Jeudi, avant le lever de rideau, il y avait dans le Palais des Sports de Grenoble lors de la répétition des spectacles, durant les entraînements, puis lors des courses, un éclat particulier dans les regards, une émotion qui a étreint les coureurs, les spectateurs. La piste fêtait son grand retour à Grenoble. De 1971 à 2014, le rendez-vous était incontournable. Un classique qui avait vu défiler et briller Eddy Merckx, Bernard Thévenet, Francesco Moser, Charly Mottet, Bernard Hinault, Laurent Fignon, Gilbert Duclos-Lassalle ou Jean-Claude Colotti. Les soirées et les nuits donnaient le tournis avec des airs de fête. Avant de disparaître. Jusqu’au retour, longtemps espéré par les passionnés.

Marraine de l’événement, les «3 jours cyclistes internationaux» Félicia Ballanger (triple médaillée d’or aux jeux olympiques, dix fois championne du monde) raconte : «C’est évidemment beaucoup de beaux souvenirs. Quand j’ai vu depuis le bout du monde qu’ils voulaient détruire le vélodrome, j’ai été bouleversée, je me suis dit qu’on se battait depuis plus de 50 ans pour avoir des vélodromes en France, avant nous Daniel Morelon et d’autres s’étaient battus pour ça et aujourd’hui, alors qu’on commence à en avoir, cela paraît aberrant d’en détruire un. Il fallait le faire vivre, j’avais signé la pétition pour commencer à aller dans ce sens. Alors revoir l’organisation qui se bat pour reprendre le vélodrome, je ne pouvais que répondre présente. C’était un moment important pour nous quand la fin de saison arrivait, Grenoble c’était un rendez-vous incontournable, même avant qu’il y ait des épreuves de sprint, on venait pour faire des Six jours à l’américaine, c’est dire comme on était motivés malgré la difficulté de l’épreuve. Et après, il y a eu des épreuves de sprint qui nous permettaient de rencontrer le public. C’était toujours de bons moments.»

Mathilde Gros, championne du monde de vitesse 2022 (en piste avec Sébastien Vigier, Timmy Gillion, Thomas Boudat ou Rayan Helal dans des soirées orchestrées par Bernard Thévenet, animées par Daniel Mangeas) ajoute : «Je n’ai jamais connu de Trois Jours ou de Six Jours, quand j’ai commencé le vélo en 2015, tout s’est arrêté. Il n’y avait plus rien. Quand j’entendais les autres en parler, je me disais  »Ça avait l’air trop, trop bien. Pourquoi cela s’est arrêté, c’est tellement dommage. Quand Guy (Chanal) est venu me le proposer, j’ai dit  »Génial, génial pour la piste et j’espère que cela va continuer encore longtemps ».»

À l’origine du retour sur scène de l’événement, Guy Chanal partage la joie profonde d’avoir réveillé le rendez-vous pour «sauvegarder voire sauver ce vélodrome (un temps voué à la démolition) et perpétuer l’esprit de fête qui a prévalu autrefois. L’événement pourra-t-il être reconduit l’an prochain ? L’avenir le dira, l’histoire n’est peut-être pas terminée… »