Le jour et la nuit. Balayés en première période, les Spurs de San Antonio étaient menés de 35 points à la pause lundi, à Atlanta. «C’était sans doute notre pire première période de la saison», constate Victor Wembanyama, pas exempt de tout reproche dans cette histoire. En dépit d’un temps de jeu toujours sous surveillance après son entorse de la cheville, le prodige de 20 ans n’avait pas inscrit le moindre point à ce moment de la partie. Gregg Popovich n’a pas fait dans la demi-mesure : il a laissé «Wemby» et la plupart des titulaires sur le banc pour débuter la seconde période. Sanction. Un électrochoc surtout. «Les titulaires avaient besoin d’un message… Ceux qui ont débuté dans le troisième quart ont fait ce qu’ils avaient à faire et les titulaires sont revenus en étant prêts à combattre», a commenté coach Pop.

Jeremy Sochan et compagnie ont en effet attaqué le second acte avec beaucoup plus de mordant, de discipline, d’énergie. Assez pour inverser la tendance. Et même relancer le suspense. Aussi brillant après le repos qu’invisible avant, Wembanyama a martelé le cercle avec appétit et largement contribué à la remontada texane. 26 points, 13 rebonds, 2 passes, 2 interceptions et 5 contres en 27 minutes. Dans son sillage, le club de San Antonio est revenu à -6 dans le dernier quart-temps… avant de commettre de petites erreurs qui ont coûté la victoire (109-99 score final).

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Popovich tire néanmoins un bilan positif. «C’est une bonne soirée», assure-t-il, ravi de la réaction de ses joueurs. «Le message a été fort de la part de Pop, a expliqué Wembanyama au sujet de ce qui s’est dit à la mi-temps. Il nous a dit que c’était gênant… Il a expliqué pourquoi il allait changer le cinq pour débuter la seconde période. Il voulait mettre des joueurs sur qui il pouvait compter à 100% et montrer aux titulaires comment on aurait dû débuter la rencontre. J’ai apprécié qu’il mette Jeremy dans ce deuxième cinq parce qu’il a apporté son énergie pendant tout le match. Il a été un exemple», a encore indiqué le Français, décrivant un Popovich «plutôt énervé». Un doux euphémisme, on l’imagine volontiers… L’intéressé devait être fou de rage !

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Une chose est sûre : Wembanyama n’a pas pris ombrage de la sanction ni de la colère de son entraîneur. Au contraire. «C’est important, parfois, d’apprendre un nouveau rôle afin de prendre conscience de ce qu’on doit faire. Ce soir, la plupart des joueurs du banc nous a montré le chemin. Ca a marché», relève-t-il. Et de poursuivre, sur son cas personnel : «J’aime être coaché, menacé, envoyé en G-League si je ne joue pas de la bonne façon. J’aime que mes erreurs soient suivies de conséquences.» A priori, la G-League, c’est non.

En attendant, les Spurs progressent depuis un petit moment maintenant. C’est notamment dû aux choix tactiques de Gregg Popovich, qui aligne par exemple un cinq plus cohérent qu’en début de saison. Il y a aussi des habitudes qui se prennent entre les joueurs. «On progresse et je progresse, j’adapte de plus en plus mon jeu à la NBA, mes pourcentages vont en augmentant», souligne l’international tricolore (4 sélections), qui tourne à 53,7% aux tirs et 30% à longue distance depuis le début du mois de janvier, avec 2,5 pertes de balle par match. Ses meilleures statistiques depuis le début de saison. Wembanyama, c’était 46% aux tirs dont 26,3 à trois points et 4,8 pertes de balle en octobre par exemple. Malgré un temps de jeu limité autour de 24 minutes, il affiche en outre les moyennes suivantes en janvier : 23,2 points, 10,3 rebonds, 3 passes, 0,7 interception et 3,5 contres par match.

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La progression est là. Et la connexion avec le reste de l’équipe est bien meilleure au fil des mois, des semaines, ce qui est logique. Dans quel domaine Gregg Popovich voit la plus grosse progression dans son jeu ? «Dans l’agressivité, attaquer le cercle en n’étant pas aussi concentré sur le tir à trois points, porter la balle, juge-t-il. L’équipe doit aussi le trouver. Il apprend à le faire et à donner le ton pour tout le monde. Défensivement, il devient très bon dans la protection du cercle, c’est logique. Il est long, grand… Mais là aussi, il apprend à en faire une vraie priorité. Et tout le monde essaie de s’y adapter en jouant autour de lui». Et le vénérable entraîneur étasunien de 74 ans d’ajouter : «Il est réceptif à tous les types de coaching. Il est très intelligent, il comprend le jeu… C’est remarquable pour un joueur de 20 ans».

Et ce n’est que le début. Charge aux Spurs, toujours bons derniers au classement de la Conférence Ouest (7v-32d), de rester sur la lignée de la deuxième période d’Atlanta. «On a simplement été nous-mêmes, on a joué ensemble en deuxième période. Ca dépend de nous. Personne ne fera les efforts à notre place», analyse Victor Wembanyama. Problème ? Même en faisant les efforts, ça pourrait ne pas suffire à Boston mercredi face aux Celtics, leaders à l’Est et invaincus au TD Garden depuis le début de la saison. En attendant, il y a de l’espoir pour le long terme. Ça avance.