Un moment d’histoire pour Victor Wembanyama, un moment d’histoire pour le basket français. De Jean-Claude Lefebvre (Minneapolis Lakers) en 1960 à Ousmane Dieng (OKC) et Moussa Diabaté (L.A. Clippers) l’an dernier, de nombreux Français ont vu leur nom appelé à la Draft NBA, la principale porte d’entrée pour les jeunes joueurs au sein de la ligue nord-américaine. Aucun d’entre eux n’était aussi attendu que Victor Wembanyama. Surtout, aucun d’entre eux n’avait eu l’honneur d’être sélectionné à la première place. C’est le cas du prodige de 19 ans. «With the first pick of the 2023 NBA Draft, the San Antonio Spurs, select Victor Wembanyama» : «Wemby» en avait «rêvé», Adam Silver a effectivement prononcé ces mots aux alentours de 2h du matin, heure française. Accompagné de ses agents, sa famille dans la «green room», le géant de 2,21m, souriant mais visiblement ému, a ensuite rejoint le grand patron de la ligue à la tribune pour une photo souvenir qui restera dans les annales, casquette de San Antonio vissée sur la tête. On y est.

Formé à Nanterre et brièvement passé par l’Asvel, le natif du Chesnay sort d’une saison XXL avec Boulogne-Levallois. MVP (meilleur joueur), meilleur espoir, meilleur défenseur, meilleur marqueur, meileur rebondeur, meilleur contreur, MVP du All Star Game : il n’a rien laissé aux autres. En plus, «ses» Metropolitans ont terminé deuxièmes de la saison régulière dernière l’intouchable armada monégasque, se hissant jusqu’en finale face à la Roca Team. Là, il n’y a toutefois pas eu de miracle pour les hommes de Vincent Collet, mais «Wemby» a largement rempli sa part du contrat, sans parler du coup de projecteur qu’il a apporté sur tout le championnat de France. Une machine destinée à gagner, à briller, à émerveiller.

Encore que, Wembanyama est finalement un peu humain aussi. Oui, c’est un monstre d’ambition. Oui, il est «fait pour cela». Oui, personne ne doutait qu’il serait sélectionné par le club aux cinq titres de champion NBA. Le nouvel élève de Gregg Popovich était pourtant ému aux larmes au moment de répondre aux questions d’ESPN, quelques instants après sa sélection. Accompagné par son petit frère Oscar et sa grande sœur Eve, il n’a pas retenu son émotion. Malgré l’absence totale de surprise, le successeur de Tim Duncan et David Robinson, respectivement numéro 1 de la Draft en 1997 et 1987 à San Antonio, Victor Wembanyama a été submergé par ses sentiments.

Rappelons que le Français drafté le plus haut jusqu’ici, c’était Killian Hayes, pris au septième rang par les Detroit Pistons en 2020. Record battu. À titre de comparaison, Tony Parker, c’était 28e choix en 2001. Rudy Gobert, le 27e en 2013. En fait, on n’avait eu que trois Bleus dans le Top 10, dont Joakim Noah, 9e en 2007. Charge à Victor Wembanyama de répondre aux attentes. Et ce ne sera pas simple sachant qu’il est annoncé comme un talent générationnel, le genre de joueur qui peut changer l’histoire d’une franchise, voire de la NBA tout entière. L’excellence comme seule option ! Certains prévoient qu’il sera le meilleur joueur de la ligue d’ici deux ou trois ans et Vincent Collet, son coach en équipe de France et chez les Mets l’imagine tourner à 20 points/10 rebonds dès sa première saison.

«C’est indescriptible, explosion d’émotion, j’avais la boule au ventre pendant les 5-10 minutes avant qu’il (Adam Silver) m’appelle, raconte Wembanyama, sur beIN SPORTS, à chaud. Franchement, c’est le premier gros accomplissement de ma vie. C’est incroyable… Les larmes ? Je sais qu’on m’a vu mais pas de souci, c’est naturel (sourire). Je ne l’avais pas senti avant mais plus on se rapprochait de l’heure, plus je comprenais que c’était la réalité. Je sais que ce n’est pas fini, je ne réalise pas encore totalement que je suis un joueur NBA. C’est une explosion !», jure-t-il, avant de confier sa joie de rejoindre les Spurs. «Tellement heureux de tomber dans cette franchise, c’est l’environnement parfait», promet-il, lui qui se rendra dans la ville texane dès ce vendredi. Et se mettre en quête d’un logement ? «C’est déjà fait», sourit-il. «Au-delà du rêve de gamin que je réalise, la fierté d’être le premier numéro 1 de la Draft français, c’est incroyable. C’est aussi pour cela que je le fais. Ça m’émeut de ouf… Je vais continuer à porter haut et fort les couleurs de la France, à apporter plein de choses à la France, des titres mais au-delà. Ce n’est que le début», promet-il.

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