Dénouement, verdict en approche, ce dimanche l’Angleterre va connaître son Roi après des mois de lutte acharnée. Si les quatre autres grands championnats du Vieux continent ont l’identité de leur champion depuis des semaines à l’image de l’Inter en Italie – le 22 avril dernier -, les Anglais doivent attendre la 38e et dernière journée ce dimanche (17h). Pour l’heure, c’est Manchester City qui tient les rênes mais les Skyblues restent à portée de fusil des canonniers d’Arsenal. Deux points séparent les deux équipes avant ce week-end crucial, qui verra assurément des larmes couler après le coup de sifflet final. D’un côté, celles d’un champion qui a réussi sa quête. De l’autre, celles d’un dauphin qui a échoué si près du but.
Après avoir brisé la malédiction du Tottenham Hotspur Stadium en milieu de semaine – victoire 2 à 0 -, Manchester City a pris la tête du championnat au meilleur des moments. Avant la journée décisive de dimanche, les Skyblues comptent deux points d’avance sur Arsenal et sont donc maîtres de leur destin. Contre West Ham, les hommes de Pep Guardiola savent ce qu’ils doivent faire : s’imposer. En cas de succès, ils seront sacrés champions d’Angleterre pour la 4e fois consécutive. Une performance complexe jamais réalisée depuis la création du championnat anglais en 1888. « Aucune équipe n’a remporté quatre titres consécutifs en PL, c’est dire à quel point c’est difficile, a déclaré Pep Guardiola. Sinon, Liverpool dans les années 80, Sir Alex Ferguson dans les années 90, Chelsea avec Roman Abramovich, José Mourinho, Arsenal avec Wenger… ils l’auraient fait mais ils ne l’ont pas fait.»
Pour la réception des Hammers, le technicien catalan est privé d’Ederson – victime d’une fracture de l’orbite – mais pourra compter sur l’infranchissable doublure du portier brésilien, Stefan Ortega. Ce dernier a réussi à mettre sur les fesses son entraîneur, mardi, en remportant un face-à-face décisif contre Son. L’arrêt du titre selon Pep Guardiola : «Sans son arrêt fantastique, Arsenal est champion.» Outre l’apport d’un gardien solide, l’entraîneur de 53 ans a à sa disposition son indispensable porte-bonheur en la personne de Rodri. Le milieu espagnol est invaincu depuis plus de 70 matches toutes compétitions confondues avec son club – les prolongations et séances de tirs au but n’étant pas prises en compte. À cela s’ajoute le talent individuel de Foden – récemment élu joueur de la saison -, les pieds magiques de De Bruyne et la machine à buts Erling Haaland. Tous les voyants sont au vert pour que l’Etihad Stadium vive un nouvel après-midi de fête dans l’est de Manchester.
Mais Pep Guardiola a calmé les choses. «Nous sommes dans la meilleure position. Il reste un match, le destin est entre nos mains, il faut gagner un match pour être champion. Tout le monde aimerait être à notre place, c’est certain. En même temps, est-ce que ça va être facile? Absolument pas», a-t-il lancé. Comme lors de la saison 2021-2022, le Catalan s’attend à un match difficile et a un sentiment de déjà-vu : « Comme Aston Villa il y a deux saisons, ils [West Ham, NDLR] n’ont rien à jouer mais je sais ce qui s’était passé, et il se passera la même chose. Nous et nos supporters devrons être prêts dès la première minute.» Pep Guardiola fait référence à la réception d’Aston Villa lors de la dernière journée de la saison 2021-2022. Menés 2 à 0, les Skyblues laissaient alors filer le titre à Liverpool – pour deux petits points – mais sont parvenus à renverser la tendance en cinq minutes (76e, 78e et 81e) pour être sacrés.
«Le rêve est encore vivant». 20 ans après le titre des « Invincibles » – le dernier remporté par Arsenal -, les Gunners n’ont jamais été aussi proches de retrouver le trône d’Angleterre. Avant de recevoir Everton à l’Emirates Stadium ce dimanche, les Londoniens n’ont pas leur destin entre leurs mains. La route à suivre est simple. Ils doivent s’imposer contre les Toffees tout en espérant que Manchester City s’incline contre West Ham. Un scénario auquel croit Mikel Arteta : «Si je n’y crois pas aujourd’hui, imaginez ce que ç’aurait été au mois d’août. Parce qu’avec ce qu’ils (Manchester) ont fait ces 12, 13 dernières années en tant que club, et ce que nous avons fait (Arsenal) au cours des 20 dernières années en Premier League, nous n’aurions aucune chance à ce moment-là. Nous ne pouvons pas penser comme ça. Nous devons y croire.»
En cas de sacre, Arteta et ses joueurs seraient récompensés d’un travail de longue haleine commencé en décembre 2019. Dans un entretien accordé à France Football , le technicien espagnol – disciple de Guardiola – a exprimé le secret de sa réussite en insistant sur l’importance de l’humain : «C’est ce qui me procure de la joie. C’est la raison d’être de mon job. Tous les matins, je me réveille et j’ai hâte de passer du temps avec les gens, de discuter, de comprendre ce qu’ils ressentent. C’est la plus grande partie de mon travail. Je m’emploie à créer un environnement dans lequel ils peuvent grandir, et après, c’est à eux de voir jusqu’où ils veulent aller. J’essaie de les aider à atteindre leurs rêves, à améliorer certains aspects de leur vie. Je dois m’assurer que l’estime de soi reste élevée, qu’ils croient en eux mais, surtout, qu’ils aiment ce qu’ils font.» Après des débuts compliqués – 15e du championnat en décembre 2020 -, Arsenal «made in Arteta» lutte pour le titre. Quelle que soit l’issue de cette 38e journée, les Gunners sont d’ores et déjà assurés de jouer la Ligue des champions la saison prochaine.
Les deux clubs londoniens de Tottenham et Chelsea vont aussi lutter à distance. Cette fois pour la cinquième place du championnat, synonyme d’accès en Ligue Europa. Les Spurs sont en position favorable mais vont devoir faire le travail sur la pelouse de Sheffield United, lanterne rouge, pour éviter de se faire rejoindre par les pensionnaires de Stamford Bridge – un nul suffirait à Ange Postecoglou et ses joueurs.
Dans le même temps, les Blues vont accueillir Bournemouth. Victoire impérative pour Cole Palmer – 22 réalisations – et ses coéquipiers. En cas de résultat contraire, les chances de Chelsea de finir 5e seraient enterrées. Le titre, la place en Ligue Europa convoitée, en haut du classement la dernière journée de Premier League est à enjeux. Luton, Burnley et Sheffield – tous les trois promus en début de saison – sont, quant à eux, condamnés à retrouver la Championship en 2024-2025.