Coups de cœur

Le petit-fils de Mariano (professionnel de 1971 à 1981, vainqueur de 2 étapes sur le Tour, maillot à pois en 1980) et fils de Miguel (médaillé d’or aux JO en VTT en 2000, pro au début des années 2000), considéré comme l’un des grands espoirs de l’équipe Groupama-FDJ disputait en septembre son premier grand Tour. Il a su s’illustrer et se faire un prénom en portant le maillot rouge de leader de la Vuelta durant deux jours (avant de terminer 24e du classement général final).

Il rêvait d’une sortie réussie, il a été fidèle à sa légende. Généreux, compétitif (5e du classement général final du Giro, 11e du classement général final du Tour), Thibaut Pinot (33 ans) a fait battre le cœur de ses spectateurs lors de l’avant-dernière étape de la Grande Boucle (avec un virage envahi dans le Petit Ballon) et lors du Tour de Lombardie. Pour des farandoles émouvantes, un corps à corps inoubliable. Une sortie réussie.

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Attaquant né, le Néerlandais a éclairé un championnat du monde diabolique à Glasgow. Au terme d’une course par élimination, Mathieu Van der Poel a placé une attaque tranchante à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, décroché Pogacar, Van Aert et Pedersen pour filer ventre à terre. Mais le petit-fils de Raymond Poulidor n’était pas au bout de ses émotions. Une chute dans un virage, une chaussure cassée ont joué avec ses nerfs, laissé tomber un intense suspense. Avant la libération et le triomphe arc-en-ciel. Pour célébrer une saison faste marquée par des succès prestigieux sur Milan-San Remo et Paris-Roubaix.

14e du Giro, 12e du Tour en jouant le rôle d’équipier précieux, dévoué, l’Américain Sepp Kuss a pu aller au bout de son rêve en remportant la Vuelta (devant ses équipiers de Jumbo-Visma, Jonas Vingegaard et Primoz Roglic). La consécration pour un fidèle. La morale étant sauve, les têtes d’affiche de l’équipe rangeant finalement leur ambition pour laisser parader le premier Américain vainqueur d’un grand tour depuis Chris Horner (Tour d’Espagne 2013).

Les années passaient et rappelaient le manque de réussite de l’équipe nordiste sur le Tour de France. Cofidis courait après une victoire d’étape sur la Grande Boucle depuis 2008. L’équipe nordiste en a remporté trois. Avec Victor Lafay (parti sous la flamme rouge à Saint-Sébastien) et Ion Izagirre (en solitaire à Belleville-en-Beaujolais). Pour tordre, avec éclat, le cou à une malédiction tenace. Et récompenser le travail patiemment mis en place par le manager Cédric Vasseur.

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Coups de griffes

Le cyclisme est une discipline dangereuse. L’année 2023 nous l’a tristement rappelé. En juin dernier, dans les derniers kilomètres de la 5e étape du Tour de Suisse, Gino Mäder (Bahrain-Victorious) a chuté dans un ravin. Retrouvé «inerte» dans un ruisseau, le Suisse a «immédiatement» été réanimé par le personnel médical avant d’être héliporté vers un hôpital. Malheureusement, le grimpeur vainqueur d’étape sur le Tour d’Italie en 2021 a finalement succombé à ses blessures quelques heures plus tard, à seulement 26 ans et avec l’avenir devant lui…

Et un et deux et trois Grands Tours. En 2023, Jumbo-Visma n’a laissé que des miettes à ses adversaires sur les courses de trois semaines, s’imposant sur le Tour d’Italie par l’intermédiaire de Primoz Roglic, remportant le Tour de France grâce (encore) à Jonas Vingegaard et décrochant le Tour d’Espagne avec l’inattendu Sepp Kuss. Et si les amateurs de cyclisme ont eu droit à un peu de suspense de l’autre côté des Alpes et sur la Grande Boucle – du moins avant la dernière semaine –, ce ne fut pas le cas sur la Vuelta Ciclista a España tant la formation néerlandaise a assommé la course, terminant (facilement) aux trois premières places du classement général…

Durant plusieurs semaines, la planète cyclisme a été agitée par une rumeur. Plus qu’une rumeur, ce fut un véritable projet. Et quel projet ! Celui d’une fusion entre deux des meilleures formations du peloton professionnel : la Jumbo-Visma de Jonas Vingegaard et Wout van Aert et la Soudal-Quick Step de Remco Evenepoel et Julian Alaphilippe. Finalement, cette volonté de rapprochement – qui aurait complètement bouleversé le monde de la Petite Reine – a été abandonnée, sans doute en raison de la complexité du dossier. Pour le plus grand plaisir des autres équipes…Et de ceux qui auraient probablement perdu leur emploi dans l’opération.

Ils étaient (très) attendus et ont légèrement déçu. Julian Alaphilippe et David Gaudu n’ont pas eu les résultats espérés en 2023. Le premier, malgré un début de saison encourageant, n’a pas réussi à se hisser au niveau des meilleurs sur les classiques flandriennes et ardennaises ; et sur le Tour de France, il n’a jamais véritablement pesé sur la course…contrairement aux saisons précédentes. Le second, après son remarquable Paris-Nice (2e), visait le podium sur la Grande Boucle ; mais il en a été (très) loin (9e du classement général). Nul doute que l’on devrait les retrouver sur le devant de la scène en 2024 !

Pour sa dernière saison sur route, Peter Sagan s’est montré discret. Bien trop discret. Et en particulier sur le Tour de France – épreuve sur laquelle il a gagné douze étapes et remporté le classement par points à sept reprises depuis ses débuts – où il n’est pas parvenu à faire mieux qu’une (décevante) huitième place. «Après ce Tour-là, je comprends que c’est mieux de partir», assurait-il à Paris. Le monde du cyclisme espérait toutefois une meilleure sortie, à l’image de celle de Thibaut Pinot. Heureusement, les amateurs de la Petite Reine auront l’occasion de le voir en VTT en 2024…et notamment sur les JO de Paris !