Souriant et un poil stressé par le cadre du journal de 20h de TF1, le sélectionneur s’est détendu et a pris le temps en conférence de presse pour expliquer ses choix. Un terrain de jeu qu’il maîtrise. Pendant près de quarante minutes, il a voulu répondre à toutes les questions face à la trentaine de médias sur place dans l’auditorium de la chaîne situé à Boulogne-Billancourt.
Accompagné de son staff, qui s’est installé au premier rang et a bu ses paroles, Didier Deschamps est rentré dans les détails de sa réflexion, a avoué avoir pris sa décision de sélectionner Kanté il y a une « bonne semaine » ou encore fait passer le message à certains de se tenir prêt en cas de blessure. Il se savait très attendu sur le sujet du surprenant retour du champion du monde 2018 et n’a pas rechigné à répondre ou… à balader son interlocuteur. Désireux d’en découdre et d’entrevoir ses troupes le 29 mai à Clairefontaine, le sélectionneur a diffusé l’impression d’un homme sûr de ses choix et de sa construction de groupe. Il a, de toute façon, jusqu’au 7 juin pour livrer sa liste officielle.
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Oui, bien entendu. Si le niveau de jeu en Arabie saoudite est… moyen, le champion du monde 2018 est l’international tricolore qui a le plus joué cette saison, signe de sa régularité. Aujourd’hui, le milieu de terrain titulaire des Bleus est a priori composé de Tchouaméni-Rabiot-Griezmann. Si les deux derniers cités sont incontournables, un doute demeure autour du Madrilène. Blessé avec son club et incertain pour la finale de Ligue des champions contre Dortmund (1er juin), il reste aussi sur deux mauvais matches, comme ses partenaires, avec la sélection en mars.
Le retour de Kanté rebat les cartes. Sa seule présence, avec un CV connu de tous, obligera tous ses concurrents à pousser chaque entraînement. Ce qui n’aurait pas été le cas avec Veretout ou Guendouzi. « NG aura la place qu’il méritera ou que je lui donnerai, plante Deschamps qui ne ferme aucune porte et sait très bien ce qu’il a derrière la tête. Il a un statut et ça pèse. »
Chose inhabituelle, sans que la question ne lui soit posée, le patron des vice-champions du monde a fait cette confidence. « L’équipe que j’aimerais voir débuter est dans ma tête, a-t-il assuré avec le sourire. Après, il y aura la prépa, les deux matchs amicaux… On aura des éléments à travers chaque séance, durant les matchs amicaux aussi. » À quoi pense-t-il ? Tentons notre chance.
Maignan dans le but. Koundé à droite, Hernandez à gauche, une charnière Konaté-Upamecano ou la surprise Tchouaméni sachant que Deschamps en fait aussi un recours possible à ce poste. Au milieu, il y aura bagarre entre Tchouaméni, Kanté et Camavinga au poste de sentinelle. Rabiot et Griezmann sont indispensables. Devant, Mbappé à gauche, Dembélé à droite et Giroud ou Thuram dans l’axe. Rendez-vous le 17 juin contre l’Autriche.
Si la présence de Kanté dans la liste a remisé au second plan sa convocation, le Parisien reste aussi une surprise puisqu’il n’a aucune sélection au compteur. À 21 ans, il est récompensé de sa belle deuxième partie de saison au PSG et a clairement une carte à jouer durant l’Euro. Avec Coman en phase de reprise, Kolo Muani pas au mieux de sa forme et des amicaux à venir contre le Luxembourg et le Canada (5-9 juin), les occasions sont réelles de marquer des points. Pour ambitionner quoi ? Avec Mbappé et Dembélé, il ne sera pas titulaire, sauf cataclysme en début d’Euro.
En revanche, dans la perspective d’un match fermé, et face à la difficulté récurrente des remplaçants à ne pas briller en cours de match, Barcola, par sa percussion, son culot et sa propension à prendre la profondeur tout en gardant un haut niveau technique, a ses chances de grimper la hiérarchie pour les éléments en sortie de banc. Une compétition internationale est très longue et l’exemple Kolo Muani en 2022 (appelé de dernière minute, remplaçant et tout proche d’être le héros de la finale) reste encore dans toutes les têtes.
Didier Deschamps a fait une confidence jeudi soir lors sa conférence de presse dans l’auditorium en informant que la présence de Ferland Mendy dans la liste pour l’Euro n’avait aucun rapport avec le forfait de Lucas Hernandez, opéré du genou. En clair, si le Parisien était là, le Madrilène le serait aussi. Le sélectionneur a enchaîné en glissant que le champion du monde 2018 était, à ses yeux, plus un défenseur central qu’un latéral.
Qui aurait donc été le grand perdant dans ce secteur de jeu ? Pas Ibrahima Konaté, pas Dayot Upamecano, pas Benjamin Pavard et sans aucun doute William Saliba, considéré comme le numéro 4 dans la hiérarchie à l’heure actuelle. Déjà controversé, le statut du Gunner en équipe de France ne risque pas d’être renforcé après la sortie de Deschamps.