L’ancien centre André Boniface, décédé lundi à l’âge de 89 ans, était «le porte-drapeau du rugby d’attaque», a salué auprès de l’AFP son ancien coéquipier en équipe de France Jean Gachassin, «très touché» par la disparation de celui qu’il considérait «comme un frère». «C’était un grand monsieur et un grand joueur. On était très proches», a réagi Gachassin. «J’étais un peu celui qui remplaçait son frère», Guy Boniface, mort prématurément dans un accident de la route le 1er janvier 1968.

Les deux «Boni», avec leur soif de mouvement, ont été l’incarnation du «French flair», expression venue d’Angleterre pour saluer la créativité du «jeu à la française». Quatre fois vainqueur du Tournoi des cinq nations (1954, 1955, 1959 et 1962) avec les Bleus, André «représentait un certain rugby», selon Gachassin, ancien ouvreur. «Le rugby champagne, comme on l’aime, et qui se perd aujourd’hui».

«C’était un pionnier du beau jeu. Un jeu de passes, d’évitement et de décalages», ajoute l’ancien joueur de Lourdes, devenu plus tard président de la Fédération française de tennis. L’aîné des Boniface, sacré champion de France en 1963 avec Mont-de-Marsan, était également connu pour son franc-parler, qui lui aura valu une histoire contrariée avec l’équipe de France.

«Il disait un peu trop ce qu’il pensait de certains dirigeants. C’était dans sa nature», raconte Gachassin. «Il ne les appréciait pas et c’était réciproque». Après plusieurs périodes agitées, les frères Boniface ont été écartés définitivement de la sélection en mars 1966 à la suite d’une défaite contre le pays de Galles (9-8) qui aura également mis fin à la carrière internationale de Gachassin.

«Ils (les dirigeants de la Fédération) l’ont mis au placard et j’étais solidaire», témoigne ce dernier, dont une passe en cloche pour son ami André avait été interceptée par un Gallois lors de ce match. «Je l’engueulais aussi parfois», poursuit-il. «Je lui disais de respecter la fonction à défaut de respecter l’homme, mais c’était plus fort que lui».