À jamais les pionniers! Il y a 100 ans, les poloïstes, autrement dit les joueurs de polo, devenaient la première sélection française de sport collectif à décrocher un titre olympique. C’était déjà à Paris, à une époque où seulement 4% des Français savaient nager.
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Bien avant les footballeurs (1984), les handballeurs (2008, 2012, 2021), les handballeuses (2021) et les volleyeurs (2021), c’est une bande de nageurs amateurs qui décrocha le Graal olympique, la seule médaille d’or jamais remportée par la France en water-polo.
Une performance que rêvent d’imiter cet été leurs successeurs de 2024, demi-finalistes surprises des derniers Mondiaux en février à Doha, lors des Jeux de Paris, dont les phases qualificatives auront lieu au Centre aquatique olympique (CAO) de Saint-Denis, inauguré ce jeudi.
Il y a un siècle, dans une France alors chiche en infrastructures nautiques -seulement 27 piscines en 1924 contre 1362 en Allemagne par exemple-, et malgré l’existence d’un décret de 1879 rendant la natation obligatoire dans les écoles et dans l’armée, ce succès fut considéré comme un exploit.
«Un grand dirigeant de la Fédération française de natation et de sauvetage s’obstinait à prédire notre élimination. Elle ne se produisit pas et le succès final fut la plus belle réponse et le plus beau camouflet qui se puisse rêver», dira après coup Henri Padou.
Boucher-tripier dans le civil et fer de lance de cette équipe, Padou était considéré dans l’entre-deux-guerres comme le plus grand joueur de water-polo au monde.
International de 1919 à 1946, il fit encore partie de l’équipe médaillée de bronze à Amsterdam en 1928 et de celle 4e à Berlin en 1936.
Sa retraite coïncida avec la fin de l’âge d’or du water-polo masculin français, qui ne participa ensuite aux JO qu’à cinq reprises de 1948 à 2016.
En 1924, l’équipe de France était pourtant loin d’être un cador de la discipline. Elle n’avait gagné que deux matches -contre les Pays-Bas- depuis ses débuts en 1909.
Et les sept joueurs français la composant n’avaient jamais été alignés ensemble en match officiel avant leur première rencontre olympique contre les États-Unis, dans la piscine parisienne des Tourelles. Cinq étaient originaires du club de Tourcoing fondé par Paul Beulque, le père de la natation en France, les deux autres de la Libellule de Paris.
Sûrs d’eux, les Américains avaient décidé de se passer pour le début de la compétition de Johnny Weissmuller, le futur Tarzan, excellent joueur de polo qui, après avoir remporté trois titres olympiques en natation (100 m, 400 m et 4×200 m), les aida à décrocher le bronze.
Les Français en profitèrent pour s’imposer en prolongation (3-1), avant de battre les Pays-Bas en quart de finale (6-3), puis la Suède en demie (4-2), leur match le plus acharné de la compétition.
En finale, les Tricolores ne partaient pas favoris face aux Belges qu’ils n’avaient jamais battus (1 nul, 10 défaites jusque-là). Mais, portés par le public, ils les dominèrent nettement, grâce à un doublé de Robert Desmettre, meilleur buteur du tournoi avec 9 buts, et un troisième but signé de l’inévitable Padou (3-0).