On les attendait au tournant, les Parisiens ont répondu présent. Avec des buts signés Vitinha, Achraf Hakimi et Randal Kolo Muani, le PSG a disposé de Rennes (1-3) dimanche, au Roazhon Park, en clôture de la huitième journée de Ligue 1. «La victoire parisienne est logique et méritée, elle aurait même pu être plus large», reconnaît Bruno Genesio, dont l’équipe a très bien débuté avant de subir la domination des visiteurs, bons, sérieux et efficaces à défaut d’être brillants. Il y a bien eu ce but d’Amine Gouiri, pour ramener le score à 1-2. Mais il n’y a pas eu photo. Il faut dire que le pressing rennais n’est pas du même acabit que celui de Newcastle, qui a balayé Paris (4-1) mercredi dernier. Hakimi toujours au top, le bonbon de Warren Zaïre-Emery, «Viti» plutôt qu’un attaquant même si le système n’a pas tant changé… Il y a bien des choses à dire. Et Kylian Mbappé ?
Les chiffres d’abord : après avoir inscrit huit buts lors de ses cinq premiers matches, l’international tricolore (71 sélections, 40 buts) de 24 ans vient de boucler un quatrième match sans marquer, Clermont (0-0), Newcastle et donc Rennes. Il y a aussi eu l’OM (4-0), mais Mbappé, touché à la cheville dans les premières minutes , avait dû céder sa place à la demi-heure de jeu. Mais au-delà des statistiques, il y a tout le reste, cette nervosité palpable, une maladresse inhabituelle, l’impression diffuse qu’il n’est pas lui-même depuis le début de saison, y compris lorsqu’il enfilait les buts comme des perles. Si bien qu’on est en droit de se poser un certain nombre de questions.
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À commencer par celles qui concernent son état physique. Est-il totalement opérationnel après son entorse contre l’OM ? «Oui», martelait «Lucho» avant Newcastle. On peut aussi se demander si sa préparation estivale lui a permis de débuter la campagne dans des conditions optimales. Rappelons que Mbappé s’est un temps entraîné avec les lofteurs, avant de revenir dans les bonnes grâces de Nasser Al-Khelaïfi et donc de réintégrer le groupe de Luis Enrique. C’est peut-être un élément à prendre en compte. «Je pense qu’il était aussi fatigué, analyse son copain Ousmane Dembélé. On joue tous les trois jours, ça pèse un peu, mais il n’était pas frustré. Il va vite marquer à nouveau». Peut-être face aux Pays-Bas vendredi ou contre l’Écosse, dans huit jours, avec l’équipe de France. Un but qui permettrait à «KM» d’égaler Michel Platini en Bleu, rien que ça. Pour ce qui est du PSG, il faudra attendre la réception de Strasbourg, le 21 octobre (17h), lors de la neuvième journée du championnat de L1.
Une chose est sûre : son utilisation est optimale en sélection. Et à Paris ? On peut se le demander. Équipe de transition hier, le PSG se veut dominateur sous Luis Enrique, avec beaucoup de possession, de maîtrise, et donc peut-être moins d’espace pour la flèche de Bondy. Mbappé ne manque toutefois pas de liberté, au contraire, sachant que le coach espagnol lui adjoint souvent un joueur qui prend le côté gauche sur les phases de possession, que ce soit un attaquant pur jus (Barcola, Kolo Muani) ou un milieu (Vitinha). Une liberté qui l’éloigne de sa zone de confort et qui lui demande d’avoir plus de responsabilité à la création. Ce qui n’est pas forcément sa tasse de thé, même si on parle bien sûr d’un joueur multidimensionnel, un finisseur d’exception, oui, mais doublé d’un passeur hors-pair.
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Dimanche soir, Mbappé s’est d’ailleurs montré particulièrement altruiste. Si certains de ses petits camarades n’avaient pas eux-mêmes été frappés de maladresse devant le but, il aurait pu être à créditer d’une ou deux passes décisives. Effacé à St-James’ Park, le capitaine des Bleus ne s’est pas caché au Roazhon Park, comme en attestent ses statistiques : 50 ballons (c’est relativement peu), huit frappes dont trois cadrées, trois dribbles réussis, cinq duels gagnés. À l’image de son incroyable raté en fin de match après avoir éliminé Steve Mandanda, il y a quelque chose qui cloche. Même lui peut être frappé par le manque de confiance. «Il n’a pas marqué (dimanche), mais il évolue à un très haut niveau depuis le début de saison, corrige Luis Enrique. Il a fait de bonnes actions, des passes et il a eu beaucoup d’occasions. En fait, c’est un peu bizarre que Kylian n’ait pas marqué, mais c’est juste une anecdote. Pour ma part, je retiens ce qu’il apporte à l’équipe en défense et en attaque», poursuit le technicien espagnol.
Lequel Luis Enrique ironisait avant Rennes-PSG, en conférence de presse, se souvenant qu’on lui parlait de «Mbappé-dépendance il y a deux ou trois semaines et du fait qu’il n’y avait que lui qui marquait dans l’équipe. Maintenant, vous me demandez ce qu’il doit faire parce qu’il n’a pas marqué lors des derniers matches… Il faut être cohérent», grinçait l’ex-entraîneur du Barça, affirmant que son numéro 7 «se donne à 100% mais il est comme tout le monde : les joueurs passent par différents états au cours d’une saison». Et d’ajouter : «Il n’est pas Superman lorsqu’il marque huit buts mais ce n’est pas non plus un joueur normal quand il ne marque pas. Tout n’est pas tout blanc ou tout noir. Il y a tout le temps des nuances. Kylian est un joueur vital, déterminant et décisif pour nous.»
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Il l’est bien évidemment aussi en sélection. Et Didier Deschamps n’est d’ailleurs pas très inquiet. «Il n’est pas dans une période d’efficacité, comme il en a si souvent connu… Forcément, pour un joueur comme lui, ça se voit encore un peu plus, reconnaît le sélectionneur. Mais à travers le match d’hier (dimanche), surtout la seconde période, il était beaucoup plus disponible, mobile, la répétition des efforts… On ne va pas refaire l’historique, mais il y a aussi eu tout ce qu’il a (vécu) cet été. Même s’il est en pleine possession de ses moyens il a lui aussi le droit d’avoir une période dans laquelle il est un peu moins bien et un peu moins efficace dans cette cadence infernale de matches». Pour ce qui est de l’état d’esprit de l’intéressé, pas de souci. «Il a le sourire, il est heureux d’être là et il sait qu’il a un rôle important avec l’équipe de France, souligne Deschamps. Ce serait très bien s’il retrouvait son efficacité avec nous, bien évidemment (sourire).» Pour ce qui concerne l’efficacité, ce n’est effectivement qu’une question de temps, pas de doute. Et pour le reste aussi ?