Le grand retour. Après quasiment un an sans jouer, Rafael Nadal s’apprête à renouer avec les courts à Brisbane ce dimanche, en Australie, coup d’envoi d’une probable ultime saison dans une carrière jalonnée d’exploits légendaires, de blessures et de come-back tonitruants.

L’Espagnol de 37 ans, qui totalise 22 titres du Grand Chelem, dont 14 à Roland-Garros, espère surtout «être compétitif» après une saison 2023 quasi blanche. «Je me sens bien», a-t-il déclaré, à l’occasion d’un événement promotionnel en Australie. «Je ne vais pas me plaindre, je me sens bien mieux que je n’aurais pu l’espérer il y a un mois, mais selon moi, il est impossible de penser à remporter des tournois aujourd’hui».

Tout au long de sa carrière, son style de jeu, très exigeant physiquement, l’a contraint à gérer, régulièrement, de graves problèmes de genou, de poignet et de pied. Sa dernière rechute en date, lors de l’Open d’Australie en janvier 2023, s’était soldée par deux opérations de la hanche qui ont nourri la crainte qu’il ne puisse plus jamais fouler les courts. Mais le Majorquin s’est battu afin de pouvoir disputer ce qui pourrait selon lui être sa dernière saison, pour dire au revoir aux fans, «(s)’amuser à nouveau», mais aussi être compétitif.

«Je ne sais pas à quel niveau (je peux jouer), je ne sais pas à quoi m’attendre, je n’en ai aucune idée, mais je m’en fiche pour l’instant», avait indiqué Nadal ce mois-ci, se projetant en 2024. «Je suis simplement heureux d’être de retour et très excité à l’idée de faire les efforts nécessaires pour m’amuser, et je crois que je serai compétitif».

L’envie d’être «compétitif» mais le détenteur de 22 titres du Grand Chelem, dont 14 à Roland-Garros (record), «n’attend pas grand-chose», a-t-il ajouté, mais espère seulement «pouvoir aller sur le court, (s)e sentir compétitif et donner le meilleur de (s)oi-même». «Rien n’est impossible, mais pour moi, rien que le fait d’être ici est une victoire».

Son entraîneur Carlos Moya a expliqué à quel point il avait été difficile d’en arriver là, admettant qu’à certains moments, il pensait que la carrière de Nadal était terminée. «Lorsque vous traversez un processus comme cette opération… au bout du compte, passer sous le bistouri est vraiment le dernier recours pour essayer de revenir et de se retirer sur le court», a indiqué Moya au site web de l’ATP la semaine dernière. «Cela n’a pas été un chemin de roses, loin de là. La route a été sinueuse, tortueuse, avec de nombreux virages».

Cette volonté farouche, c’est la clé derrière ses 92 tournois remportés depuis qu’il est devenu professionnel en 2001, dont 22 titres du Grand Chelem. Nadal a surclassé Roland-Garros, où il a décroché 14 de ses tournois majeurs, le premier quelques jours après son 19e anniversaire en 2005, le dernier en 2022, faisant de lui le champion le plus âgé de l’épreuve. Quatre fois sacré à l’US Open, il s’est également imposé à deux reprises à Wimbledon et à l’Open d’Australie.

Nadal, dont les qualités athlétiques, la puissance, la force mentale et le coup droit brillant ont fait de lui l’un des plus grands joueurs de tous les temps, serait sans doute bien inspiré d’apprendre à s’économiser un peu s’il souhaite tenir jusqu’à la fin 2024.

Mais Moya a reconnu qu’il était difficile pour son protégé de maîtriser sa compétitivité naturelle. «Même si nous essayons de lui faire entrer cela dans la tête et de lui faire comprendre, lorsqu’il entre sur un court de tennis, c’est un animal de compétition», a souligné l’ancien N.1 mondial. «Une grande partie de mon travail et de celui de l’équipe a consisté à le freiner. Le freiner en termes de charge d’entraînement, le freiner en termes d’heures de travail, d’intensité», a-t-il résumé.

En prévision de l’Open d’Australie, Nadal a passé du temps dans son académie au Koweït, à la recherche de températures et de conditions similaires à celles qu’il rencontrera pour le premier tournoi du Grand Chelem de la saison. Mais son niveau d’entraînement a été limité. «Ce n’est pas comme si je m’étais entraîné avec une forte intensité lors des six derniers mois. Je me suis seulement entraîné avec une très bonne intensité durant le mois dernier», a-t-il expliqué.

Il a tout de même échangé des balles avec le jeune Français Arthur Fils, et selon Moya, cela s’est passé «bien mieux que ce qu’il aurait pu espérer». «Rafa est allé là-bas en pensant qu’il ne serait pas compétitif, qu’il ne serait pas assez bon, et il est reparti convaincu que c’était possible», a assuré son coach. «Je pense qu’il est prêt à faire de grandes choses cette année aussi», a estimé son compatriote Carlos Alcaraz, N.2 mondial, interrogé sur le sujet à Riyad.

Nadal répondant qu’il ne pouvait pas «avoir d’objectifs à très long terme» à ce stade de sa carrière. «Je ne me vois pas jouer pendant très longtemps», a-t-il ajouté. S’il rejoue à haut niveau en 2024, ses supporters seraient déjà ravis, peu importe le futur.

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