Sa voix porte encore. Deux mois après avoir démissionné, l’ex-président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte, s’est lâché dans un entretien accordé à Eurosport et paru ce dimanche. L’ancien sélectionneur du XV de France (2000-2007) s’était fait discret dans les médias depuis cette date du 27 janvier. Un mois plus tôt, il avait été condamné à deux ans de prison avec sursis pour avoir noué un «pacte de corruption» avec l’homme d’affaires et président du club de Montpellier Mohed Altrad.
Depuis, Laporte confie avoir repris «les interventions dans des séminaires» et avoir «tous les jours des gens du rugby au téléphone». Mais il refuse d’accaparer l’actualité. «Quand je vois ce qu’il se passe aujourd’hui dans ce pays, toutes ces difficultés dans notre société, je n’ai pas envie de mettre du fiel sur du fiel, développe Laporte. Je veux qu’on positive et qu’on accompagne cette équipe de France, qui peut nous apporter du bonheur et de l’émotion.» Les Bleus sont parmi les favoris à la prochaine Coupe du monde qui aura lieu en France, du 8 septembre au 28 octobre prochain.
Dans la foulée de sa condamnation à la mi-décembre, Laporte avait accepté de se mettre en retrait de la présidence, à la demande du Bureau Fédéral, et avait désigné Patrick Buisson comme président-délégué. Consultés par la FFR via un référendum fin janvier, les clubs amateurs n’ont pas approuvé cette désignation à 51,06%. «Quand je vois que Patrick n’a pas été élu à 80 voix près, je me dis qu’on avait quand même le soutien des clubs amateurs, juge Laporte. Ce que j’ai pris personnellement, en revanche, c’est cet acharnement et ces mensonges permanents.»
Laporte fait référence, entre autres, à sa garde à vue demandée par le Parquet national financier dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale aggravé, survenue pendant la consultation des clubs amateurs. L’ancien secrétaire d’État, qui dit ne pas lire la presse, en profite pour défendre son bilan : «Aujourd’hui toutes les équipes de France tournent, on a 136 millions (d’euros) de budget et on va passer à 140 millions. Je pouvais faire quoi de plus ? Rien !»
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Enfin, Laporte ne mâche pas ses mots à l’égard de Florian Grill, Fabien Pelous et Abdelatif Benazzi. Pelous et Benazzi étaient membres de la liste d’opposition menée par Grill, lorsque Laporte était dans la tourmente et refusait de démissionner au mois de janvier.
«Ceux qui passent leur temps à critiquer, c’est qu’ils n’ont rien d’autre à faire ou qu’ils ne sont pas bons, vitupère Laporte. L’opposition s’en est donné à cœur joie mais qu’ont fait ces gens pour le rugby ?» Laporte critique directement Grill qui «ne maîtrise pas ce qu’est le haut niveau» et Benazzi qui «n’a même pas fait un an dans un staff à Montpellier» et qui «est détesté de tout le monde».
«Je ne peux même pas leur en vouloir tellement ils me font rire, poursuit Laporte. Si ces gens étaient bons, ils seraient à la place des Mola, Urios et compagnie. Non, ils sont juste là pour essayer d’exister dans une fédération parce qu’ils sont nuls ! Et il est clair que ceux qui parlent le plus aujourd’hui sont les plus nuls.» Le 1er février, Alexandre Martinez, trésorier de la FFR, a été désigné président par intérim, puis confirmé par le comité directeur le 3 février. Une nouvelle élection est prévue à la mi-juin.
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