Victor Wembanyama la tête dans les étoiles. Les petites étoiles, mais quand même. Non sélectionné pour le All Star Game, pas plus que Rudy Gobert d’ailleurs, le géant (2,24m) français de San Antonio est bel et bien présent à Indianapolis, là où se déroule le All star week-end. Et plutôt deux fois qu’une. Wemby participera en effet au Rising Stars Challenge la nuit prochaine (3h du matin), aux côtés de son ancien camarade de Boulogne-Levallois Bilal Coulibaly (Washington), au sein de la Team Pau Gasol. Samedi, il sera de nouveau en piste, cette fois pour le Skills challenge (à partir de 2h du matin).
Pour ce qui est du All Star Game, il lui faudra encore attendre un peu. A priori, pas très longtemps au rythme où va le Francilien de 20 ans… Sans doute dès l’année prochaine en fait. «Je ne saute pas les étapes, c’est d’ailleurs ce qu’on m’a toujours dit. Mais ça ne m’a parfois pas empêché de les franchir au pas de course (sourire)», s’amuse-t-il, lui qui se voit encore comme «un élève de la NBA, même si je sais plus ou moins comment tout fonctionne». Et d’ajouter, sur ce que le Victor de 12 ans dirait de sa présence au All Star week-end : «Si vous m’aviez posé la question à 12 ans, j’aurais sans doute répondu “pourquoi pas plus tôt, pourquoi pas l’année précédente ?” (sourire). Quand j’étais petit, l’un de mes objectifs était de participer aux JO 2016. Je suis un peu en retard pour ça (sourire). J’avais déjà de grandes attentes à ce moment-là.»
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L’ambition n’a en effet jamais manqué à «Wemby», qui a marché sur le championnat de France la saison passée avant de débarquer comme un ouragan en NBA. Numéro 1 à la Draft, comme son numéro de maillot. Des débuts mitigés dans ses standards, avec notamment des statistiques douteuses en matière de pourcentages et des pertes de balle. C’est réglé depuis. Jeu épuré. Il a signé un mois de janvier à 24 points, 9,6 rebonds et 3,3 contres, avec 50,6% aux tirs, dont 32,4 de loin ! Trop tard pour réellement prétendre à une place au match des étoiles de dimanche, mais assez pour prendre les rênes dans la course au titre de Rookie de l’année devant Chet Holmgren, pivot américain d’Oklahoma City, deuxième à l’Ouest.
La machine est en marche. Plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. Et ce n’est que le début… «J’aimerais ressembler à Wilt Chamberlain à certains moments, il était si spécial, a-t-il indiqué, en réponse à une question au sujet de celui que l’on surnommait l’échassier. C’est un mutant, il était en avance sur son temps, qui a tellement changé le jeu…» Un peu comme le Frenchy ?
Surtout, les Spurs commencent à ressembler à quelque chose sur le plan collectif. «Les attentes ? Si on parle de mes coaches et de mes coéquipiers, elles n’ont fait qu’augmenter tout au long de la saison. J’espère que ça continuera comme ça dans les années à venir parce qu’on vise à être en play-offs rapidement et gagner», glisse-t-il. Ce ne sera évidemment pas pour tout de suite. San Antonio reste dernier à l’Ouest (11 victoires, 44 défaites) et n’a remporté qu’un de ses neuf derniers matches avant la coupure liée au All Star Game. N’empêche, ça va mieux depuis la terrible série de 18 défaites en fin d’année. Série achevée face aux L.A. Lakers (129-115) mi-décembre.
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Rappelons qu’en outre que Wembanyama, aussi talentueux soit-il, n’a que 20 ans et qu’il est toujours en phase d’apprentissage, lui dont le temps de jeu a été limité pour plusieurs semaines, en début d’année, après une entorse à la cheville. Depuis, il y a notamment eu ce premier triple-double avec 10 contres – il en avait déjà fait un avec 10 passes – et son passage du cap des 1000 points en carrière comment moments forts. Les principaux changements entre la NBA et l’Europe ? «Le niveau de talent est si incroyable… C’est dur de défendre. Les choix à faire sont différents sur le plan offensif, les positions… C’est très différent», souffle-t-il, expliquant que «chaque nouvelle étape validée est un petit acte de naissance. Il y en a eu plusieurs depuis le début de saison». On pense notamment à son carton à 38 points face à Phoenix en début de saison, face à Kevin Durant, qui «est plutôt dur à défendre, même si tu as l’impression d’avoir fait de ton mieux, il marque». C’est un peu le cas de Wembanyama, meilleur contreur de la NBA.
Un impact conséquent sur le parquet mais aussi en dehors, la NBA et les Spurs misant beaucoup sur l’international français (4 sél.) en termes de marketing. Ses maillots se vendent comme des petits pains. L’intéressé n’est pas dupe. Interrogé sur sa popularité aux Etats-Unis, il a répondu ceci : «Comment je l’explique ? Bah, je suis un mec sympa, non (rires) ? Honnêtement, il y a eu une certaine mise en avant des médias et de la NBA, qui s’explique par ma volonté de bien faire les choses et le fait que je sais m’exprimer poliment, de bien parler et que j’ai essayé, à plusieurs reprises, de me rapprocher du public américain, de parler anglais. Et en France, il y a le fait que je suis attaché au pays.» Tout bon, sur et en dehors du parquet.
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En attendant la suite de la saison en NBA, avec les JO en ligne de mire, place à la fête pour Victor Wembanyama et compagnie dans l’Indiana. Encore que, ce compétiteur pathologique n’est pas là pour blaguer. «Des conseils à mes coéquipiers au Rising Stars pour me servir dans les meilleures conditions ? Je vais garder mes secrets, je veux battre ces gars au cours de la saison», glisse-t-il, lui qui n’a pas eu le temps de s’ennuyer depuis son arrivée à Indianapolis. «Le programme a été chargé jusqu’ici, mais c’est pourquoi je suis là, plein d’expériences sympas. J’ai hâte de disputer ce match, deux j’espère (pour aller en finale). Et pour l’année prochaine, j’espère être au grand match.» Ce n’est pas le pari le plus risqué… Cette fois, le grand match, 73e du nom, ce sera sans lui. Coup d’envoi à 2 heures du matin, dans la nuit de dimanche à lundi.