Durant les fêtes de fin d’année, la rédaction des sports du Figaro vous livre une série sur les «braqueurs» de l’année sport, ces personnalités ou entités pas forcément attendues et qui ont fait parler en 2023. Ce jour, la partition somptueuse d’Alcaraz face à Djokovic en finale de Wimbledon.
Il fallait un OVNI comme lui pour terrasser le patron Djokovic et ses dix ans d’invincibilité sur le Centre Court. Le maître des lieux subissant la foudre d’un gamin, sans complexe, le plus fort en cinq sets (1-6 7-6 6-1 3-6 6-4). Un duel d’anthologie de 4h42. De ces finales qui restent dans les mémoires. Les puristes la placeront derrière le Nadal Federer de 2008 ou le Borg McEnroe de 1980, voire le Djokovic – Federer de 2019. N’empêche, c’est un grand moment de l’histoire du tennis qui s’est déroulé sous nos yeux ébahis le 16 juillet 2023. Un chef d’œuvre de presque cinq heures où l’intensité n’est presque jamais retombée. Un duel épique qui a conforté qu’Alcaraz est un génie en herbe. A 20 ans, il est devenu le troisième plus jeune vainqueur du tournoi après Boris Becker et Bjorn Borg. En déboulonnant la statue Novak Djokovic de son jardin de Wimbledon, l’Espagnol a concrètement pris les commandes du tennis mondial s’est offert un deuxième sacre en Grand Chelem et a privé l’insatiable serbe d’une 8e titre sur le gazon londonien.
Et dire que l’élève de Juan Carlos Ferrero n’avait disputé que trois tournois sur gazon avant. Ses slices, ses retours chipés, son jeu au filet ont estomaqué tout le monde. Y compris sa victime en finale Novak Djokovic. «Je ne m’attendais pas à ce qu’il joue si bien sur gazon. Il a surpris tout le monde par la façon don il s’est adapté au gazon cette année alors qu’il n’avait pas beaucoup de victoires sur cette sur cette surface ces deux dernières années (..) Tout le crédit en revient à Carlos. Il a été incroyable dans les moments importants. Pour quelqu’un de son âge, maitriser aussi bien ses nerfs, joueur un tennis d’attaque et terminer le match comme il l’a fait… Je pensais avoir bien retourné sur le dernier jeu de la parie mais il a réussi des coups incroyables.»
Et dire que le prodige a perdu le premier set 6-1 en 35 minutes face au meilleur joueur de l’histoire. Et dire qu’un mois auparavant, après une victoire dans la douleur au premier tour du Queen’s face au Français Arthur Rinderknech (4-6, 7-5, 7-6 [3]), le Murcien soufflait un peu hagard : «Vous savez, je n’ai joué jusqu’à présent que deux tournois sur herbe dans ma carrière, et aujourd’hui ce n’étais que mon septième manche. Donc j’ai besoin d’heures sur le court, de jouer le plus plus possible pour m’habituer à la surface et emmagasiner de l’expérience».
Il a vite apprivoisé l’herbe. Après sa mise en route laborieuse face au Français, il a enchaîné 12 succès consécutifs. Son jeu d’attaque à tout-va, son jeu de volée meilleur que la majorité de ses pairs et ses amorties diaboliques ont fait merveille sur le tournoi qui le faisait fantasmer plus jeune. Encore plus que Roland-Garros. Et contre celui qui restait sur sept victoires en huit finales disputées dans le Temple du tennis, et 14 jeux décisifs adjugés, il n’a pas flanché sous la pression, contrairement à la Porte d’Auteuil où des crampes de stress avait plombé sa demi-finale contre le Serbe. De l’enfer au paradis. Confirmant qu’impossible n’était décidément pas Alcaraz.