Titulaire d’un Master de la Sorbonne, spécialisé dans les questions relatives à l’Amérique latine, Mathieu Sauvajot a d’abord rédigé des articles traitant de la géopolitique et de l’économie de ce continent, avant de se tourner vers le domaine du sport. Désormais, il est rédacteur auprès de l’Observatoire du Sport Business.
Bien plus qu’un simple loisir, le sport est profondément ancré dans le tissu social marocain. Celui-ci représente un puissant levier de cohésion sociale, un instrument éducatif, un vecteur de fierté nationale et, surtout, un pilier essentiel de l’économie locale. C’est dans ce cadre que la FMPS a vu le jour en 2021, afin de répondre à une grande question : quel est le poids de cette industrie au Maroc ?
Véritable pilier de l’économie nationale, le secteur privé du sport au Maroc est également synonyme de croissance et de développement. Avec plus de 300 entreprises, employant plus de 11 500 collaborateurs, dont 24% de femmes, ce secteur génère un chiffre d’affaires cumulé de 21,16 milliards de Dirham. Non seulement il joue un rôle significatif sur le plan financier, mais il représente également une part non négligeable du produit intérieur brut (PIB) du Maroc, soit 1,56%. Il est d’ailleurs important de souligner que cette contribution ne se limite uniquement au secteur du sport privé. En effet, en intégrant les emplois dédiés au sport dans d’autres secteurs tels que le BTP ou le tourisme, le potentiel d’embauche pour soutenir la politique ambitieuse d’accueil de grands événements augmente considérablement. Une extrapolation suggère qu’environ 30.000 emplois pourraient être créés dans ces secteurs connexes.
Une étude menée par la BAM en 2021 révèle également que le travail informel, qui représente déjà 30% du PIB du Maroc, a également une empreinte significative dans le secteur privé du sport. Le chiffre d’affaires atteint alors 27,5 milliards de Dirham, soit 2% du PIB du royaume, accompagné de la création de 15.000 emplois. Malgré l’absence de publication officielle regroupant l’ensemble des fédérations, les informations disponibles suggèrent la présence d’au moins 350 000 licenciés répartis sur 5 000 associations sportives au Maroc. Cependant, cela reste bien inférieur au nombre de pratiquants «libres» qui, selon les extrapolations, atteindrait 10 millions de Marocains. Pour encadrer cette vaste communauté, on estime à au moins 50 000 le nombre d’emplois nécessaires dans le milieu associatif. Au final, si le secteur privé du sport (périmètre FMPS) au Maroc représente au minimum 1,56% du PIB et emploie plus de 11.500 personnes, il est légitime d’estimer que l’industrie du sport dans son ensemble dépasse les 2,5% du PIB et compte plus de 140.000 emplois. Cette vitalité économique du secteur sportif marocain se compare favorablement à celle d’autres pays, illustrant son rôle crucial dans l’économie nationale.
Particulièrement dynamique, l’industrie sportive marocaine est désormais en mesure de rêver plus grand. C’est vraisemblablement grâce à son essor, mais également grâce au nombre ainsi qu’à la qualité de ses infrastructures, aussi bien sportives que touristiques, que le Maroc a démontré être capable d’accueillir des évènements d’envergure internationale. La première grande échéance ne sera autre que la Coupe d’Afrique des Nations, en automne 2025. Il faut remonter à 1988, pour avoir eu la chance d’assister à un tel évènement au sein du Royaume, mais depuis, beaucoup de choses ont changé, à commencer par les performances de l’équipe nationale. Quatrièmes lors de la dernière Coupe du monde de football, comptant parmi les quinze meilleures nations au monde selon le classement de la FIFA, ils pourraient bien rendre tout un peuple aussi fier qu’en 1976. Une époque a priori lointaine durant laquelle le souverain se nommait alors Hassan II, mais près d’un demi-siècle plus tard, quel plus bel hommage les Lions de l’Atlas pourraient-ils lui rendre, qu’en permettant à son successeur, Mohamed VI, de voir le trophée revenir une seconde fois au sein du Royaume ?
Un évènement exceptionnel qui pourtant, ferait presque figure d’échauffement comparé à une tout autre échéance, prévue pour 2030. Bien qu’il faille encore attendre jusqu’à la fin de l’année prochaine avant que la décision ne soit officialisée, ce n’est plus un secret pour personne, le Maroc fera partie des principaux pays organisateurs de la Coupe du monde de football. Une décision forte, mais surtout un privilège ; après l’Afrique du Sud en 2010, ce sera la seconde fois qu’un tel évènement est organisé sur le continent Africain, un symbole d’autant plus fort que ce 24e mondial célébrera par la même occasion le centenaire de la compétition, au cœur duquel, se trouvera alors le Maroc.