Tout vient à point à qui sait attendre. Débauché à Lyon contre 50 M€ bonus compris, à la toute fin du mercato estival, Bradley Barcola est arrivé à Paris sur la pointe des pieds. Rapidement utilisé par Luis Enrique, dont on dit qu’il désirait ardemment sa venue, l’ailier de 21 ans a directement été mis dans le bain. Souvent remplaçant, quelques fois titulaires, il a toutefois mis le temps avant d’exposer ses qualités. La vitesse, oui. Le dribble aussi. Mais peu d’impact et encore moins de gestes décisifs. Aucun but et zéro passe décisive après ses huit premières sorties sous ses nouvelles couleurs, lui qui avait brillé par son efficacité avec l’OL la saison passée (7 buts, 10 passes).
Et il y a eu ce match contre Newcastle (1-1) en Ligue des champions. Barcola avait multiplié les différences et… les ratés devant le but anglais. En Ligue 1, ce n’est pas forcément rédhibitoire. En C1, ça se paie cash. Et ça se voit d’autant plus. Les critiques avaient été sévères. Sur RMC, Daniel Riolo l’avait par exemple qualifié «d’agneau», affirmant qu’il n’était tout simplement pas encore assez mûr pour évoluer en Rouge et Bleu dans ce genre d’affiche.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis. Sur ses huit derniers matches de L1, Barcola est à créditer de deux passes décisives et deux buts, dont le premier à Lens (victoire 2-0) dimanche dernier, lors de la 18e journée. Et ce sur un service de Kylian Mbappé. «Quand je pars comme ça, je sais que Kylian va me la mettre dans le dos. J’ai directement levé la tête pour voir où (Brice Samba) était et j’ai piqué la balle», a-t-il décrypté sur Amazon Prime Vidéo. Les deux flèches se trouvent en effet de mieux en mieux alors que Luis Enrique aligne désormais régulièrement Barcola à gauche et Mbappé, dans l’axe. Ce dernier s’en accommode d’ailleurs de mieux en mieux. Randal Kolo Muani et Gonçalo Ramos, eux, attendent leur tour sur leur banc. Peut-être auront-ils leur chance ce samedi, à Orléans, en 16es de Coupe de France.
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En attendant, le trio Mbappé/Dembélé/Barcola s’est visiblement installé dans l’esprit du technicien espagnol, qui a toutefois pris le soin de ne pas enterrer Kolo Muani et Barcola. Pas publiquement. «Ce sont deux attaquants de très haut niveau», assure-t-il en conférence de presse, se disant «très content» de leur niveau. Pas assez pour s’en servir régulièrement… «RKM» n’a débuté qu’un des sept derniers matches de Ligue 1. C’est encore plus inquiétant pour l’ancienne star de Benfica, qui n’a joué qu’une minute sur les cinq derniers matches de championnat. Circonstance atténuante ? Un virus qui a fait «perdre du poids» au Portugais. «Mais il est bien depuis plusieurs semaines», promet Luis Enrique. Et d’ajouter, au sujet des deux joueurs : «J’espère qu’ils représentent le présent et le futur du club». À voir, sachant que certaines sources évoquent déjà un potentiel départ de Ramos…
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c’est donc Bradley Barcola qui profite de la mauvaise passe de ses deux camarades de l’attaque parisienne. Le natif de Lyon a débuté les six derniers matches, toutes compétitions confondues, à l’exception de la balade face aux amateurs de Revel (victoire 9-0) en Coupe. Surtout, on le sent monter en puissance, plus en confiance, plus à l’aise, plus sûr de lui. «J’ai de plus en plus la confiance du coach et des coéquipiers, je ne peux qu’être plus à l’aise», disait-il après Lens, lui qui avait aussi réalisé une «passe D» lors du Trophée des champions.
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Et d’ajouter : «La confiance du coach, des coéquipiers, ça me libère, je ne peux que bien jouer comme ça. Le coach est proche de nous, il parle beaucoup. Je suis arrivé tard, j’avais des choses à rattraper. Au fur et à mesure, je les rattrape bien.» Très bien même. Avec cette nouvelle assurance, Barcola peut laisser s’exprimer ses qualités de vitesse et de percussion, sa technique et sa justesse dans la zone de vérité. Tout sauf un agneau fragile, c’est certain.
Luis Enrique, lui, est clairement conquis. «Il est superbe dans ce qu’il fait, dans des secteurs de jeu qui sont très importants pour lui dans sa position, disait-il après le choc face aux Sang et Or. En un-contre-un, il est presque inarrêtable. Il est très rapide, il a une bonne finition et il fait un bon travail défensif. Nous avons plusieurs jeunes joueurs dans l’équipe, très jeunes pour certains, avec un très grand potentiel que nous voulons exploiter. C’est notre objectif. Depuis le début, j’ai dit à quel point nous étions heureux de savoir que des joueurs voulaient signer au PSG et faire partie de notre club. Et donner confiance aux jeunes joueurs fait partie de nos caractéristiques.»
Charge à Bradley Barcola de continuer à se montrer digne de cette confiance. Ça dépend évidemment aussi beaucoup du positionnement de Kylian Mbappé, qu’on imaginait occuper le côté gauche toute la saison. Luis Campos aussi, c’est bien pour cela que Gonçalo Ramos et Randal Kolo Muani ont été recrutés pour jouer dans l’axe… En attendant, l’ancien Lyonnais avouait avoir pris «beaucoup de plaisir» face à Lens. Un match référence pour l’international Espoirs ? «Je ne sais pas mais je suis vraiment content. J’ai eu pas mal de ballons pour m’exprimer. J’étais vraiment content, et content pour l’équipe. C’est bien pour moi, ça me donne plus de confiance sur le terrain», sourit-il. Évidemment, tout n’est pas parfait. Le principal intéressé estime pouvoir faire mieux notamment sur «les pertes de balle et la lecture du jeu».
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À voir si Luis Enrique lui maintiendra sa confiance ce samedi, face au 12e de National, ou s’il profitera de cette affiche a priori déséquilibrée pour relancer Randal Kolo Muani et/ou Gonçalo Ramos. Un match pour lequel le PSG est toujours privé de Milan Skriniar, Nuno Mendes, Presnel Kimpembe et Alexandre Letellier, blessés ou en phase de reprises, sans oublier Achraf Hakimi et Kang-in Lee, retenus en sélection. Manuel Ugarte (cuisse), Gianluigi Donnarumma (genou) et Nordi Mukiele (ballon reçu dans le visage) manqueront à l’appel aussi. Mais ce qui inquiète Luis Enrique, c’est surtout la pelouse. Un sujet qui «préoccupe» l’Asturien. «Je ne déciderai de qui va jouer, et comment, que quand je verrai l’état de la pelouse», ajoute-t-il. Suspense.