Cette première partie de saison n’a pas été simple à gérer pour la direction du club niçois. Au procès de l’ancien entraîneur, Christophe Galtier, jugé pour harcèlement et discrimination, essentiellement contre des joueurs musulmans, qui s’est déroulé vendredi, soit 24 heures avant la défaite concédée au Havre (3-1), a succédé celui de Youcef Atal, lundi, 48 heures avant la réception des Lensois.

L’international algérien, 101 matches de L1 avec les Aiglons, était jugé pour «provocation à la haine à raison de la religion», après avoir partagé une vidéo de 35 secondes appelant à «un jour noir sur les juifs». Si le joueur a plaidé la maladresse, le parquet a requis dix mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende à son encontre.

Il connaîtra le verdict le 3 janvier prochain. Et s’il est peu probable de le revoir rejouer pour Nice tant cet épisode a pris de l’ampleur, notamment politique, sa situation a plombé l’ambiance d’un vestiaire où il est un coéquipier apprécié.

Contre Lens, l’attitude de chaque Niçois sera scrutée, notamment celle des plus proches d’Atal. Car samedi dernier, celle de l’international français Jean-Clair Todibo, exclu après avoir violemment réagi à l’encontre de Samuel Grandsir auteur d’une faute qui l’a quand même blessé, a trahi la nervosité ambiante.

Les rapports de Todibo avec Galtier avaient, en effet, longuement été évoqués au tribunal correctionnel à la veille. De quoi affecter un joueur. Si l’entraîneur niçois Francesco Farioli avait alors repoussé d’un revers de manche le problème, il admet désormais la complexité de la situation globale.

«On a connu des moments très compliqués ces derniers mois avec, notamment, des soucis extra-sportifs très difficiles à gérer», convient-il, en faisant également référence à la grande détresse vécue par Alexis Beka Beka, qui menaça de se suicider fin septembre, et à la peur qui s’ensuivit au sein du club.

Ce contexte pesant a de quoi amplifier l’usure mentale déjà apparente sur le pré, en cette fin de phase aller. «Il peut y avoir de la fatigue, souligne Farioli. Notre style de jeu demande courage et efforts. Pour être dominant, il n’y a jamais un moment de repos sur le terrain, avec ou sans ballon. Cela demande énormément d’énergie.»

Son capitaine, Dante, est plus disert sur la question. «La fatigue est mentale, mais elle rejaillit sur le physique, explique-t-il. Si ta tête n’est pas fraîche, tu n’y arriveras pas, même si le physique est au top. Contre Reims (2-1), par exemple, on a fini en tirant la langue.»

«Cette fatigue n’est pas uniquement due au modèle de jeu, insiste-t-il. C’est un tout: jouer le haut du tableau et garder la distance avec les poursuivants coûte beaucoup d’énergie. Je ne me souviens pas d’un match gagné en gérant les 20 dernières minutes. Quand tu finis avec un seul but d’avance, que l’adversaire pousse et que tu joues sur un fil sans pouvoir te louper, ça pèse énormément.»

«Alors tu peux perdre un peu de lucidité, tu fais des choses qui n’étaient pas programmées», enchaîne-t-il encore, avant de demander aux siens de «refaire un ’’clean sheet’’» (un match sans prendre de but). Le Brésilien tempère cependant le constat, jugeant que «Nice n’a loupé qu’un match cette saison», le dernier.

Délibérément positif et heureux déjà d’avoir assuré à la trêve «un podium inespéré en début de saison», le jeune quadra estime même l’équipe capable de «retrouver la fraîcheur mentale» et «un esprit revanchard» contre Lens «concurrent direct» dans «un match à six points».