«L’important, c’est la constance», martèle Vitinha à chaque fois qu’on lui tend un micro. La polyvalence aussi. Et le fait d’être parfaitement adapté aux désidératas techniques et tactiques de son entraîneur encore plus. Au début de la saison, on pouvait s’inquiéter pour le milieu de terrain parisien, départi de Marco Verratti et seulement renforcé par le très cher inconnu Manuel Ugarte, recruté pour 60 M€. Surtout en pensant au penchant de Luis Enrique pour la possession, la maîtrise, le contrôle. Cela passe par un milieu solide. Le tout en se souvenant que d’autres joueurs créatifs ont quitté le navire dernièrement, de Lionel Messi à Neymar Jr, en passant par Angel Di Maria.

Heureusement, Warren Zaïre-Emery a pris du galon. Au final, l’expérience Ugarte n’a duré qu’un temps, l’Uruguayen, profil de sentinelle, ayant baissé le pied après un début de saison canon. Surtout, il n’a pas la qualité technique pour marcher dans les pas de Thiago Motta, qui n’a jamais réellement été remplacé à Paris. «Lucho» a donc multiplié les associations et les essais au milieu, autour de «WZE», souvent avec Vitinha dans le coup. Le Portugais de 24 ans a attaqué la saison 2023-24 comme il avait débuté la campagne précédente, avec des performances de bon niveau. Pas assez pour devenir tout de suite un cadre aux yeux de l’exigeant technicien espagnol, qui l’a parfois mis sur le banc sans raison apparente pour des matches importants du début de saison, comme les deux rencontres face à Newcastle en C1 (défaite 4-1 et 1-1) ou… le Classique face à l’OM (4-0). Pour le match retour face aux Marseillais, ce dimanche soir (20h45) au stade Vélodrome, nul doute que «Viti» figurera dans le 11 de départ. Indispensable.

«Au début, c’est toujours difficile pour les joueurs d’assimiler les idées, individuellement ou collectivement. Mais je suis très content de ce que je vois depuis plusieurs mois, c’est ce que je voulais voir», expliquait Luis Enrique samedi, au sujet de l’évolution de «son» PSG au fil de la saison. Si le coach espagnol parvient à appliquer ses idées, c’est parce qu’il a des joueurs qui le suivent et le comprennent, capables d’appliquer ses idées. Comme Vitinha.

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Débauché à Porto pour un peu plus de 40 M€ en 2022, le natif de Vila das Aves a vu son périmètre d’activité évoluer au fil de la saison. Il a d’abord servi prioritairement de… porteur d’eau pour Kylian Mbappé. Comprenez qu’il compensait sur le côté gauche afin de permettre au capitaine des Bleus de jouir d’un maximum de liberté sur le front de l’attaque. «Comme nous voulons que Kylian ait beaucoup le ballon et qu’il soit libre, nous avons besoin d’un joueur pour bloquer les adversaires. Aujourd’hui, c’est ce qu’on fait Vitinha et Ousmane, explicitait Luis Enrique après la victoire 3-1 face à Lens en début de saison. Ils l’ont très bien fait dans les phases de construction. Kylian donnait de la largeur et Vitinha le soutenait dans les phases de progression et de finition. Vitinha a ouvert le terrain, donnant de l’espace à Kylian à l’intérieur». Petit gabarit (1,72m), «Viti» compense son manque de muscles par son activité, mais aussi ses qualités techniques et son apport offensif. Un vrai relayeur dans l’âme, précieux avec et sans le ballon.

Le repositionnement de Mbappé dans un rôle axial a changé les choses pour Vitinha, qui a pu s’épanouir dans un registre plus naturel pour lui. Le tout en créant davantage de danger sur le plan offensif, en marquant, en faisant marquer. Depuis le début de saison, il en est à six buts et cinq passes décisives. Il fait partie de ces joueurs qui rendent le PSG si dangereux sur les frappes lointaines, comme on l’a encore vu lors du carton à Montpellier (2-6) avant la trêve. «C’est important de marquer, de prendre l’initiative de frapper. Je sais que j’ai une bonne frappe. Il faut tirer encore plus», disait-il.

Relayeur, la position idéale de Vitinha, loin de connaître la même baisse de régime que sur la deuxième partie de saison dernière ? Sans doute. Sauf que les intérêts individuels doivent s’effacer devant les besoins de l’équipe. En l’occurrence, le Paris Saint-Germain a parfois besoin de Vítor Machado Ferreira – son nom complet – un cran plus bas sur le terrain, devant la défense, pour ressortir le ballon proprement. Ça avait par exemple été le cas face à la Real Sociedad (2-0) : après s’être entêté à vouloir ressortir de derrière malgré les difficultés de Fabian Ruiz face au pressing basque, Luis Enrique a fait descendre Vitinha en six. Bingo. «Je suis bien quand je suis sur le terrain. Ça fait plaisir de monter en puissance comme ça, de me sentir bien. Et après, avec la confiance, la dynamique de l’équipe, les choses viennent naturellement. Je suis heureux que ça ait payé sur ce match, mais il faut continuer, parce que s’il n’y a pas la constance, ça ne vaut rien. Le plus important, c’est que l’équipe soit bien», souriait-il après MHSC-PSG.

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Bon élève, Vitinha a vite appris à parler le français et encore plus vite le langage de Luis Enrique. Il n’est peut-être pas le grand milieu de terrain que Paris cherchera l’été prochain. En attendant, «Lucho» est bien content de l’avoir. «C’est un joueur qui s’adapte parfaitement à notre idée de jeu, aux qualités que doit avoir un milieu, polyvalence, qui ne perd pas le ballon ce qui est sa spécialité, qui est bon avec et sans ballon, qui occupe bien les espaces et qui joue bien avec ses coéquipiers, décrivait récemment le coach parisien. On est très exigeants avec lui, on pense qu’il a une grosse marge de progression, qu’il peut marquer plus encore et défensivement, son interprétation du jeu. C’est un joueur qui a une énergie illimitée. Il joue toutes les minutes mais il veut encore s’entraîner après, avec ceux qui n’ont pas joué… C’est un joueur très intéressant et c’est un plaisir de l’avoir dans notre équipe.» Plaisir partagé.

«J’aime la ville, ma vie ici, j’espère que je vais rester longtemps ici parce que c’est un grand club, une grande ville, je suis très content ici», disait Vitinha il y a quelques semaines, lui qui est sous contrat jusqu’en 2027. D’ici là, aura-t-il fait oublier Verratti ? L’an dernier, le Portugais s’imaginait «assez semblable dans le jeu» à l’Italien. «On est peu différents. Il se projette beaucoup, joue sans ballon et il crée des espaces pour les autres», corrigeait le «Petit hibou». En attendant, Verratti est au Qatar, Thiago Silva officie sur le banc de Bologne. Et Luis Enrique va donc continuer à s’appuyer à s’appuyer sur Vitinha, tantôt en relayeur, tantôt en sentinelle en fonction du profil de l’opposition et des besoins de l’équipe. Une chose est sûre : l’équipe a besoin de lui. Et ce sera encore le cas ce dimanche sur le terrain du rival marseillais lors du Classique.