Les dés sont jetés. Les Bleus du basket affronteront les champions du monde allemands, le vainqueur du TQO de Riga (Lettonie) et le Japon dans le groupe B des Jeux olympiques de Paris, du 27 juillet au 10 août. Un tirage «globalement satisfaisant» pour Vincent Collet, qui a répondu aux questions des journalistes ce mardi, en visioconférence depuis les États-Unis. Particulièrement «excité», le sélectionneur de l’équipe de France masculine a notamment évoqué la blessure de Bilal Coulibaly avec Washington, les performances de Victor Wembanyama du côté de San Antonio et glissé une petite information au sujet de la composition du groupe de Team USA.
Son premier sentiment après le tirage : «C’est réduit à 12 équipes. Le tournoi sera l’un des plus relevés de l’histoire. Il n’y a quasiment que de fortes équipes. On savait avant le tirage que les États-Unis seraient dans le groupe C et qu’on ne pouvait pas les jouer au premier tour. On a pris les Allemands, champions du monde et devenus une équipe majeure. Le plus important, c’était le chapeau 2. Ma volonté était d’éviter la Serbie. Je suis donc satisfait. Le vainqueur du TQO letton plutôt que l’Australie fait qu’on évite le gagnant du TQO grec (potentiellement Slovénie ou Grèce) dans le dernier chapeau, c’est positif aussi. Globalement, je suis satisfait. Le groupe de la mort est le groupe A. Mais le point négatif, c’est que je crains qu’on puisse croiser avec ce groupe en quarts de finale.»
Un groupe similaire à 2021 : «Oui et non. Malgré tout, j’ai beaucoup de respect pour les Allemands mais ce n’est pas Team USA de 2021. Après, le favori du TQO letton est la Lettonie et je n’oublie pas qu’ils ont étonné le monde à la Coupe du monde. Ils devraient avoir Kristaps Porzingis. Ils nous ont battus de justesse l’an dernier au Mondial, on sera donc revanchard. Ce sera le tournant. Les Allemands, ce sera en dernier match et j’espère une finale. Ce sera notre objectif d’être premier. On connaît le format de la compétition et on connaît l’importance de finir dans les deux premiers. Tous les matches seront importants et surtout le premier pour rentrer dans la compétition. Le Japon est supérieur à l’Iran en 2021. Mais dans tous les cas, la compétition est plus relevée qu’en 2021.»
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Bilal Coulibaly, out pour le reste de la saison : «J’ai des nouvelles qui sont encore officieuses pour l’instant. Apparemment, il n’aura pas besoin de se faire opérer. C’est plutôt un bon signe, ça veut dire qu’il n’y a pas de déplacement. La plus grosse crainte, parce que le poignet ça peut vouloir dire beaucoup de choses, c’est le scaphoïde. Pour l’instant, ce n’est pas ce qu’on entend mais je n’ai pas de confirmation à ce jour. Un souci potentiel avec sa franchise de Washington ? C’est Boris (Diaw, manager général de la sélection masculine) qui gère cette partie. A priori, pas de problème, pas de raison. Une franchise ne peut pas complètement empêcher un joueur de venir avec les accords Fiba/NBA. Il y a parfois des restrictions, mais sinon, pas de raison. Après, il faudra voir la gravité de sa blessure et le temps de consolidation. Les JO, ce n’est que dans quatre mois.»
Un adversaire encore inconnu : «On était quasi obligé d’avoir au moins un qualifié via un TQO, on en a qu’un. Pour moi, je considère qu’on connaît nos adversaires. On scoutera plusieurs équipes du TQO letton, ce qu’on avait fait en 2021, quand on n’attendait pas forcément la République tchèque mais on n’avait pas suivi que le Canada. On fera pareil cette fois. C’est un avantage de savoir qu’on jouera l’Allemagne et le Japon, on pourra les préparer de façon précise.» (Les participants au TQO de Riga : Lettonie, Géorgie, Philippines, Brésil, Monténégro, Cameroun, NDLR)
La liste orientée par les adversaires… ou pas : «C’est possible… Je ne peux pas répondre précisément, on doit observer et réfléchir, on aura prochainement une réunion, comme tous les mois. Mais le tournoi, ce n’est pas que le premier tour. On sera probablement contre une équipe du groupe A si on finit premier. Il y a toujours le croisement. Ce sera pris en compte mais je ne suis pas sûr que ce sera déterminant.»
La saison et les performances de Victor Wembanyama : «Très positif. Depuis début janvier, il est dans une progression constante en termes de production globale, il fait de plus en plus de choses, il est plus passeur, impliqué dans le jeu de l’équipe et c’est forcément intéressant pour l’équipe de France.»
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États-Unis et Serbie favoris : «Je voulais surtout éviter la Serbie dans le pot 2. Si Nikola Jokic vient avec l’équipe de l’an dernier, c’est l’équipe favorite numéro 2 derrière Team USA. Dans ce groupe, il devrait venir la Lituanie. La naturalisation de Joel Embiid vient à point nommé face à Nikola Jokic ou autre Jonas Valenciunas (une remarque ironique de Collet sachant qu’Embiid aurait pu endosser le maillot de l’équipe de France, NDLR).»
Excitation : «Pas de fausse pudeur, je suis excité, une vraie excitation, je ne tourne pas autour du pot. Ça a commencé depuis longtemps, mais là, vraiment, on identifie nos adversaires. On va pouvoir travailler en visualisant ce qu’il faudra faire. L’Allemagne, on va se pencher très précisément, et peut-être un choix de sélection qui sera fait pour s’accommoder de cette adversité. En plus, j’étais stressé avant le tirage, j’avais des papillons dans le ventre. C’est normal, ça commence.»
Les matches de préparation face à l’Allemagne : «On joue les Allemands deux fois en préparation. On voulait les matches les plus difficiles en prépa. On voulait les meilleurs adversaires. C’est le cas. Il y a une double confrontation face à l’Allemagne. On ne va pas regretter cette double confrontation. Ça permettra de mesurer ce qu’il faudra faire pour les battre lors du tournoi. (…) Peur que les deux équipes ne se livrent pas ? Probablement. On ne peut pas l’éviter… Ce sera en début de préparation. Mais ça reste intéressant de jouer l’une des meilleures équipes au monde. C’était notre objectif en préparation. On avait regretté l’an dernier de ne pas être assez monté dans les tours en préparation et d’être surpris par le Canada en termes d’intensité. Ils jouent dur, athlétique, ce sera forcément des tests intéressants même si sur les aspects tactiques, les deux équipes vont, logiquement, masquer des choses.»
L’Allemagne : «L’an passé, je les voyais déjà très haut. Au bout ? On ne peut pas le dire au début… Mais on les a sous-estimés, leur sept majeur est quasi 100% NBA… Wagner a été blessé pendant le Mondial, il est revenu en quarts mais a été important dans les deux derniers matches. Schroder avait été mauvais contre la Lituanie et il avait été MVP du tournoi. Wagner est l’un des autres leaders. La traction arrière est l’une des meilleures du monde, avec des joueurs solides à l’intérieur. C’est une équipe qui s’est construite dans le temps. On l’avait malmenée en 2019 mais elle a beaucoup progressé depuis. Elle aurait pu être championne d’Europe chez elle. C’est une suite logique, une très grande équipe. Il ne faut pas la sous-estimer, ce n’est pas un cadeau. Mais on n’avait pas de faible adversaire à espérer dans le pot 1.»
Le Japon : «C’est un basket atypique basé sur la vitesse, avec des shooteurs qui peuvent prendre feu. Ils sont toutefois moins athlétiques que les autres équipes. Il faudra leur imposer ce combat avec une équipe qui devrait, de notre côté, être très athlétique.»
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Regret de ne pas croiser Team USA : «A quoi ça servirait de regretter ce qui ne pouvait pas arriver… Ça donne une indication de la marche à suivre. On a des objectifs élevés. Il faut se qualifier, c’est le premier objectif, mais on veut la première place pour éviter les USA en quarts. Il n’y a qu’un moyen de les éviter à coup sûr, de finir dans les deux premiers. Ce sera notre objectif dans ce groupe. Un objectif élevé. L’Allemagne est redoutable, le vainqueur du TQO letton le sera aussi, mais on a des ambitions et on va essayer d’atteindre cet objectif.»
Les affiches les plus excitantes et la composition de Team USA : «Dans tous les cas, si les Américains sont là… Des infos que j’ai, Kawhi (Leonard) serait partant, ça ne s’arrange pas au fil des jours (LeBron James, Kevin Durant, Stephen Curry, Joel Embiid et Jayson Tatum devraient aussi en être, NDLR)… Mais il n’y a qu’un ballon et cinq joueurs sur le terrain, 40 minutes en un match, il faudra partager, leur capacité à le faire, c’est à eux de gérer… Ils seront extraordinaires. D’autres matches seront excitants. Ce sera une compétition fantastique, on se souvient de l’Euro 2015, ça a de la gueule à Lille (au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d’Ascq, NDLR). Il y aura des duels incroyables, le France Allemagne, ce sera quelque chose aussi…»
Propos recueillis en conférence de presse