Je dirais que cela n’a pas changé grand-chose, si ce n’est d’avoir un peu plus confiance en moi. J’ai plus d’expérience aussi. Cette médaille a récompensé tout le travail que j’ai abattu, et elle m’a confirmé que les choix que j’avais effectués étaient les bons. Cette compétition à Doha m’a permis de continuer à mieux me connaître. L’apprentissage continue, c’était une belle médaille et c’est à moi de poursuivre jusqu’à Paris. Je suis sur la bonne voie pour les Jeux.
La concurrence en interne avec Blandine Pont pour obtenir le seul billet pour Paris 2024 dans votre catégorie des moins de 48kg constitue-t-elle une pression ?Non, je n’y pense pas spécialement. Aujourd’hui, nous faisons chacune notre petit chemin de notre côté. J’ai mes objectifs, et ce n’en est pas un que de penser à ma concurrente. Et puis je considère que cette concurrence me pousse davantage vers le haut qu’autre chose. C’est un mal pour un bien. Mais vraiment, je n’ai pas le temps d’y penser. Il se passe tellement de choses toutes les semaines…
Comment faites-vous pour que cette concurrence ne vous pollue pas l’esprit ?Je suis habituée. En équipe de France, on sait qu’il y a beaucoup de filles qui sont performantes.
Aux yeux de Christophe Massina (le responsable de l’équipe de France féminine), il y a eu pour vous un avant et un après Championnat du monde de Tachkent en 2022. Il affirme que votre défaite au 3e tour vous a forcé à prendre votre destin en mains…Oui, c’est vrai. Concrètement, après cet échec, j’ai pris la décision de quitter l’Insep en préparation physique. Pour les entraînements, il n’y a aucun souci, je suis là. Mais pour ma prépa physique, j’ai voulu être encore plus dans un travail individualisé, donc je suis parti avec mon club. Et pour la technique, je suis restée avec Séverine (Vandenhende). J’ai voulu changer plein de choses sur ma manière de m’entraîner car je sentais qu’il y avait certains aspects qui ne me correspondaient pas. À certains niveaux, j’avais besoin d’un travail plus spécifique et de m’aérer l’esprit, de sortir du cadre de l’Insep. Je suis sûre que si je veux voir encore plus haut, j’ai besoin de cela. Et puis j’ai fait ce choix avant le Masters à Jérusalem, que j’ai remporté derrière, donc il n’y avait pas de raison de revenir dessus.
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