Les timides rayons de soleil qui éclairent la ville de Vila-real, en cette fin d’hiver, contrastent avec le gros nuage noir qui planait sur Marseille, au début de l’automne. Si l’Olympique de Marseille est un habitué des crises, celle-ci était particulièrement violente. Le 20 septembre, l’entraîneur Marcelino mettait les voiles loin du Vieux-Port. Le président, Pablo Longoria, était proche de le suivre, dénonçant des menaces de la part de supporters. Tout ce beau monde va se retrouver ce jeudi (21h), avec la Ligue Europa en metteuse en scène.
Il y a de la curiosité et une pointe d’inquiétude chez les observateurs. Marcelino sera mal accueilli, c’est sûr. L’Espagnol, successeur d’Igor Tudor l’été dernier, n’a dirigé que sept matches à l’OM. Invaincu en Ligue 1 (2 victoires, 3 nuls), il n’a pas laissé une belle trace sur le plan du jeu. Il n’a pas eu le temps, peut-être. Il a surtout vécu la grande désillusion d’un tour préliminaire de Ligue des champions, face au Panathinaïkos, avec à domicile un but égalisateur sur le gong (90e 9) et une défaite aux tirs au but.
«Je suis désolé pour les supporters», s’était lamenté Marcelino, qualifiant comme Longoria le football de «cruel». Ses mots ont perdu de leur douceur, un mois plus tard, lorsqu’il revenait pour L’Équipe sur les raisons de son départ, brandissant «les menaces absolument répréhensibles» dont auraient été victimes les dirigeants olympiens. «Certains supporters radicaux qui veulent influer en permanence sur les événements empêchent l’OM d’être un grand club», dénonçait Marcelino.
Et d’ajouter, amer : «Mon expérience très courte me fait penser que c’est un club où créer un projet est absolument impossible.» L’attaquant Amine Harit lui a répondu au micro de TF1 le week-end dernier. «On sait que ça va être chaud, par rapport aux récentes déclarations qu’il a pu avoir. Honnêtement, ça nous a donné encore plus d’envie de faire un gros match jeudi. Il va falloir qu’ils soient tous prêts car on ne va pas leur donner un match facile.»
Interrogé en conférence de presse sur son retour au Vélodrome, Marcelino, qui a rebondi à Villarreal à la mi-novembre, a fait comme si de rien n’était. «Quand le stade est plein, c’est très beau. L’atmosphère qu’ils (les supporters) créent vaut la peine d’être vécue», a-t-il soutenu. Sur les 67.000 places de l’enceinte marseillaise, 12.000 qui correspondent au virage nord purgeront un huis clos, suite à une sanction de l’UEFA après l’usage d’engins pyrotechniques au tour précédent, contre le Shakhtar Donetsk.
L’OM a négocié pour que 5.000 enfants de clubs partenaires soient invités et occupent le virage. De quoi réduire un tant soit peu l’hostilité qui guette Marcelino, lui dont le dernier souvenir ici demeure un bien triste match nul (0-0) contre Toulouse, qui avait valu les sifflets du Vélodrome. «C’est une chose qui me convient parfaitement, tu aides les joueurs pendant le match et, ensuite, tu t’exprimes, c’est normal», acceptait Marcelino dans les colonnes de L’Équipe. Depuis, l’OM a connu des hauts et surtout des très bas avec Gennaro Gattuso. Puis une embellie en cours sous Jean-Louis Gasset, en attestent les deux dernières victoires en Ligue 1, contre Montpellier (4-1) et à Clermont (1-5).
Gasset qui a d’ailleurs désamorcé toute animosité à l’égard de Marcelino. «On n’en parle jamais» dans le vestiaire, a-t-il écarté à la veille du match. «Nous, on joue contre Villarreal. C’est quelqu’un de respectable, son football est bien organisé, il a une méthode.» L’entraîneur olympien emboîtait ainsi le pas de son joueur Quentin Merlin qui l’avait précédé. «On n’en parle pas trop. On ne joue pas contre Marcelino, on joue contre le club de Villarreal. Marcelino, ce n’est pas une motivation en plus», a juré le latéral gauche arrivé au club l’hiver dernier, contredisant ainsi son coéquipier Amine Harit.
Villarreal reste, comme l’OM, un succès 5-1, face à Grenade en Liga. Marcelino a légèrement redressé la barre du sous-marin jaune, invaincu depuis huit matches. Et ce malgré un virus gastrique qui a touché plusieurs joueurs le week-end dernier. Certains d’entre eux se sont rendus à l’hôpital pour des examens médicaux. À Marseille, c’est plutôt le virus de la passion qu’on veut faire ressentir aux Espagnols jeudi. Et surtout à Marcelino.