Mardi soir après le coup de sifflet final au stade Pierre Mauroy et une fois les obligations médiatiques validées, l’ensemble de l’équipe de France s’est éparpillé. Certains restant sur place avec amis et familles, d’autres repartant directement à Paris à l’image de Didier Deschamps et Guy Stéphan, tandis que la plupart des internationaux étaient déjà dans l’avion affrété par leurs clubs pour optimiser le temps de récupération. Les Bleus ont désormais rendez-vous en novembre avec la réception de Gibraltar à Nice et le déplacement à Athènes face à la Grèce (18 et 21). Sur ce rassemblement réussi avec la qualification pour l’Euro validée suite à la victoire contre les Pays-Bas (1-2) et la balade écossaise en amical (4-1), le bilan est partagé au niveau individuel. Certains repartent avec le sourire et le sentiment du devoir accompli, d’autres avec des regrets après des occasions ratées. États des lieux.

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« Quand une opportunité se présente, il faut la saisir car la concurrence est là, à chaque poste. » Didier Deschamps le répète à chaque fois et le martèle à ses joueurs. À ce petit jeu, Benjamin Pavard (27 ans, 52 sélections) ressort de la séquence bleue avec un nouveau costume. Celui du défenseur central désireux de bousculer la hiérarchie dans ce secteur de jeu. Le Nordiste, auteur d’un doublé (5 buts en Bleu, soit un de plus que Dembélé et un de moins que Coman) et d’un match plein face à l’Écosse mardi soir, a répondu aux attentes de son sélectionneur qui l’a titularisé pour la première fois à son poste de prédilection. « Tout le monde a vu quelle était ma meilleure position », a-t-il souri après le match, envoyant un message à son patron. Dans un secteur de jeu ultra-concurrentiel (Upamecano, Konaté, L. Hernandez, Saliba, Disasi, Lukeba, Todibo, Fofana, Kimpembe, Badiashile…), il a frappé un grand coup du haut de ses 52 sélections. Avec son expérience, ses qualités et sa polyvalence, le Milanais, qui a fini avec le brassard de capitaine devant le public français, offre un nouveau casse-tête à « DD ».

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S’il a été moins en vue sur le côté droit face à l’Écosse que contre les Pays-Bas, la faute aussi à une relation inexistante avec Ousmane Dembélé décevant mardi, Jonathan Clauss (31 ans, 8 sélections) ressort du rassemblement renforcé. Défensivement, ce que Deschamps attend de lui en priorité, il a rassuré avec une belle lecture de jeu et une couverture intéressante. À confirmer face à de plus gros clients. Offensivement, surtout à Amsterdam, il a montré des qualités évidentes de débordement, de percussion et d’aisance technique dans la dernière passe à l’image de son offrande pour Mbappé. À revoir, mais la route vers l’Euro s’est dégagée. Déjà une première victoire.

Un peu plus haut sur le terrain, Kingsley Coman (27 ans, 53 sélections) est lui aussi le grand gagnant d’octobre. À Amsterdam, il a parfaitement combiné avec Clauss, dans un duo intelligent, respectueux des consignes mais aussi très percutant avec de nombreux dédoublements. Dans un rôle de « finisseur » à Villeneuve d’Ascq, il est entré à l’heure de jeu et a marqué sur sa première action, avant d’être à la passe sur la transversale de Thuram. Une apparition pleine de fraîcheur et de culot, très appréciée par Deschamps. « Je ne vis pas pour les buts », avait-il confié dans un long entretien au Figaro vendredi dernier. En dix jours, il aura démontré toute sa palette et confirmé qu’une place de titulaire à l’Euro, s’il conserve ses standards, lui tend les bras.

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Randal Kolo Muani (24 ans, 12 sélections) traverse un début de saison quelconque entre son transfert au Paris SG où il n’est pas titulaire indiscutable et ses apparitions en équipe de France pour la plupart décevantes, voire insignifiantes. Que ce soit en Allemagne le mois dernier ou vendredi à Amsterdam, l’ancien Nantais n’a pas réussi grand-chose de séduisant au poste de numéro 9. Sa chance réside aussi dans le fait qu’Olivier Giroud n’a pas brillé non plus mardi contre l’Écosse. La concurrence reste totale dans ce secteur, où Marcus Thuram a été plus tranchant sur un court laps de temps au stade Pierre Mauroy. « Randal ne fait pas tout bien, ajuste Deschamps. Il est jugé sur son efficacité (1 but en 12 sélections) et il a une bonne marge de progression à ce niveau-là, il le sait. » Simple insuffisance passagère ou limites plus profondes à ce niveau en attaquant axial pur ? À lui de dissiper les doutes en club comme en sélection dans les semaines à venir.

Titulaire mardi soir face aux Ecossais, Ousmane Dembélé (26 ans, 40 sélections) avait la mine des mauvais jours quand il s’est fait reprendre par Mike Maignan en seconde période après un mauvais choix. Sa copie globale est insignifiante, une vraie et immense déception. Quasiment aucune différence balle au pied et peu de prises de risque contre une adversité de seconde zone, l’ailier droit s’est montré fantomatique et a perdu des points dans le duel qu’il livre avec Coman. S’il n’avait pas eu son problème à la cuisse, il aurait débuté à Amsterdam pour le match qui compte, signe d’une confiance renouvelée du staff.

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Même si Didier Deschamps est venu à son secours dans une séquence chez nos confrères de la télévision, Eduardo Camavinga (20 ans, 13 sélections) a raté son rendez-vous nordiste. Au-delà de sa passe ratée qui amène l’ouverture du score écossaise, impossible à voir à ce niveau, le Madrilène n’a pas eu le rayonnement attendu entre imprécisions et hésitations. Il a des qualités exceptionnelles, mais comme en Allemagne, il n’a pas encore donné entière satisfaction sur la durée en équipe de France, ce qui ne remet en aucun cas sa présence en jeu dans le groupe tant il a de l’avance sur ses concurrents directs (Kamara, Fofana, Veretout, Guendouzi…)

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Interrogé mardi soir sur une éventuelle punition de Jean-Clair Todibo (23 ans, 1 sélection), resté sur le banc contre l’Écosse alors que sa titularisation était murmurée après les Pays-Bas, le sélectionneur a nié cette hypothèse. « Ce n’est pas une sanction même si, dans le doute, il vaut mieux éviter dans une soirée comme ça, explique-t-il, ayant préféré offrir à Castello Lukeba sa première cape. Il y en a deux ou trois (dans le public) qui auraient pu siffler. » Pour autant, après son « rire nerveux »aux Pays-Bas lors de la minute de silence, le Niçois a fait parler de lui d’une mauvaise façon. En dehors du terrain. Tout ce que déteste Deschamps. Pas très malin au regard de la concurrence à ce poste.