Vous venez de remporter le titre de meilleur joueur de Top 14 pour la deuxième fois. Est-ce que c’est quelque chose qui compte pour vous ?Antoine Dupont : Je ne sais pas si ça compte, en tout cas cela valide le travail et le fait d’arriver à enchaîner les bonnes saisons. On sait que c’est ce qui est le plus dur à haut niveau. Et surtout de pouvoir les enchaîner collectivement avec le Stade, on a la chance d’avoir beaucoup gagné ces dernières saisons. Cela se concrétise par ce trophée-là.
Être reconnu par ses pairs, cela a plus de valeur ?Le fait que ce soit les autres joueurs qui m’élisent, ça représente beaucoup. Cela fait plaisir de se sentir reconnu par les gens contre qui on joue tous les week-ends.
Avez-vous encore faim avec le Stade Toulousain ?Paradoxalement, l’année où l’on n’a pas gagné de titre (en 2022), c’est peut-être celle-là qui nous a donné le plus faim. Ce goût-là, de perdre deux fois en demi-finale, finir la saison avec rien, quand on voit le potentiel de cette équipe, cela a été dur à vivre.
Ce titre vient couronner la saison dernière. C’est déjà loin…Oui, il s’est passé beaucoup de choses depuis… Mais malgré cela, on a vite rebasculer sur le quotidien du championnat. On est passé à une nouvelle saison.
Plus globalement, comment allez-vous ?Ça va, c’est vrai qu’il y a toujours des regrets qui reviennent quand on reparle de cette Coupe du monde. Ils mettront du temps à partir, s’ils partent. Mais on a pris le temps de se régénérer, de se changer la tête. Retrouver le quotidien du club, les potes, notre vie personnelle… Cela a permis de se changer les idées, de se donner de nouveaux objectifs, de passer à autre chose et d’évacuer ça en étant capable de rejouer sur le terrain.
Dans vos nouveaux objectifs, il y a cette année les Jeux olympiques…Cela fait plusieurs mois maintenant qu’on est en train d’essayer de se caler avec « France 7 », avec le club, avec la Fédération. Pour me donner les moyens d’essayer de participer à ces Jeux olympiques. Aujourd’hui, je fais partie d’un groupe élargi. Je vais passer du temps avec eux, essayer de m’acclimater au mieux à ce sport, en espérant être performant et pouvoir postuler pour ces JO.
Est-ce difficile de basculer de l’un à l’autre ? Je vous répondrai dans quelques mois… (Rires) Je ne sais pas. Mais quand on voit les efforts que cela demande, c’est sûr qu’il y aura un temps d’adaptation nécessaire.
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Pourquoi les Jeux vous font-ils rêver ? Il y a tellement de raisons… Pour tout fan de sport, les Jeux olympiques restent mythiques. C’est vrai que ça l’est un peu moins pour les fans de rugby, où l’on a moins cette appétence-là puisque ce sport est olympique depuis peu. Mais malgré cela, le fait de recevoir les JO en France, ça va être une fête incroyable de pouvoir en faire partie. Surtout de pouvoir prétendre à une médaille olympique. C’est un challenge hyper motivant.
Vous allez faire des allers-retours entre XV et 7 ?Oui, je vais revenir faire les phases finales avec le Stade Toulousain. Et j’espère pouvoir encore soulever ce Bouclier. (…) Il y a des plages de mise à disposition qui sont prévues, je peux passer du temps avec le 7 mais garder mes échéances et mes objectifs avec le Stade Toulousain. Début janvier, il y aura une rencontre informelle avec le groupe à 7 pour que je puisse prendre contact avec l’équipe.
En quoi avez-vous changé ces derniers mois ?On a tous pris en maturité et en expérience avec cette Coupe du monde. Même si cela n’a pas été l’issue que l’on attendait. Après, je ne pense pas avoir changé fondamentalement. Sur les dernières saisons, peut-être. Mon jeu a évolué, ma personnalité aussi. Les premières fois où je suis venu à la Nuit du Rugby, je n’avais pas de barbe et de matches dans les pattes… (Sourire)
Comment avez-vous vécu les semaines qui ont suivi l’élimination ?J’ai senti le besoin de partir un peu, je suis parti en vacances assez loin. J’ai essayé de déconnecter, je n’avais pas envie de regarder la fin de la compétition, de voir une autre équipe soulever le trophée. Le sport est fait de ces moments-là, il faut arriver à en sortir grandi. C’est la seule solution pour avancer.