Pau, Rodez ou Concarneau. Voilà les villes que va découvrir l’Olympique Lyonnais la saison prochaine, en Ligue 2, s’il continue à ce rythme. Dimanche, le club rhodanien a subi une nouvelle déconvenue à Lille (0-2) en clôture de la 13e journée de L1. Seule équipe du championnat à une seule victoire, l’OL est bon dernier à quatre points du 16e et barragiste, Lorient (qui a un match en plus). Au-delà du bilan comptable, c’est l’impression visuelle et l’atmosphère autour de Lyon qui font angoisser ses plus fidèles supporters, conscients qu’il n’y a plus de capitaine à bord du navire.

Face au LOSC, Fabio Grosso a pourtant tout essayé. Peut-être trop, d’ailleurs. L’OL a commencé avec une défense à quatre, avant de basculer à cinq derrière, puis de nouveau à quatre sur la fin de match. Aucun dispositif n’a permis à ses ouailles de maîtriser leur sujet face au 4e de L1. Sur les quatre derniers matches, Grosso a effectué sept changements à la mi-temps. En sept matches sur le banc, il n’a jamais aligné le même onze de départ. «Je ne me sens jamais perdu», a-t-il pourtant juré au micro d’Amazon Prime Video. «On fait totalement confiance à l’entraîneur qui sait ce qu’il fait et ce qu’il veut. Il faut essayer de le suivre», a défendu tant bien que mal Skelly Alvero dimanche soir.

Le milieu de 21 ans, recruté l’été dernier à Sochaux, a pointé un «manque de réalisme» et une «spirale à casser au plus vite». En conférence de presse, Grosso a insisté sur le manque de «confiance», évoquant un «milieu très jeune qui n’arrive pas, dans la difficulté, à faire de bonnes lectures». L’Italien n’a pas tort : l’OL est l’équipe de L1 avec le plus grand écart entre son nombre de buts (8) et son nombre d’«expected goals» (15,5), statistique qui mesure le nombre de buts qui «auraient dû» être marqués en fonction de la qualité des occasions.

Mais Grosso était aussi attendu pour redonner confiance au groupe lyonnais. «L’ambiance dans le vestiaire ? Ça reste dans le vestiaire mais c’est quand même compliqué», n’a pas caché Alvero. La seule victoire lyonnaise de la saison, à Rennes il y a deux semaines (0-1), s’est faite contre une équipe en crise, qui s’est séparée de son entraîneur Bruno Genesio dans la foulée, et qui a joué à dix contre onze pendant 85 minutes sur 90. La solidarité née du caillassage du car à Marseille, qui semblait avoir soudé les liens entre Grosso et ses joueurs, ne se traduit pas sur le terrain. «Aujourd’hui on replonge un peu tout en espérant que ce ne soit pas… la fin, quoi», craint Alvero en référence à la relégation possible d’un club septuple champion de France. Et les leviers pour rebondir sont désormais rares.

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Aussi désorienté Grosso a-t-il l’air, difficile pour l’OL de le limoger. Qui mettre à sa place ? Quel pompier de service prendrait le risque ? À l’instar de ce qu’ont connu Bordeaux et Saint-Étienne, relégués il y a un an et demi, l’OL est dos au mur. Son effectif, conséquence d’un mercato estival désastreux, paralysé par une mauvaise gestion financière, n’offre que peu de marge. Ex-internationaux français formés au club, Corentin Tolisso et Alexandre Lacazette devaient amener un regain d’identité et d’expérience. Selon Le Progrès, ils pourraient être vendus dès janvier. Le propriétaire, John Textor, a promis des recrues cet hiver pour impulser une nouvelle dynamique.

«Comme vous le savez, en janvier, nous n’aurons aucune limite en matière de gouvernance sur notre capacité à renforcer l’équipe. Soyez assurés que je ne permettrai jamais à ce club de perdre son prestige», avait annoncé l’homme d’affaires américain le 1er octobre dernier. Reste à savoir qui sont les joueurs en perdition dans leur carrière pour être prêts à accepter le défi d’une mission commando à Lyon, qui peut encore creuser d’ici-là. L’OL se déplace à Lens, invaincu depuis 12 matches, samedi prochain, avant d’enfin affronter Marseille au Vélodrome (6 décembre), et doit aussi se déplacer à Monaco, 3e de L1, le 15 décembre. Le calvaire ne fait peut-être que commencer.