Victoire bonifiée obligatoire pour les Springboks dimanche (21h00) face aux Tonga à Marseille. Tout autre scenario pourrait s’avérer fatal pour les champions du monde en cas de victoire écossaise contre l’Irlande dans une semaine, dans le «groupe de la mort».
Battue par les numéros 1 mondiaux irlandais (13-8) et 2e au classement du groupe B, avec 10 points, quatre longueurs derrière le XV du Trèfle, l’Afrique du Sud serait presque mathématiquement qualifiée avec une victoire à quatre essais. À moins d’une invraisemblable remontada écossaise et d’un classement final qui verrait Boks, Irlande et XV du Chardon à 15 points, et une équipe éliminée au goal-average.
Pour éviter l’humiliation d’une sortie dès la phase de groupes, ce qui serait une première pour les triples champions du monde, le sélectionneur sud-africain Jacques Nienaber aura donc un œil sur la calculette, et l’autre sur Handre Pollard, buteur attitré des Springboks lors de leur campagne victorieuse au Mondial 2019 au Japon. Absent de l’équipe depuis un an et de retour de blessure il y a 15 jours à peine avec son club anglais de Leicester, l’ex-ouvreur montpelliérain a seulement réintégré la sélection grâce à la blessure du talonneur Malcolm Marx. Et ce sont ses qualités de métronome face aux poteaux qui lui ont offert une place de titulaire face aux Aigles des Mers tongiens, après la faillite au pied de Manie Libbok et Faf de Klerk depuis le début de la compétition (11 sur 23).
Restera à vérifier si le très gestionnaire Pollard ne va pas pénaliser une ligne de trois quarts springboks dévastatrice sous la baguette de Libbok, comme l’ont constaté les All Blacks, humiliés 35-7 à Twickenham juste avant ce Mondial, ou les jeunes Chênes roumains, transformés en petit bois (76-0). Mais «Handre n’est pas Superman», a prévenu Rassie Erasmus, le directeur du rugby sud-africain, cette semaine. «En termes de plan de jeu, nous avons clairement des choses à régler», a renchéri Nienaber : «Sinon nous ne durerons pas longtemps dans cette compétition».
Une certitude, les champions du monde, 3e mondiaux, ne prennent pas les Tongiens (15e) à la légère, avec leur flanker Siya Kolisi aligné dès le coup d’envoi pour sa 79e sélection, sa 50e en tant que capitaine, mais aussi le roc Eben Etzebeth en deuxième ligne. Dans le sillage de leurs golgoths du pack, les Springboks pourront aussi compter sur leurs gazelles des lignes arrières, avec notamment la nouvelle perle Canan Moodie au centre ou Makazole Mapimpi à l’aile.
Un demi de mêlée à l’aile (Grant Williams), deux N.8 en troisième ligne (Wiese et Vermeulen), un flanker au talonnage (Fourie) : Nienaber poursuivra aussi ses expériences contre les Tonga d’un Toutai Kefu plus conservateur. Pour l’ex-champion du monde wallaby, en effet, on ne change pas, ou à peine, une équipe qui perd. Dominé par l’Irlande (59-16) puis l’Écosse (45-17), le XV de départ tongien a seulement été modifié à la marge (3 changements), avec notamment l’absence forcée de Vaea Fifita, l’ex-All Black, suspendu après son carton rouge contre l’Écosse. En Coupe du monde, les Aigles des mers ont rencontré une seule fois les Boks, lors du Mondial 2007 en France, avec une défaite honorable 30-25. Dix ans plus tôt, au Cap, ils avaient été plumés 74-10.