«J’aime les joueurs qui sont prêts à se sacrifier pour l’équipe», glissait Luis Enrique il y a quelques semaines. Jusqu’à encore très récemment, Ousmane Dembélé n’entrait pas dans cette catégorie. Pas besoin. «Joueur le plus déséquilibrant du monde» selon le technicien espagnol, «Dembouz» a eu tout le loisir d’évoluer à droite, son jardin, représentant longtemps l’axe fort du PSG avec Achraf Hakimi. «Ce qu’il réalise à Paris, avec beaucoup de régularité, c’est quelque chose de bien», se réjouit Didier Deschamps, sur TF1. Une régularité que l’ancien Rennais n’a pas toujours eue durant ses années barcelonaises. L’heure des retrouvailles ce mercredi (21h), lors de PSG-Barça.
Rappelons que l’ailier international tricolore (43 sélections, 5 buts) de 26 ans a rejoint Paris l’été dernier, pour 50 M€, le montant de sa clause libératoire. Et ce après cinq saisons barcelonaises faites de hauts… et de beaucoup de bas, notamment en raison des blessures. Successeur de Neymar à Barcelone… et à Paris, Dembélé a été épargné de ce côté-là cette saison.
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Ce qui lui permet de laisser s’exprimer ses immenses qualités. «L’impression qu’il me fait ? Très bonne impression. Il faut encore qu’il soit plus efficace, il le sait. Mais ce qu’il fait est tout sauf inintéressant, nous explique le consultant beIN SPORTS Luis Fernandez, ancien joueur et entraîneur du Paris Saint-Germain. Par sa disponibilité, ses courses, il arrive toujours à créer des décalages, du danger pour les défenseurs adverses, qui doivent essayer de le bloquer le plus vite possible, d’anticiper. C’est la même chose quand on est face à Kylian Mbappé aussi d’ailleurs, il faut soi-même être rapide et éviter de les laisser prendre de la vitesse. Sinon, ils sont redoutables.» Un euphémisme.
Ousmane Dembélé n’est pas seulement bon dans le déséquilibre, créer le danger, il affole les compteurs : meilleur passeur de Ligue 1, le voilà à la tête d’un capital de 13 passes décisives en 34 matches depuis le début de la saison. Bémol ? Une seule «passe D» en C1. Surtout, il n’a marqué qu’un but.
L’efficacité, c’est le péché mignon du natif de Vernon, ce n’est pas nouveau. C’est encore plus voyant cette année sur les bords de la Seine. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer. Bien placé pour parler de lui pour l’avoir eu chez les jeunes, à Rennes, Julien Stéphan a récemment donné son opinion sur son ancien poulain : «Quand on m’interroge sur Ousmane, on me parle toujours de ses défauts. Je réponds toujours sur ses qualités. Je trouve que c’est un joueur hors-norme. Dans le déséquilibre, le dribble, la faculté à créer des espaces, c’est un joueur exceptionnel. S’il avait une qualité de finition supérieure, il serait peut-être Ballon d’or aujourd’hui. Mais je vois un joueur hors-norme dans des qualités très fortes, qui viennent s’associer à celles d’un autre joueur hors-norme, qui a d’autres qualités de finition (Mbappé, NDLR). C’est pour cela qu’ils sont aussi redoutables dans le domaine offensif. Ils ont un finisseur de top niveau et un autre qui déséquilibre de manière exceptionnelle», a-t-il dit après PSG-Rennes (3-1), en Coupe de France.
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Pour revenir aux sacrifices dont certains joueurs doivent s’acquitter à Paris, Dembélé a récemment été invité à évoluer dans l’axe. Ça avait bien marché lors du match retour face à la Real Sociedad, à Anoeta (1-2). «C’est un joueur techniquement… je dirais imbattable des deux pieds, mais vous ne savez pas quel est son meilleur pied. À l’intérieur, on verra encore une meilleure version de lui-même. Il va régler cela, il va s’améliorer en termes de finition. Il marque beaucoup à l’entraînement il est presque inarrêtable», jure Luis Enrique.
Au sujet du pourquoi de son positionnement axial, le coach espagnol a récemment indiqué ceci : «Il fait la différence, qu’il soit dans le cœur du jeu ou sur un côté. Mais ce qui est important pour nous, c’est de savoir où sont les espaces en fonction du match et de l’adversaire. S’il n’y a pas d’espace à l’intérieur, on décale Ousmane sur un côté afin de créer du déséquilibre. J’ai cette idée que lorsqu’il y a de l’espace dans le cœur du jeu, il est plus proche du but adverse. C’est un joueur qui peut marquer beaucoup de buts.» Après la Real, «Lucho» avait aussi indiqué que ce rôle permet à «Dembouz» de créer le surnombre au milieu. Ce ne sera sans doute pas du luxe mercredi soir.
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Avec un petit but en plus ? «Je ne sais pas s’il serait Ballon d’or, mais il ferait partie des plus grands attaquants, décrypte Luis Fernandez, lorsqu’on lui soumet l’affirmation de Julien Stéphan. Il est en train d’essayer de rattraper ce temps perdu mais c’est vrai qu’on peut dire qu’il manque encore d’efficacité devant le but. Après, il parvient à déstabiliser les défenseurs par son style et ça aide à créer des espaces pour ses coéquipiers, qui ont tout le loisir de finaliser les actions que Dembélé peut créer sur son côté. Utilisé dans l’axe aussi ? C’est surprenant, mais on voit un joueur qui n’est pas déstabilisé par ce changement de poste, ça ne le dérange pas. Il est à l’écoute de ce que l’entraîneur demande. C’est la démonstration que Luis Enrique a la main sur son groupe, et aussi que le travail est effectué en amont pour la préparation des matches, sans parler de l’intelligence du groupe». Le dernier but de Dembélé remonte au 24 novembre contre Monaco (5-2). Les ex-Parisiens marquent souvent face au PSG. Et si cela marchait dans l’autre sens.