Émotions, gags, déclarations, coups de sang ou coups de gueule. Le monde du sport a été émaillé par de nombreuses scènes lunaires, drôles et inédites cette année. Que cela soit en football, rugby, tennis, cyclisme ou encore en basket, retrouvez la sélection non exhaustive du Figaro.

Le 9 novembre dernier, le Toulouse FC réalisait l’incroyable exploit de faire tomber Liverpool en Ligue Europa (3-2) à domicile. À l’issue de la rencontre, les chants des fans occitans, célébrant cette victoire exceptionnelle face au club six fois vainqueur de la Ligue des champions, ont dérangé l’entraîneur des Reds Jurgen Klopp en conférence de presse. À tel point que le coach allemand de 56 ans n’entendait aucune question des journalistes présents. «Qui a eu l’idée d’organiser la conférence de presse ici ? Ce serait intéressant de savoir… wow», avait lâché l’ancien technicien de Dortmund, visiblement agacé par cette scène cocasse.

Le 3 décembre dernier en Premier League, 95e minute de jeu entre Manchester City et Tottenham. Le score est de 3-3 entre Cityzens et Spurs lorsque Erling Haaland, après avoir résisté à un tacle glissé, lance son coéquipier Jack Grealish dans la profondeur. L’Anglais part seul au but mais un coup de sifflet de Simon Hooper, l’arbitre de la rencontre, stoppe cette ultime action mancunienne. Bien inspiré de laisser l’avantage aux Skyblues dans un premier temps, l’homme en noir a finalement sifflé à retardement, provoquant l’hystérie des joueurs de Pep Guardiola et surtout d’Erling Haaland. Le Norvégien s’est précipité devant l’arbitre pour manifester sa colère avant de réagir à la polémique sur X (anciennement Twitter), quelques minutes après la rencontre. «Wtf» («What the Fuck») avait simplement écrit le 2e du dernier Ballon d’Or 2023, dans l’incompréhension et l’étonnement le plus total.

Le 26 août 2023, l’entraîneur de Chelsea Mauricio Pochettino, présent en conférence de presse, semble ne plus savoir qui est Malang Sarr, un des joueurs de son effectif. Une scène drôle et lunaire pour l’entraîneur de 51 ans, qu’on peut justifier par le recrutement sans limite de Chelsea qui empile les joueurs depuis deux ans. Difficile d’y voir clair pour l’Argentin dans son effectif. «Qui ? Qui est-ce ? Je ne sais pas quoi vous dire. Je ne sais pas car vous m’avez surpris et donc je suis sonné. C’est comme si vous m’aviez donné un coup de poing sans prévenir», s’était justifié Pochettino pour s’extirper de cette situation délicate .

En grande difficulté depuis le début de saison, l’Olympique Lyonnais est sorti de la zone de relégation et relève peu à peu la tête depuis quelques semaines. Le 3 septembre dernier, après la gifle reçue à domicile face au PSG (4-1) en Ligue 1, les supporters lyonnais s’étaient adressés aux joueurs qui étaient venus à leur rencontre à l’issue du match. «Le message s’adresse à vous, le message est clair : s’il y a des cadres dans ce vestiaire, ils n’ont plus le droit de se taire, explique le chef des Bad Gones dans le Virage Nord. Vous portez le maillot de l’Olympique Lyonnais.»

Parti dans un monologue, le kapo des Bad Gones n’avait pas hésité à interpeller directement les joueurs. «Eh, pas la peine de cacher ta bouche derrière tes doigts, si tu veux dire un truc on peut discuter. Pour le moment, vous m’écoutez, vous nous écoutez. Vous portez le maillot de l’OL. D’autres avant vous l’ont glorifié, vous n’avez pas le droit de le salir. Maintenant, le mercato est terminé. L’effectif est là.» Le supporter rhodanien avait tout de même fait attention à ne pas effriter le lien entre les fans et les joueurs de l’OL. «On ne demande qu’une seule chose : être à vos côtés. Pour cela, il faut le mériter. On veut chanter vos noms avec amours, pas comme ceux des trois petites salo*** qui ont quitté notre club les six derniers mois (Malo Gusto, Castello Lukeba, Bradley Barcola). On veut chanter vos noms avec respect et amour. On attend de vous que vous respectiez le maillot, que vous vous arrachiez sur le terrain.» Heureusement, depuis, le ciel s’est éclairci du côté de Lyon et une pareille scène ne devrait pas se reproduire.

Comme souvent ces dernières années, Thibaut Pinot a crevé l’écran. Le chouchou du public français a pris part à sa dernière saison de cyclisme, et n’a pas raté ses adieux avec les supporters tricolores. La séquence s’est déroulée sur le Tour de France, le 22 juillet dernier, lors de l’avant-dernière journée de. Des milliers d’« Ultras Pinot » se sont réunis dans les Vosges, à deux kilomètres du mythique col du Petit Ballon, pour célébrer leur champion, et lui rendre un dernier hommage. Et le scénario n’aurait pas pu être plus beau. Aux avants postes toute la journée et avec des fourmis dans les pieds, le coureur de la FDJ a fendu « son » virage en tête, au milieu de ses milliers de fans. À l’image de Marc Madiot, son iconique directeur d’équipe, difficile de contenir ses émotions à la vue du Franc-Comtois fendant la foule pleine balle. S’il a vécu de nombreuses déceptions sur la Grande boucle, ce souvenir devrait lui mettre du baume au cœur.

Si le XV du Trèfle a vu sa route stoppée en quart de finale de la Coupe du monde par les All Blacks, ce n’est pas la faute de ses supporters. Tout au long de la compétition, les Irlandais ont poussé leur équipe avec passion. Un chant est d’ailleurs devenu leur hymne officieux dès le troisième match face à l’Afrique du Sud (victoire 13-8). À la fin de la rencontre, l’ensemble du Stade de France, en vert pour l’occasion, a repris en chœur la chanson «Zombie» des Cranberries. Un moment de communion savouré par les acteurs du match, à l’image du capitaine Jonathan Sexton :«Je n’avais jamais vu un public comme celui-ci ». Et malgré l’élimination lors des phases finales, ils ont remis le couvert une ultime fois.

Lorsque les qualités d’Olivier Giroud sont évoquées, elles tournent généralement autour de l’attaque : un jeu de tête impressionnant, un flair de renard des surfaces… pourtant face au Genoa lors de la huitième journée de Série A, le buteur français s’est fait remarquer dans un autre secteur. Après que Mika Maignan ait écopé d’un carton rouge en fin de match, c’est le buteur milanais qui a dû prendre sa place dans les buts. Et loin de pénaliser son équipe, il a même signé un arrêt déterminant, permettant aux siens de s’imposer. Dans la semaine qui a suivi, les réactions ont été nombreuses, à tel point qu’il a été élu meilleur gardien du championnat italien ! L’AC Milan a même mis en vente des maillots de gardien floqués Giroud. Pas sûr toutefois que Didier Deschamps lui donne une chance à ce poste en sélection.

Eh non, ce n’était pas une épreuve paralympique. Le 2 octobre dernier se déroulait la Famenne Ardenen Classic en Belgique. Le sort de la course s’est déroulé au sprint, qu’Arnaud De Lie semblait avoir assommé. Mais à quelques mètres de l’arrivée, le Belge a «déchaussé» en perdant le contrôle d’une pédale. En pédalant d’une seule jambe, il est malgré tout parvenu à franchir la ligne d’arrivée en tête. Une victoire qu’il a racontée au micro d’Eurosport : «J’aurais gagné assez facilement sans ça. Ma plaque de cale a cassé, ce n’était pas de chance. Je peux en rire, si j’avais perdu, j’aurais eu le seum comme on dit. J’ai déraillé, j’ai essayé de remettre la chaîne en même temps que de pédaler.»

Des images plus lunaires que drôles. Le 15 novembre, le pivot français Rudy Gobert a été étranglé par l’ailier-fort des Warriors Draymond Green, exclu logiquement, lors d’une bagarre au début du match entre Minnesota et Golden State (104-101), en NBA. La partie à peine engagée, alors qu’aucun point n’avait été marqué, une échauffourée a éclaté entre Jaden McDaniels (Minnesota) et Klay Thompson (Golden State). Gobert est alors rapidement intervenu pour les séparer lorsqu’il a été violemment serré à la gorge avec le bras, par-derrière, par Green pendant plusieurs secondes pour une altercation impressionnante et rare en basket.

Suspendue cinq matchs pour ce geste et coutumière des coups de sang, la star des Warriors (33 ans) a récidivé, le 13 décembre dernier, en assénant un coup de poing au pivot des Suns de Phoenix, Jusuf Nurkic. La NBA l’a suspendu «jusqu’à nouvel ordre » en prenant «en compte l’historique de ses actes antisportifs ». Rendez-vous en 2024 pour se calmer Monsieur Green.

Vous avez dit mauvais perdant ? Direction le tennis et la terre battue. Un temps chouchou du public français depuis un huitième de finale atteint à Roland-Garros en 2020, Hugo Gaston s’est illustré en 2023 avec deux titres glanés en Challenger, à Iasi (Roumaine) et Trieste (Italie). Mais du côté de Vérone en juillet, le Toulousain a fait parler de lui de la mauvaise manière.

Déjà sanctionné plus tôt dans la saison par l’ATP pour un geste d’antijeu, le 104e joueur mondial s’est ridiculisé lors d’une rencontre face à l’Argentin Marco Trungelliti. Alors mené 6-3, 2-6, 2-5 et 0-40, sur son service, Gaston a préféré abandonner plutôt que d’essayer de sauver les trois balles de matchs contre lui. Original mais très peu classe.

2 juin 2023. 38e journée de Ligue 2. Menant 1-0 face à Dijon, le HAC s’apprête à célébrer sa remontée dans l’élite du football français mais il reste 30 secondes à jouer. Moment choisi, un peu trop tôt, par les supporters des Ciel et Marine pour envahir la pelouse du Stade Océane. Problème, le coup de sifflet final n’a pas encore retenti. L’entraîneur havrais Luka Elsner, furieux, s’agite dans tous les sens et demande au public de remonter en tribunes. L’arbitre Romain Lissorgue renvoie alors les 22 acteurs aux vestiaires et le risque d’un match arrêté existe.

Finalement, la rencontre reprendra un quart d’heure plus tard… sans les Dijonnais de Pascal Dupraz, jamais revenus sur le pré. Cinq secondes plus tard, c’est la véritable libération pour les joueurs du Havre et leurs supporters. La montée en Ligue 1 est validée dans l’ivresse après la grande confusion.

Sous un temps clément mi-novembre, le triathlète Emmanuel Texier a été rejoint par des sangliers pendant un entraînement de course à pied à Talmont-Saint-Hilaire, en Vendée. Surpris mais pas apeuré, le licencié du LSVT (Les Sables Vendée Triathlon) a filmé la scène avec son téléphone. Les images insolites ont été relayées par Les Sables Vendée Journal.

«Le plus drôle, comme je ne suis pas très grand, c’est que mon surnom dans le club de triathlon des Sables, c’est le sanglier», explique Emmanuel Texier, suivi par les animaux pendant de longues minutes. Il était accompagné de sa femme, qui «a pris peur et est immédiatement partie se cacher». Le charme de la campagne.