Il y a dix ans jour pour jour, le 29 décembre 2013, la vie de Michael Schumacher basculait sur un rocher caché par une couche de neige dans une petite zone hors piste de la station de Méribel où il avait l’habitude de skier avec ses proches. Dans un virage abordé à vitesse modérée, le septuple champion du monde a perdu l’équilibre avant de tomber la tête la première sur l’arête d’un rocher.

Sous le choc, violent, son casque s’est brisé à plusieurs endroits. Conscient à l’arrivée des premiers secours, «Schumi» a été rapidement évacué, mais son état a été jugé très grave par les médecins, qui ont diagnostiqué un traumatisme crânien et une hémorragie cérébrale nécessitant une intervention neurochirurgicale d’urgence. Placé en coma artificiel, Schumacher a pu quitter le CHU de Grenoble, où il avait été pris en charge, en juin 2014, avant de rejoindre un établissement hospitalier à Lausanne, puis son domicile, à Gland, en Suisse.

Depuis, le pilote aux 91 victoires en Grand Prix poursuit sa longue phase de réadaptation, entouré de sa femme, Corinna, et ses deux enfants, Gina Maria et Mick. Ce dernier a suivi la voie de son père. Le clan Schumacher veille à conserver le plus grand secret sur l’état de santé du champion de 55 ans (il les aura le 3 janvier) et dont les fonctionnalités du cerveau ont été lourdement endommagées par des lésions cérébrales.

Une ligne de conduite inflexible malgré la multiplication des rumeurs infondées sur sa capacité à interagir avec son entourage ou concernant son état physique, mais aussi des fake news. Un sommet d’indignité a été atteint en avril 2023 lorsque le tabloïd allemand Die Aktuelle a prétendu avoir obtenu un entretien avec la star des circuits. L’interview avait en réalité été générée par une intelligence artificielle.

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En septembre 2021, Corinna Schumacher a rompu le silence dans un documentaire Netflix consacré à son époux. Quelques phrases lâchées entre grande inquiétude et mince espoir d’amélioration. «Michael manque à tout le monde. Mais Michael est là. Il est différent, mais il est là. Il me montre à quel point il est fort chaque jour…, avait-elle confié, ajoutant: Il suit des traitements. On fait tout pour améliorer son état, s’assurer qu’il est à l’aise et pour lui faire sentir notre famille, notre lien. Quoi qu’il arrive, je ferai tout ce que je peux. On le fera tous. En tant que famille, on essaie de continuer comme Michael l’aurait aimé et comme il l’aimerait encore. La vie continue.» Jean Todt, considéré par Corinna Schumacher dans un entretien au Figaro en 2021 comme un «membre de la famille», fait partie des rares personnes autorisées à se rendre au chevet de l’Allemand, qu’il dirigea chez Ferrari entre 1996 et 2006 et dont il est un ami proche.

«Ce n’est plus le Michael d’avant. Il est différent et est magnifiquement encadré par sa femme et ses enfants, qui le protègent. Sa vie est différente et j’ai le privilège de pouvoir partager des moments avec lui. C’est tout ce qu’il y a à dire. Malheureusement, le destin l’a frappé il y a dix ans et ce n’est plus le Michael qu’on connaissait en F1», a-t-il confié à L’Équipe le 13 décembre dernier, s’accrochant lui aussi à l’espoir d’un miracle, comme Ralf Schumacher s’exprimant cette semaine dans Bild.

«Michael a eu beaucoup de chance tout au long de sa vie. Mais il y a eu ce tragique accident. Heureusement, les avancées médicales et scientifiques offrent de nombreuses opportunités. Dieu merci, les moyens modernes ont permis de faire beaucoup de choses, mais, malgré cela, rien n’est plus comme avant. La vie est parfois injuste. Cette journée a été marquée par beaucoup de malchance. Ce coup du sort a changé notre famille», a confié le frère cadet, ajoutant, abattu mais pas encore totalement résigné: «Mon Michael d’avant me manque.» À lui comme à toute sa famille ainsi qu’aux dizaines de millions d’admirateurs attristés par le destin tragique de la légende des circuits.