«Il n’y a pas de grandes attentes, nous voulons vraiment penser à l’avenir». À en croire le discours de Nasser Al-Khelaïfi, le Paris Saint-Germain avance avec l’innocence et la candeur d’une jeune équipe pleine de rêves mais sans pression en Ligue des champions. «La C1, c’est une longue histoire. Nous en parlerons peut-être à l’avenir», a encore expliqué le président parisien ces derniers jours, sur les ondes de la radio RMC, estimant qu’il faut être «réaliste» et qu’il reste «encore un long chemin avant d’atteindre de grands objectifs». Un virage à 180° en termes de discours, alors que les Parisiens, tombeurs de la Real Sociedad en 8es de finale (2-0, 2-1), seront fixés sur leur sort ce vendredi (12h), lors du tirage. Paris pourrait très bien tomber sur un épouvantail ou un adversaire plus abordable. Grand écart.
Une chose est sûre : «Personne ne souhaitera tomber sur le PSG», comme l’a indiqué Luis Enrique mercredi, après la qualification pour les demies de Coupe de France aux dépens de Nice (3-1). Un PSG qui fait son retour dans le Top 8 européen après deux sorties de piste en 8es ces deux dernières années et qui reste jeune et sans doute un peu léger au milieu, avec un groupe largement renouvelé l’été dernier et un nouveau coach arrivé avec de nouvelles idées, sans parler du cas Kylian Mbappé. Encore qu’il est désormais assez clair que «Lucho» ménagera le probable futur Madrilène en championnat mais, a priori, pas en C1. Pas en Coupe de France non plus du reste. «La Coupe de France ou la Ligue des champions nécessitent qu’on présente le meilleur visage de l’équipe», a glissé le coach asturien de 53 ans mardi. Et le «meilleur visage de l’équipe», c’est donc avec Mbappé, qui a montré à Saint-Sébastien qu’on peut compter sur lui pour faire le maximum en Ligue des champions, «une compétition très importante» à ses yeux.
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Toujours est-il que Paris a le talent pour avoir ses chances dans ces quarts de finale. C’est en tout cas l’ambition de Luis Enrique : «On ne doit pas s’imaginer inférieur à n’importe quelle autre équipe. La beauté du football, c’est que c’est imprévisible. On ne sait pas qui va la gagner. On veut simplement s’améliorer», souligne-t-il, lui qui tient un discours aussi positif que son président avant les rendez-vous de début avril, en quarts (9/10 à l’aller, 16/17 au retour). «On sera parmi les huit meilleures équipes d’Europe cette année mais l’objectif est de faire partie des quatre meilleures et de continuer à être compétitif, martèle-t-il encore. Il faut inverser cette tendance à la pression négative autour du club. Il faut que cela nous pousse au contraire. Je veux que les supporters, les joueurs, le club aient cette envie, cette volonté, ce souhait de faire partie des quatre meilleurs, on verra ce qui se passera au tirage au sort, mais pas de peur et ni de pression. On n’a jamais gagné la Ligue des champions, donc on n’a que de l’envie et de l’ambition.»
Il faudrait clairement plus que de l’envie et de l’ambition pour écarter les champions d’Europe sortants de Manchester City, faciles vainqueurs des Danois de Copenhague en 8es, ou le Real Madrid, lauréat de l’épreuve à 14 reprises et qui vient de sortir le RB Leipzig de Xavi Simons. D’ailleurs, personne n’a envie de tirer la Casa Blanca, mais pas que pour des raisons sportives : le dossier Mbappé créerait un malaise palpable des deux côtés…
Quid du Barça et du Bayern, deux géants pour qui la saison ne se déroule pas comme prévu et qui changeront de coach à la fin de la campagne ? L’Atlético Madrid d’Antoine Griezmann, tombeur d’une Inter Milan que certains imaginaient comme favorite pour le sacre, n’aurait rien d’une partie de plaisir. Un vrai choc des cultures entre des Colchoneros frileux et des Parisiens aventureux par nature. Arsenal ? Pas ou peu d’expérience à ce niveau de la compétition pour les Gunners, leaders en Premier League, mais de la jeunesse, du talent à revendre et de la vitesse. Ce serait l’assurance de deux affiches de haut niveau, agréables en termes de jeu et ouvertes. La bonne pioche, ce serait clairement Dortmund, face à qui Paris a pris le meilleur dans les confrontations directes en phase de groupes. C’est néanmoins le Borussia qui avait fini en tête du «groupe de la mort». Pour une fois, le club de la capitale française a toutefois eu la main heureuse au tirage pour les 8es. La Real Sociedad, ça change de Chelsea, Barcelone, Manchester City, le Real Madrid ou le Bayern Munich ! D’autant que le club basque croule sous les blessés et enchaîne les mauvais résultats en ce moment.
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En attendant, le Paris Saint-Germain a forcément un coup à jouer. Les Rouge et Bleu ne font pas partie des grandissimes favoris à la victoire finale, pas au même titre que City ou le Real par exemple, mais pourquoi ne pas rêver à un beau parcours ? Vainqueur de l’épreuve en 2015 à la tête du FC Barcelone, Luis Enrique, qui aura sans doute besoin de plus d’un an pour mettre en place son plan, appelle à rester «humble» mais à n’avoir «peur de personne». Un discours qui, combiné à celui de «NAK» retire peut-être un peu de poids sur les épaules des joueurs. «On affrontera l’équipe qu’on tirera. On va attendre (le tirage). Il faudra jouer dans tous les cas. La C1 est une belle compétition. On est tranquille, on joue notre jeu», glisse Nuno Mendes.
Moins de pression ? Peut-être, mais toujours autant d’ambition. Kylian Mbappé se verrait par exemple bien soulever la coupe aux grandes oreilles avant de partir, comme un dernier cadeau au PSG et à la France du football. Lucas Hernandez, lui, ne cache pas qu’il veut «gagner les trois compétitions» dans lesquelles Paris est encore en lice, la Ligue 1 (1er avec 10 points d’avance, le classement ici), la Coupe de France (demi-finale face à Rennes, le programme ici) et bien sûr la «Champions’». On imagine qu’Achraf Hakimi et Ousmane Dembélé sont sur la même longueur d’onde. Préparer l’avenir, oui. Mais pourquoi pas briguer les plus hauts honneurs maintenant ?
D’autant que ce ne sera peut-être pas la même limonade sans Mbappé la saison prochaine, même si le club espère attirer des joueurs de classe mondiale pendant l’été. Contrairement aux années précédentes, une élimination ne marquerait toutefois pas la fin des haricots et ne serait pas annonciatrice du psychodrame habituel. Évidemment, il y a élimination et élimination… Tout ce qui est demandé aux Parisiens, c’est de sortir sans regret, sans humiliation, sans cataclysme. Mais l’excitation est là. Elle sera à son paroxysme ce vendredi à la mi-journée, avec l’espoir de prolonger au maximum le printemps européen. Pour lancer la «nouvelle ère», ce serait un signal plus que positif. Dans ces conditions, il vaudrait peut-être mieux tirer le Borussia Dortmund que Manchester City ou le Real Madrid, c’est sûr…