Alors que les Jeux olympiques (26 juillet-11 août) approchent à grand pas, l’ONG Surfrider Foundation a mis en garde lundi contre l’état «alarmant» des eaux de la Seine, où doivent se tenir plusieurs épreuves de natation olympiques. Cette organisation a effectué une campagne de prélèvement sur six mois entre fin septembre 2023 et mars 2024 sous les ponts Alexandre-III et de l’Alma, sièges des futures épreuves de triathlon et nage en eau libre. Or, mauvaise nouvelle pour les organisateurs, 13 prélèvements se révèlent «au-dessus voire très largement au-dessus» des seuils recommandés pour la baignade.
Les organisateurs et la mairie de Paris poursuivent les travaux dans le fleuve pour permettre aux événements de se tenir l’été prochain. Lors de ses vœux annuels, la maire de la capitale Anne Hidalgo s’était même montrée confiante sur le sujet. «Je vous le redis, en juillet 2024, je me baignerai dans la Seine !», avait-elle lancé depuis l’Hôtel de ville le 10 janvier dernier.
Un optimisme partagé par le préfet de région de l’Île-de-France Marc Guillaume. Le 14 mars dernier, celui-ci avait affirmé que les niveaux de dépollution de la Seine et la Marne seront «atteints». « Nous atteindrons le taux de dépollution de 75% que nous nous étions fixés au moment du lancement du plan il y a quatre ans. Si on regarde les normes notamment découlant des textes européens qui s’appliquent pour évaluer la qualité de l’eau et la qualité bactériologique pour permettre ces épreuves de marathon et de triathlon, il fallait à peu près réaliser les deux tiers des objectifs de dépollution. Nous devrions donc être aux trois quarts», a-t-il expliqué.
A mi-journée, lundi, Paris 2024 a publié un communiqué assurant que «la Seine sera baignable» cet été. Les organisateurs ont apporté des précisions concernant les tests effectués par l’ONG, rappelant que les unités de désinfection des usines de traitement de l’eau ne fonctionnaient pas au moment de ces prélèvements «ce qui prive ceux-ci de portée». «Le premier trimestre 2024 a connu des pluies très importantes (250.000 ml sur trois mois soit le double de 2023), ce qui a dégradé la qualité de l’eau. Ces conditions météorologiques ne sont pas celles d’un été», explique le communiqué.
Mais que se passera-t-il si les résultats ne sont finalement pas conformes aux attentes ? Paris 2024 l’a dit et répété depuis des mois : il n’y a pas de plan B prévu à ce jour. «Monsieur Etanguet a toujours dit qu’il n’y avait pas de plan B», a confirmé le préfet. Si la Seine est jugée impraticable, le triathlon (1 500m de natation, 40km à vélo, et 10km de course à pied) se transformerait alors en duathlon avec la suppression de l’épreuve de natation. Une option redoutée par les triathlètes qui ont l’habitude de nager dans des eaux impropres mais qui se plieront à la décision de la Fédération internationale de natation.
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Si le triathlon, amputé de la natation, aura malgré tout ses médaillés, quid de la nage en eau libre, une course marathon de 10 km ? Aucune solution de rechange n’est, à ce jour, envisagée. Une catastrophe pour tous les nageurs qui préparent le rendez-vous parisien depuis des années. Début mars, la nageuse brésilienne Ana Marcela Cunha, championne olympique en titre, a alerté les organisateurs français sur ce risque de fiasco. L’épreuve test, programmée durant l’été 2023, avait d’ailleurs été annulée en raison de la pollution dans la Seine.
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«C’est une préoccupation. Il n’y a pas eu d’événement-test l’an dernier à cause de ça, mais (les organisateurs) insistent à vouloir que les épreuves aient lieu là-bas (…). Il faut un plan B au cas où cela ne serait pas possible de nager » dans la Seine, avait déclaré la nageuse de 31 ans. « Il ne s’agit pas d’effacer l’histoire de la Seine, nous savons ce que représente le pont Alexandre-III, la Tour Eiffel, mais je pense que la santé des athlètes doit passer avant », argue la championne, selon qui « les organisateurs doivent accepter que, peut-être, il soit malheureusement impossible de réaliser les épreuves là où ils le veulent ».
La situation de la Seine continue de procurer des sueurs froides aux organisateurs de Paris 2024 qui, à défaut de plan B, ont simplement prévu des jours de contingence pour faire face à d’éventuelles pluies venant polluer un peu plus le fleuve (les fortes précipitations ont pour conséquence, avec le ruissellement, de déverser des eaux sales dans la Seine). Les organisateurs pourraient ainsi décaler les épreuves de quelques jours (30, 31 juillet et le 5 août pour le triathlon, 8 et 9 août pour la natation en eau livre). en espérant un retour à la normale des taux. «À notre connaissance, pour le moment, les différentes options sont de pouvoir décaler les jours de course», a confirmé au Figaro une source au sein de la Fédération française de natation ce lundi.