Son successeur désigné. La carrière internationale de Jo Maso a débuté quand celle d’André Boniface, qui avait dix ans de plus que lui, s’est arrêtée. En mars 1966, le XV de France – qui enchaîne alors les succès (11 pour 3 nuls et deux défaites) entre mars 1964 et mars 1966 – s’incline dans le Tournoi contre le pays de Galles (9-8). Une défaite qui sera fatale à une génération dorée : l’entraîneur Jean Prat est démis de ses fonctions et quatre joueurs emblématiques ne seront plus convoqués Jean Gachassin, Michel Crauste et les frères André et Guy Boniface. Une grande lessive qui «profite» au jeune Jo Maso, appelé au centre de l’attaque tricolore à 22 ans à peine.

«Je l’ai remplacé en équipe de France, raconte au Figaro Jo Maso, contacté ce lundi. L’équipe de France avait joué au pays de Galles et ils auraient dû gagner et ils (les dirigeants) lui ont tout mis sur le dos. En équipe de France, on a remplacé André et Guy (décédé dans un accident de la route en 1968), avec Léo Lagrange en 1966. Ils l’ont viré sinon je n’aurais jamais joué.» Loin de créer des tensions, ce passage de témoin a rapproché les deux hommes. «Il a ensuite été d’une grande gentillesse avec moi. On s’appelait souvent, on commentait les matches, poursuit l’ancien centre tricolore. C’était mon grand frère, je l’appelais toujours avant les matches internationaux.»

Et l’ancien manager du XV de France entre 1995 à 2011 d’ajouter : «C’était un exemple. Toute ma carrière, il a été de bons conseils. Il était d’une efficacité rare, il était magnifique à voir jouer. Je l’ai connu quand j’avais 17 ans et demi à Toulon, il était venu voir le jubilé du pilier du RCT, Michel Rocchia. Il avait été fantastique, il m’avait parlé des tournées du XV de France en Nouvelle-Zélande. Je buvais ses paroles. C’était un exemple merveilleux.»

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Jo Maso évoque également l’héritage d’André Boniface, l’un des pères fondateurs du fameux «French Flair» qui perdure encore. «Il était reconnu dans le monde entier, rappelle-t-il. La première fois que je suis allé en Nouvelle-Zélande, les gens ne me parlaient que d’André Boniface. Je continuais à l’avoir régulièrement au téléphone. On était très amis. J’avais une admiration profonde pour lui. Je suis tellement triste.»

Jo Maso rappelle également l’influence qu’a eue son ami «Dédé» sur le jeu : «Il a bouleversé le jeu de trois-quarts. Il disait toujours que c’était Jean Dauger (3 sélections entre 1945 et 1953) qui lui avait appris le cadrage débordement. Mais c’est lui qui l’a popularisé. Il a aussi été précurseur pour les passes croisées, les passes sautées. C’était magnifique.» Les générations d’internationaux qui ont suivi, bercées par ses fulgurances, ont toujours salué les progrès accomplis dans le jeu grâce à André Boniface. «C’est Jean-Louis Bérot (21 sélections entre 1968 et 1974) qui m’a annoncé la triste nouvelle. J’ai ensuite appelé Didier Codorniou (31 sél. entre 1979 et 1985) et François Sangalli (21 sél. entre 1975 et 1977), on est tous très tristes, confie Jo Maso. Il a été un exemple pour nous tous, c’était lui qui portait le drapeau de l’attaque. On essayait tous de le copier…»