Romain, dans quel état d’esprit abordez-vous ce Championnat d’Europe à Montpellier ?Romain Valadier Picard : Physiquement, je suis bien. Je n’ai aucun pépin, je suis bien reposé. Mentalement, je me sens prêt. Je me suis bien entraîné cet été. Maintenant, il va falloir répondre présent le jour J et donner le maximum de ce que je peux donner.

Avez-vous le sentiment que ce Championnat d’Europe marque déjà, d’une certaine façon, le début des Jeux olympiques ?Non, le Championnat d’Europe, ce n’est pas les Jeux. Disons que ce sera juste un avant-goût parce que déjà, ce sera en France, donc niveau ambiance, cela devrait se ressembler. Du moins je l’espère… C’est également une étape plus qu’importante dans la course à une qualification olympique (il n’y a qu’un seul Français qualifié par catégorie de poids). Sur ces Championnats d’Europe, c’est Luka (Mkheidze) et moi qui sommes sélectionnés pour représenter la France. Mais évidemment, il y en a d’autres derrière nous qui restent totalement dans la course. Donc pour moi, ce Championnat d’Europe est l’occasion de marquer les esprits.

A priori, Luka Mkheidze est devant vous aujourd’hui dans l’esprit des sélectionneurs. Pensez-vous être capable d’inverser la tendance d’ici l’annonce de la sélection définitive, dans le courant du mois d’avril ?Oui, c’est certain qu’aujourd’hui, Luka est devant de par sa médaille de bronze lors des derniers Jeux à Tokyo en 2021. Après, dans le judo, tout change très vite. Luka en est un très bon exemple puisque six mois avant les derniers Jeux, il n’était pas qualifié. On sait que l’objectif des sélectionneurs est simple : aligner le meilleur judoka du moment. Pendant longtemps, pour moi, les Jeux n’ont été qu’un rêve lointain. Aujourd’hui, je me dis pourquoi pas moi ? En tout cas, je m’entraîne fort pour cela. Et puis si 2024 arrive trop tôt pour moi, alors ce travail pourra me servir pour les prochains Championnats du monde ou pour les Jeux de 2028.

Sur le plan humain, comment gérez-vous cette concurrence avec les autres ?Pour le coup, je trouve que dans notre catégorie, la concurrence est plutôt saine. En moins de 60kg, on dispose vraiment d’une belle densité, notamment en raison de cette concurrence qui nous pousse tous à progresser et à avancer. Évidemment, c’est chiant car nous voulons tous faire les Jeux et il n’y aura qu’un élu. Mais que ce soit Luka, Cédric Revol, Romaric Bouda, Théo Raoul Hebrard ou moi, il y a une vraie exigence de performance qui nous aide sur le plan sportif. Et au niveau humain, hors du tapis, nous ne sommes pas des ennemis.

Une amitié est-elle possible dans un tel contexte ?Je ne sais pas si nous pouvons être de grands amis, mais ce n’est pas la guerre.

Que faites-vous pour cette concurrence ne soit pas trop énergivore au quotidien car le but sera quand même d’arriver frais aux Jeux ?Mon optique est de me concentrer sur moi, pas sur les autres. Sur une compétition, mon objectif n’est pas de faire mieux que les autres Français, mais de faire du mieux que je peux. Je ne me préoccupe pas des autres.

Est-ce que la réussite de l’équipe de France féminine vous titille ? En avez-vous assez, parfois, qu’on ne parle que d’elles ?C’est vrai qu’elles sont très nombreuses à performer au haut niveau international. Ce n’est pas humiliant, mais on aimerait bien être aussi sur le devant de la scène. Nous aussi, nous nous entraînons très dur. J’ai l’impression que nous entraînons même plus dur que les filles. Mais évidemment, si nous voulons un peu de lumière pour nous aussi, il faut monter sur des podiums. Sur les grands championnats, c’est là que se situe le problème car nous n’avons pas eu beaucoup de médailles ces dernières années. Mais sur les Grand Slams, nous remportons de plus en plus de médailles. Maintenant, il faut passer un cap et concrétiser ces podiums sur de grands championnats.