Attaquants référencés en Ligue 1 depuis plusieurs saisons, Jonathan David et Alexandre Lacazette n’ont pas l’habitude de marquer le lundi. Pourtant, ce soir du 6 mai, il va falloir s’y faire. Au lendemain de l’hommage à la catastrophe de Furiani en 1992, qui implique qu’aucun match professionnel ne se déroule le 5 mai en France, le LOSC et l’Olympique Lyonnais se retrouvent à la Décathlon Arena (21h) pour ce match décalé de la 32e journée de championnat. Une rencontre importante entre deux formations en confiance, qui ont en ligne de mire le même objectif : l’Europe. À très haute altitude, Lille, 4e à deux points de Brest, convoite le podium, synonyme de qualification directe en Ligue des champions. Pendant que Lyon, un peu plus bas, espère reprendre la 7e place à Rennes et rester en course pour la Ligue Europa.
Vainqueurs de Monaco (3-2) le week-end passé, les Gones débarquent dans le Nord pleins d’ambition, avant un calendrier final plus favorable (déplacement à Clermont, réception de Strasbourg) puis une excitante finale de Coupe de France à jouer face au PSG, le 25 mai prochain. Mais plus que de l’ambition, les visiteurs auront besoin de qualité et d’efficacité s’ils veulent ramener un résultat de la forteresse lilloise, où les Dogues sont invaincus depuis le 26 septembre dernier (défaite 1-2 face à Reims).
Qui de mieux donc qu’Alexandre Lacazette pour incarner l’espoir lyonnais ? Buteur égalisateur contre Monaco puis passeur pour Malick Fofana sur le 3-2, le “Général” termine, comme l’an passé, la saison en trombe. En témoignent ses cinq réalisations, toujours décisives (Valenciennes, Nantes, Brest), lors des cinq dernières rencontres de l’OL. Le voilà désormais à 16 buts en 26 matchs de Ligue 1, proche d’atteindre la vingtaine pour la cinquième fois de sa carrière. En habitué, le capitaine lyonnais porte sur ses épaules le secteur offensif de son équipe, revenue de l’enfer jusqu’aux portes du Top 6. Depuis son retour en terre rhodanienne en juin 2022, il affole les statistiques juste derrière l’intouchable Kylian Mbappé (43 buts contre 55 pour le Parisien). Seule une distinction lui tourne encore le dos, celle des Trophées UNFP.
Dévoilé mardi dernier, la liste des cinq noms pour le trophée du meilleur joueur de la saison a convoqué Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé (PSG), Pierre Lees-Melou (Brest), Edon Zhegrova (Lille) et Pierre-Emerick Aubameyang (OM). L’absence de Lacazette a suscité de nombreuses réactions, tout comme celle de Pierre Sage dans la catégorie des entraîneurs. Interrogé sur le sujet en conférence de presse, le technicien lyonnais est resté beau joueur, adressant ses «félicitations à ceux qui sont en lice». «Je ne m’intéresse pas aux statistiques individuelles», a-t-il ajouté, espérant sans doute que son buteur Lacazette en fasse autant. Ce dernier pourra se consoler, s’il le faut, en se comparant à son alter ego du jour, nommé Jonathan David. Malgré ses 17 buts cette saison (en 31 rencontres), le Canadien de 24 ans est lui aussi absent de la liste des nommés. Sa phase aller en demi-teinte explique probablement cela, alors que les votants (les joueurs de l’élite eux-mêmes) l’avaient plébiscité l’an passé. Mais qu’importe la possible frustration individuelle, l’artificier lillois sera très attendu pour tromper la friable défense lyonnaise (15e de Ligue 1, 51 buts encaissés) ce lundi soir.
Lors de ce choc de haut de tableau à domicile, l’occasion est belle de porter son total à 18 réalisations, après avoir vécu une frustrante double confrontation face à Aston Villa en Ligue Europa Conference. En tout cas, les ingrédients semblent réunis puisque le LOSC, meilleur bilan à domicile (36 points pris sur 45 possibles), est maître chez lui. «C’est sans doute la première fois dans ma carrière qu’il y a une telle différence entre nos résultats à domicile et à l’extérieur. Nous sommes plus forts à la maison mais, honnêtement, je n’ai pas d’explication rationnelle à cela, a concédé l’entraîneur lillois Paulo Fonseca avant ce rendez-vous. On a créé une relation spéciale avec nos supporters, l’ambiance à la maison cette saison est magnifique. C’est très important pour nous. Ce sont peut-être les joueurs qui ressentent la force des supporters avec cette ambiance dans notre stade». De ce double visage lillois, David en est le parfait symbole. 13 de ses 17 pions en Ligue 1 ont été inscrits à la Décathlon Arena, Marseille, Rennes (doublé) et Le Havre (triplé) s’en souviennent encore. Le numéro 9 des Dogues ajoutera-t-il Lyon à son tableau de chasse ? Le chef des Gones Lacazette ne l’entend pas de cette oreille…