Des lignes agressives et épurées, un look futuriste avec un cockpit étroit et fermé qui semble avoir été emprunté à un avion de chasse avec, à l’arrière, un aileron affiné et bas : l’Automobile Club de l’Ouest, organisateur des 24 Heures du Mans, a dévoilé ce mercredi à Paris les premières images très prometteuses du nouveau prototype électrique et hydrogène. Son nom ? Il n’en a pas pour le moment. Mission H24, le programme en charge du développement de ce bolide qui va contribuer à décarboner la compétition automobile, le baptisera le 13 novembre après avoir recueilli les suggestions des fans sur les réseaux sociaux.

Ce prototype n’est pas le premier à sortir des bureaux de Mission H24. Les hommes de Jean-Michel Bouresche, à la tête du projet, avaient déjà lancé en piste la LMPH2G (en 2018) et la H24 (en 2020). Mais il sera incontestablement le plus abouti avec l’intégration de nouveaux éléments plus performants : un système de pile à Hydrogène nouvelle génération d’une puissance nette maximale de 300 kw, deux réservoirs embarquant 7,8 kg d’hydrogène permettant une autonomie en course d’environ 30 minutes, un moteur électrique (contre deux dans la H24) qui propulse les deux roues arrière ainsi qu’une batterie lithium haute performance de 80 kg qui s’est allégée de 12 kg.

Mais le prototype dont on connaît déjà le poids approximatif (1300 kg, soit un gain de 150 kg par rapport à la H24) et qui devrait être capable d’aller taquiner les 320 km/h au compteur grâce à une meilleure aérodynamique (soit 25 km/h de plus que le précédent prototype enregistré à 294 km/h dans la ligne droite des Hunaudières) ne roulera pas tout de suite. Le design, très réussi et qui «ne devrait pas beaucoup bouger» selon les équipes de Mission H24, sera figé en mars 2024 et la maquette finalisée trois mois plus tard. Le moteur sera assemblé en octobre 2024 et sera soumis au banc d’essai dans la foulée. Les premiers tours de roue interviendront en janvier 2025.

«La voiture n’est pas destinée à disputer les 24 Heures du Mans, nous ne sommes pas un grand constructeur. On souhaite que cette voiture de course se batte avec les GT3 en Michelin Le Mans Cup ou en European Le Mans Series mais elle n’aura pas les performances ni l’autonomie lui permettant de faire les 24 Heures du Mans», explique Pierre Fillon, le président de l’Automobile club de l’Ouest.

Avec ce programme ambitieux, l’objectif de l’ACO est double : montrer d’abord que l’hydrogène est une solution crédible pour le futur en termes de compétition sportive mais aussi de mobilité pour le commun des mortels et créer à l’horizon 2026 une catégorie réservée à l’hydrogène. Les voitures de nouvelle génération devront être capables de rivaliser avec les technologies actuelles des Hypercars hybrides du Championnat du monde d’Endurance qui utilisent un carburant 100% renouvelable issu du recyclage de la biomasse résiduelle de la viniculture. «Cela reste une technologie un peu plus chère que l’actuelle mais à l’horizon 2030, si on a quatre constructeurs à hydrogène, ce sera déjà un beau résultat, éclaire Pierre Fillon. Toyota pourrait être seul à être engagé en 2026 mais il y a un autre constructeur qui travaille aussi sur le dossier… Mais l’idée est bel est bien que Toyota se batte dès 2026 ou 2027 pour la victoire.»