Les supporters portugais et parisiens sont en deuil. Le technicien portugais Artur Jorge est décédé à l’âge de 78 ans, à l’issue d’une longue maladie. «C’est avec une profonde tristesse que la famille d’Artur Jorge Braga de Melo Teixeira annonce son décès, ce matin, à Lisbonne, après une longue maladie. Il est décédé paisiblement, entouré de sa famille la plus proche», peut-on lire dans un communiqué envoyé par sa famille.
Artur Jorge a notamment connu des hauts et des bas à Paris. Deux échecs : Le Matra version Lagardère et le PSG de Biétry, dont il avait été débarqué après quelques mois. Mais aussi des succès : le PSG époque Denisot avec un titre de champion de France en 1994 et une Coupe de France en 1993. Cette année-là, le premier entraineur de l’ère Canal avait conduit le club de la capitale jusqu’en demi-finales de la Coupe de l’UEFA, battu par la Juventus. Sous ses ordres, les hommes de la capitale avaient fait chuter le real Madrid en quarts. Un exploit inoubliable pour les supporters parisiens.
Pourtant les coéquipiers de Ginola avaient encaissé un cinglant 3-1 à Santiago Bernabeu. Au retour, le 18 mars 1993, ils ont su renverser les Espagnols 4-1. Menés 3-0, les Madrilènes avaient arraché les prolongations sur un but de Zamorano, à la 92e minute. Douche froide, puis stade en ébullition, quand, à la 96e minute, Valdo a déposé le ballon sur la tête gagnante d’Antoine Kombouaré. Le parc des Princes a exulté. Les Weah, Valdo et donc Kombouaré avaient changé le destin du PSG ce jour-là. La légende de «Casque d’Or» était née.
Des bons résultats qui n’en avaient pas pourtant toujours fait un coach populaire. On lui reprochait ses tactiques très prudentes.
« La presse avait dit que l’on avait une mauvaise équipe. », nous confiait-il quand il était revenu dans la région parisienne pour entrainer Créteil en Ligue 2 de 2006 à 2007. Jorge restait une personnalité atypique dans le monde du ballon rond. Cet enfant de la petite bourgeoisie de Lisbonne traînait une réputation – justifiée – d’intellectuel. Il parlait sept langues, a obtenu un diplôme de philologie allemande et a publié dans sa jeunesse un recueil de poésie. Amateur éclairé de Mondrian, Pollock, dingue de jazz, il aimait traîner dans les musées. Avait-il rêvé d’être un artiste ? « Non pas du tout » , esquissait-t-il d’un sourire. Le football avant tout.
Attaquant international dans les années 1960, il a mis un terme à sa carrière en 1977, avant de débuter sa carrière d’entraîneur en 1980. Il a notamment conduit Porto au titre de champion d’Europe en 1987, en plus de trois titres de champions du Portugal avec cette même équipe. Après la page glorieuse du PSG, la deuxième partie de sa carrière a été moins brillante. Baroudeur, mercenaire, diront certains, il a multiplié les expériences éphémères, a entraîné dans neuf pays différents et dirigé trois sélections nationales.
Sa dernière expérience restera celle le MC Alger de 2014 à 2015, qu’il avait rejoint sept ans après la fin de son expérience à Créteil. Lors de notre entretien en 2007, le Portugais s’était rasé sa fameuse moustache. De quoi déstabiliser l’interlocuteur tant elle était emblématique du personnage. « Ce sont les enfants qui m’ont demandé de la couper. On change » , glissait-il lapidaire avec un léger sourire.
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