COUPS DE CŒUR

Il y avait de la pression sur les épaules de Tuomas Iisalo et ses joueurs. Le Paris Basketball qui a survolé la saison régulière d’Eurocoupe (17 victoires, 1 défaite), partait favori de cette affiche face à Bourg et rêve ouvertement d’Euroligue. Le moyen le plus simple pour accéder à la C1 ? Gagner la C2. Les Parisiens ont «fait un pas vers le titre» en s’imposant mardi (77-64), a savouré le meneur Nadir Hifi. Ils ont été fidèles à leur philosophie de jeu : une défense étouffante et un jeu rapide pour enflammer la rencontre, en prendre les commandes et ne plus les lâcher.

Paris a fait déjouer Bourg-en-Bresse (9 ballons perdus à la mi-temps, 19 à la fin) et avait plié l’affaire à la mi-temps (54-31). Une intensité et une détermination des deux côtés du terrain, du grand basket digne d’une finale européenne et de l’ambition du club de la capitale. Paris a gagné le premier round, et avec la manière.

Ce n’est que quelques heures avant le match que TJ Shorts a été élu MVP de l’Eurocoupe, et ce n’est que quelques minutes avant qu’il a posé avec le trophée sur le parquet. «C’est un peu dur de recevoir une récompense individuelle dans un moment pareil», a modestement reconnu l’Américain après la rencontre. Comme s’il n’avait pas été le meilleur joueur, encore, de ce premier acte des finales.

Le meneur de poche (1,75 m) voulait «donner le ton d’entrée». Il l’a fait, à coups de pénétrations dans la raquette (7 fautes provoquées), de tirs à mi-distance, de coups de reins et d’adresse, avec cette patte gauche de velours qui caresse le cuir et électrifie les foules. Shorts, 25 ans, a terminé meilleur marqueur (15 pts) sans oublier d’impliquer ses coéquipiers (4 passes décisives) et de défendre (2 interceptions). À l’Adidas Arena, Shorts a encore prouvé qu’il en a dans le short.

Pour le 7e match de sa jeune existence, et pour la première fois depuis son inauguration contre Saint-Quentin le 11 février, la grande salle du Paris Basketball, l’Adidas Arena, affichait complet. En duo avec une sono alimentée en rap US, les 8.000 spectateurs, dont une centaine de «Parisiis», le groupe de supporters du club, ont contribué rendre cette soirée unique pour Paris. Une ambiance «incroyable», ont qualifié en chœur Nadir Hifi et TJ Shorts.

Il y avait ces soulèvements sur les paniers à 3 pts de Paris, ces rugissements sur les dunks du pivot allemand Leon Kratzer. Et il y a aussi eu du chambrage, initié par les Parisiis. «Surcoté, surcoté», a-t-on entendu lorsque Zaccharie Risacher, 19 ans et futur drafté en NBA cet été, se présentait sur la ligne des lancers francs. «Il est rincé», était aussi scandé lorsqu’un autre Bressan avait des lancers à tirer. Il y a aussi eu des chants bon enfant, comme répéter le nom de Lilian Thuram, spectateur de gala apparu sur l’écran géant, ou celui du handballeur du PSG et des Bleus Elohim Prandi.

COUPS DE GRIFFE

La JL Bourg est la 4e équipe d’Eurocoupe au pourcentage de réussite à 3 pts (38,6%). On a revérifié la statistique avant de l’écrire, car le match de ce mardi a de quoi semer le doute. Avec un catastrophique 4/24 longue distance, dont un 0/8 pour commencer, les joueurs de Frédéric Fauthoux n’avaient que peu de chance de survivre face à Paris. «C’est le charme du basket, a souri, amer, l’entraîneur bressan. Ils (Paris) ont marqué dans quasiment les mêmes positions où on a loupé.»

En plus de sa maladresse, Bourg n’a pas su répondre au défi physique imposé par les Parisiens. La bonne circulation de balle s’est effritée dès le milieu du premier quart-temps. Le club de l’Ain s’est heurté à sa limite : hormis le meneur JeQuan Lewis, personne ne manie assez bien le ballon pour déjouer la grosse pression défensive qui fait le style de Paris. Battue également dans l’agressivité, au rebond comme au nombre de fautes provoquées, Bourg doit vite se reprendre. «Vendredi, on aura plus le droit à l’erreur. Ça suffit à la seule remobilisation du groupe», a tranché Fauthoux.

Parce que même la meilleure attaque d’Eurocoupe (98,4 pts/match) peut tout faire à l’envers l’espace de 10 minutes. Le Paris Basketball n’a inscrit que 11 points dans le 3e quart-temps, la JL Bourg 12. Les Parisiens ont signé un triste 4/17 aux tirs, quand les Bressans se contentaient d’un 6/14. Manque d’intensité ? Sûrement pas, réfute Iisalo. «En première mi-temps, on a réussi des tirs très difficiles, et en deuxième mi-temps on a raté des tirs ouverts», a résumé le coach parisien. Fauthoux soupçonne Paris d’avoir «levé le pied», volontairement ou non. Compréhensible dans tous les cas : même comme ça, Bourg n’a jamais été proche de recoller.