C’est un sélectionneur l’émotion à fleur de voix qui a commencé sa conférence de presse d’annonce de composition d”équipe face à l’Italie par un monologue de près de dix minutes. Interrogé sur les critiques sur sa communication après la victoire en Écosse – «un contenu parfait, une de plus belles victoires» -, Fabien Galthié s’est justifié. Et, au fur et à mesure de son plaidoyer, on a senti que les larmes n’étaient plus très loin.

«J’entends ce qu’on dit de bien, j’entends ce qu’on dit de mal. Je suis très ouvert aux retours. On est dans la lumière, on est exposé. Tout ce qu’on dit, tout ce qu’on fait est commenté de bonne manière ou de mauvaise manière. Chacun est responsable de ses paroles. Les mots ont un sens, ils sont très importants. Quand on les emploie, ils peuvent être très positifs ou faire mal. Être aussi forts que des coups de poing. Concernant la façon de m’exprimer, de commenter les matchs ou de répondre aux questions, j’essaye de faire le mieux possible. D’apporter une vision, une objectivité, de comprendre les questions qui se posent. Je fais attention à qui je m’adresse.»

«Sur le dernier match, contre l’Écosse, je le répète, on doit être en capacité de supporter les grands moments comme les moments douloureux. L’enchaînement élimination de la Coupe du monde et défaite face à l’Irlande à Marseille était un moment douloureux pour nous. Mais aussi pour nos supporters, pour les gens qui croient en nous et qui nous suivent. Avant cette rencontre donc, on s’est recentré sur l’essentiel : les hommes et le cœur des hommes. Toute la préparation de ce match c’était comment faire, après avoir chuté si lourdement, avec cette douleur et cette responsabilité, ces critiques envers nous-mêmes très fortes, car nous sommes très exigeants envers nous, pour prendre l’avion et représenter dignement le maillot bleu.»

«Cette équipe, depuis cinq ans, a déjà montré et remontré, et va encore le montrer, que les joueurs qui la composent ont des vertus qu’on leur a apprises dans les écoles de rugby. On est toujours soutenus par nos proches, nos familles set nos supporters. J’en profite pour remercier dans ces moments difficiles tous ces gens qui nous ont soutenus plus puissamment que dans les moments où l’équipe de France a pu triompher… La douleur vécue cette semaine-là était aussi un grand bonheur. Ensuite le déroulé du match a été très complexe. Sous la pluie, en Écosse, face à une équipe qui est l’une des meilleurs au monde et après avoir perdu contre l’Irlande…, avec, de notre côté, une équipe à remobiliser.»

«À la 69e minute on est mené, on a perdu notre capitaine et on a coaché toute l’équipe. Donc beaucoup de jeunesse et peu d’expérience. Et on reprend le score. On sentait que l’énergie était là, que la résilience était en cours. Cette capacité à se transcender et de se projeter à nouveau sur la suite. À ce moment-là, il y a une énergie folle dans cette équipe. On est alors loin de la data et de la stratégie même si c’est important aussi. On est au plus profond des valeurs du rugby que nous portons et que nous voulons démontrer à nos familles, à nos éducateurs, à nos supporters. (…) Malgré nos erreurs, notre fragilité défensive, on sent que…»

«Quand Greg (Alldritt) dit que c’est l’une de plus belles victoires, que je dis que je suis satisfait du contenu, c’est parce qu’on vient de partager dans les vestiaires un moment tellement fort, tellement puissant après cette semaine compliquée, que je suis heureux. Parce que l’essentiel n’est pas dans le contenu mais dans la victoire avec des joueurs peu expérimentés qui nous ont apporté toute leur détermination. Personne n’a mis en valeur notre coaching, ces finisseurs, c’est dommage. Mais nous, en interne, on les a mis en valeur. Ils ont dit « nous, on est capable de porter le maillot, de faire ce que vous avez fait pendant quatre ans » et c’est un grand bonheur.»

«Alors oui, il y a plusieurs lectures sur le contenu. Mais, le plus beau, et c’est la base du rugby, dans la difficulté, on n’a pas tourné le regard, on courbe l’échine mais on garde la tête haute. C’est ce qu’a fait l’équipe de France à Édimbourg.»

À VOIR AUSSI – Xabi Alonso, Zidane, Mourinho…Les pistes du Bayern Munich pour remplacer Thomas Tuchel