«Si Brest ne se voit pas dans la peau du petit en allant jouer le PSG au Parc des Princes, c’est qu’on a passé un cap assez extraordinaire en quelques semaines, quelques mois», ironise Éric Roy. Effectivement, le Paris Saint-Germain partira avec la faveur des pronostics face au SB29 ce dimanche (20h45), en clôture de la 19e journée de Ligue 1. Comme toujours. Palmarès, budgets, individualités… Il n’y a pas photo entre les deux clubs, les deux équipes. Qui peut en douter ? Ce ne sera toutefois pas une affiche comme les autres. Et elle ne sera peut-être pas aussi déséquilibrée qu’il y paraît sur le terrain.

Il suffit de prêter attention au classement de L1 : PSG-Brest, c’est le premier contre le troisième. À la fin de l’été, naviguer en haut de la hiérarchie nationale est une chose. Fin janvier, c’en est une autre. «Ils ne sont pas troisièmes par hasard», confirme Luis Enrique, affirmant que «ce match motive beaucoup» les Parisiens et imaginant que les Brestois «joueront pour gagner». Le technicien espagnol n’a sans doute pas tort. Moribond, sans ressort et relégable au moment de la nomination d’Éric Roy, début 2023, le Stade brestois s’est sauvé confortablement la saison dernière avant de débuter la campagne 2023-24 sur les chapeaux de roues. Seulement solides au départ, les Bretons montrent bien d’autres choses ces dernières semaines, ces derniers mois. «Les résultats font qu’il y a une petite hype autour de Brest, le mérite en revient aux joueurs. On ne va pas s’en plaindre, même s’il ne faut pas que ça perturbe, que ça mette plus de pression», jure coach Roy, assurant qu’il y aura «la volonté d’être acteur de cette rencontre».

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Et donc de ne pas donner le bâton pour se faire battre. Brendan Chardonnet, Pierre Lees-Melou et compagnie ne sont pas connus pour se coucher facilement. Une équipe de guerriers. Le PSG a payé pour voir à l’aller, malgré sa victoire 3-2 à Francis-le-Blé. Les Parisiens avaient mené 2-0 à la demi-heure de jeu avant d’être rejoints au score et de souffrir dans le jeu. Une partie accrochée, tendue. Auteur du penalty vainqueur dans le final, Mbappé avait même chambré le public prétextant des insultes envers Achraf Hakimi. Esprit de revanche dans les rangs brestois ? «Non, ce ne sont pas de bons leviers, note Éric Roy. J’espère juste que ce sera moins cruel, c’est tout». Ses joueurs voient peut-être les choses différemment à ce sujet… Bref, c’était tout sauf une balade de santé pour le PSG. Et des regrets pour les Brestois, qui avaient une occasion en or de mettre fin à une série de… 14 défaites face au club de la capitale. Dernier succès brestois ? Le 26 janvier 1985 (3-1).

C’est le genre de statistique que les joueurs bretons ont certainement en tête, eux qui aiment se donner ce genre de petit défi au cours d’une saison qui pourrait bien être historique. Brest n’a jamais terminé plus haut que la huitième place. C’était lors de la saison 1986-87. «L’état d’esprit est positif, on est sur une bonne dynamique. Aller au Parc, c’est toujours un match particulier pour les joueurs, monter à Paris… Encore plus maintenant qu’ils dominent nettement le championnat. Après, il n’y a pas de pression à avoir, c’est plutôt un privilège de se déplacer au Parc avec 34 points en 18 journées. J’ai envie qu’on croque dans ce match à pleines dents et qu’on joue comme on sait le faire», martèle Éric Roy, qui n’avait plus entraîné depuis 10 ans, à Nice.

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Et d’ajouter : «On a l’ambition de leur poser des problèmes». L’ancien milieu de terrain ne pavoise pas pour autant avant de se frotter à l’ogre parisien, assurant que «l’objectif est de finir le match sans regret» et se préparant «à tous les scénarios, y compris un match très compliqué avec une défaite large». Il a néanmoins une petite idée derrière la tête. «Ça reste un match de football, le sport où le favori gagne le moins souvent… Il faut se raccrocher à ça. C’est un sport qui génère beaucoup d’incertitude. On espère qu’on sera capable de pousser cette incertitude au maximum», affirme l’ex-joueur de l’OM, malin.

À défaut de relancer le suspense en vue du titre de champion de France, un succès breton en terres parisiennes représenterait un sacré coup de tonnerre, c’est sûr. «Il faut déjà prendre les quelques points qui manquent pour assurer le maintien. Et on verra si on est capable de faire mieux. On ne va pas s’enflammer», glisse Éric Roy, pour qui la perspective de jouer l’Europe la saison prochaine fait autant «envie que peur». Pour Paris, leader avec cinq points d’avance sur Nice (qui a battu Metz samedi) et neuf sur Brest et Monaco (qui a ramené un point de Marseille samedi), une contre-performance ne serait pas rassurante à moins de trois semaines de la réception de la Real Sociedad en 8es de finale aller de Ligue des champions (14 février)… Les absences conjuguées de Kang-in Lee, Achraf Hakimi (sélection), Milan Skriniar, Nuno Mendes et Presnel Kimpembe (blessés) ne pourront pas servir d’excuse. À noter que les Brestois débarquent sur les bords de la Seine avec toutes leurs forces vives pour cette affiche inattendue.

Bonne nouvelle ? Le perdant – s’il y en a un – aura vite l’occasion de se refaire. Hasard du calendrier, les deux équipes se retrouveront le 7 février, de nouveau au Parc des Princes, en 8es de finale de Coupe de France. «J’aurais préféré tomber contre Al-Nassr», grince Éric Roy, faisant référence aux récents propos de Cristiano Ronaldo sur la Ligue 1. Et d’ajouter, plus sérieusement : «Mais c’est le PSG. On aurait pu espérer mieux mais on fera avec. Le plus important des deux matches ? C’est toujours le prochain. Donc c’est celui de dimanche, contre ce qui se fait de mieux dans notre championnat. Ce sera un challenge très excitant mais difficile à relever». Mission impossible ?