Dortmund-Bayern, Barça-Real, Milan-Inter… S’il y a bien un joueur qui s’y connaît en matière de derby bouillant à l’OM, c’est Pierre-Emerick Aubameyang. L’attaquant international gabonais (74 sélections, 30 buts) de 34 ans a roulé sa bosse un peu partout en Europe, de Dortmund à Barcelone, en passant par Arsenal et Chelsea, disputant les matches les plus chauds du Vieux continent. L’ancien Vert est également un habitué des matches entre l’ASSE et Lyon en France. Pour Jean-Louis Gasset, l’expérience d’Aubam ne sera pas du luxe pour viser un «exploit» face au rival parisien, ce dimanche (20h45), lors de la 27e journée de Ligue 1. Un Classique qui peut permettre à l’OM de mettre le peuple marseillais en joie et de prendre des points précieux en vue d’une potentielle accession en Ligue des champions (le classement de Ligue 1 ici), ou envoyer Marseille vers un troisième revers de rang après une série ce cinq victoires suite à la prise de fonction de Gasset.
Aubameyang ne représente toutefois pas qu’un atout expérience. C’est beaucoup plus que cela. Dixit Gasset, «c’est LE joueur. Dans toutes les équipes, vous avez LE joueur. Vous mettez LE joueur là où il aime, et après vous construisez l’équipe. C’est la personne qui nous fait bien jouer, qui marque les buts, s’il faut travailler il revient travailler… C’est la générosité même. Mais c’est LE joueur de l’effectif», a expliqué le coach marseillais. Et d’ajouter : «Il faut le protéger, le même au bon endroit afin qu’il garde son jus pour faire la différence. Je le connaissais, j’avais parlé avec des amis qui l’ont entraîné, je savais où il aime jouer, d’où il aime partir. Et je suis parti de là.» La base.
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Intronisé il y a un peu plus d’un mois à la tête du club phocéen, Jean-Louis Gasset a tout de suite su tirer le meilleur de l’ancien joueur de Milan, où Aubameyang avait côtoyé un certain… Gennaro Gattuso. «Quand je l’ai connu au Milan, c’était un enfant. Il avait 17 ans et moi j’avais déjà deux enfants», se souvenait le technicien italien en début de saison, après le premier but d’Aubameyang en championnat avec l’OM. «Quand des jeunes voient des joueurs comme lui qui donnent leur maximum, ils peuvent comprendre le football», avait ajouté le successeur de Marcelino à Marseille.
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Ce but face au Havre (3-0) avait permis à l’intéressé «d’ouvrir la vanne, elle était un peu rouillée», même s’il avait précédemment déjà marqué en barrages de Ligue des champions, un vain doublé face au Panathinaikos. Problème ? L’ex-Stéphanois a longtemps semblé rouillé tout court avant de trouver un rythme, d’enchaîner les buts et d’hériter du titre de joueur de Ligue 1 en décembre. «Ça n’a pas été facile, ça a été compliqué, disait-il sur Amazon Prime Vidéo après avoir hérité de ce Trophée UNFP. Ça a été dur de trouver le rythme, c’était le plus dur en fait, après une saison sans jouer. Quand il y a un joueur comme moi qui arrive à Marseille, forcément il y a de l’attente… On ne peut pas faire l’unanimité, mais il y a le travail, la détermination. Et forcément les buts en tant que numéro neuf. C’est ce qui compte énormément quand on est attaquant. Ce qu’on attend de toi, c’est de marquer. C’est ce qu’il faut faire.» Et il le fait plutôt très bien en ce moment, lui qui a inscrit huit buts et délivré deux passes décisives sous la direction de Gasset, en sept matches.
Libéré, délivré… «Individuellement, quand on est attaquant, on est heureux quand on marque (sourire). Et d’autant plus quand il s’est passé tout ce qui s’est passé… On a simplement envie de montrer… que je ne suis pas venu ici pour faire je ne sais quoi. Quand ça se passe mal, je suis le premier à ne pas être bien. Sinon je ne serais pas là, j’aurais arrêté de jouer au football (sourire)», souriait-il en fin d’année, assurant être le premier à faire son «auto-critique» et avouant avoir été «touché» par les critiques. «Je ne fais pas le début de saison que j’espérais faire, j’ai les boules», disait-il à l’époque.
Ça, c’était avant. Pierre-Emerick Aubameyang a retrouvé les qualités pour lesquelles l’OM a misé sur lui à l’intersaison, celles qui font de lui le joueur le mieux payé de Ligue 1 avec Wissam Ben Yedder en dehors de l’effectif parisien. Toutes compétitions confondues, il en est à 23 réalisations et neuf passes décisives en 39 matches. Pas mal pour un papy que certaines rumeurs annonçaient partant quelques semaines après son arrivée l’été dernier… «Commencez pas à mettre mon nom et inventez des histoires svp merci», corrigeait-il sur les réseaux sociaux, lui qui a retrouvé le sourire. «C’est mon caractère. Si je ne suis pas content, ça va se voir tout de suite. Tout le monde a l’habitude de me voir souriant et c’est une force. David Luiz (son coéquipier dans les rangs de Chelsea, NDLR) me disait souvent à l’entraînement : « si tu es souriant, content, on va gagner, tu vas marquer »», souriait-il récemment.
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Une chose est sûre : plus personne n’imagine le pousser vers la sortie à Marseille. Et lui-même n’imagine pas quitter l’OM. Pas sans avoir gagné un titre. «Partir d’ici sans trophée, j’aurais beaucoup de déception», assure-t-il sur Amazon, lui qui a signé jusqu’en 2026. Pour y parvenir cette saison, il faudrait toutefois réaliser un incroyable exploit en Ligue Europa. Il faudrait d’abord écarter Benfica en quarts de finale, puis Liverpool ou l’Atalanta en demies et Milan, la Roma, Leverkusen ou West Ham en finale. Parcours du combattant… Pas de titre en jeu ce dimanche, mais un succès face à Paris vaudrait tout l’or du monde pour les supporters. Un succès qui passera forcément par une grosse performance de Pierre-Emerick Aubameyang, le seul joueur marseillais dont le CV pourrait faire pâlir d’envie bon nombre de joueurs du Paris Saint-Germain. À lui de montrer qu’il est au niveau.