Le rendez-vous est pris. En dominant l’Afrique du Sud dans un match de haute intensité (13-8), les Irlandais ont fait savoir qu’ils avaient la ferme intention de revenir au Stade France tous les week-ends du mois d’octobre, et surtout d’y soulever le trophée le 28. Mathématiquement, rien n’est fait, mais le chemin pour les quarts de final est bien dégagé. Il faudrait une défaite de plus de 7 points face à l’Écosse le 7 octobre prochain, pour empêcher l’Irlande de s’élancer dans sa quatrième phase finale consécutive de Coupe du monde. Et honnêtement, après la victoire de ce soir (la 16e de suite !), difficile d’y croire.
Pourtant, les Irlandais, numéro 1 mondial, n’ont pas été parfaits, loin de là. De nombreux mauvais choix ont émaillé leur entame de match. Par excès de confiance, ou peut-être par arrogance, le XV du trèfle a refusé de tenter la première pénalité pourtant dans les cordes de son artificier et capitaine Jonathan Sexton. Ils perdent la balle dans la foulée. Ils reproduisent la même erreur quelques minutes plus tard, et enchaînent les penaltouches stériles, alors qu’ils avaient l’occasion d’ouvrir le score. En l’espace de 20 minutes, ils ne perdent pas moins de quatre ballons en touche ! «C’est la qualité des Springboks», a réagi l’entraîneur du trèfle, Andy Farrell, interrogé sur le sujet en conférence de presse.
Il a ainsi fallu attendre la 33e minute pour voir les Irlandais débloquer leur compteur. Après une longue période de domination sud-africaine stérile, les Irlandais retrouvent l’avancée par l’intermédiaire de leur trois-quarts centre Bundee Akhi, excellent tout au long du match. Ils parviennent à mettre les Boks à la faute et marquent un essai après une énième penaltouche.
Les deux équipes rentrent aux vestiaires sur un score de 3 à 7 pour l’Irlande. Au retour, les Sud-Africains regagnent la pelouse avec de grosses intentions. Ils font notamment entrer leur banc XXL. Suite à une pénalité de Faf de Klerk qui heurte le montant droit des perches irlandaises, ils poussent les Irlandais à la faute puis marquent par Cheslin Kolbe (50′) après avoir enfoncé la mêlée verte. Libbok laisse filer deux points en manquant la transformation (8-7). On pense que le match va basculer, mais les Irlandais se remobilisent et l’impact des remplaçants va faire pencher la balance en leur faveur. Alors que dans son duel d’entraîneur, Andy Farrell avait fait un choix beaucoup plus classique contre son adversaire, avec un banc avec 3 trois quarts. Preuve en est, pourtant dominés en mêlée, les avants irlandais obtiennent deux pénalités décisives.
«La résilience a été remarquable, explique l’entraîneur irlandais. Les remplaçants ont eu un énorme impact, ils ont apporté énormément d’énergie. Ils sont bien rentrés dans la compétition avec le groupe. J’ai beaucoup apprécié l’ensemble du match, tout ce qui a été fait, la circulation du ballon, la manière dont nous avons réussi à maintenir le score. C’est un match parfait. Au cours de la deuxième mi-temps, nous avons gardé le score. À la fin, ils ont loupé des pénalités à des moments cruciaux. Cela a contribué à notre performance.»
Impeccables dans le jeu au sol, les Irlandais ont fait déjouer les Springboks qui, beaucoup trop pénalisés dans les rucks, ont dû jouer contre nature en écartant à outrance les ballons. En toute fin de match, alors que l’Afrique du Sud se montrait menaçante avec un groupé pénétrant sur la ligne de but irlandaise, les partenaires de Jonathan Sexton ont su faire preuve d’une immense solidarité et tenir le score.
Que peut-il désormais arriver à cette équipe, tant la confiance en son plan de jeu semble inébranlable ? À la fin du match, les joueurs sont restés de longues minutes à communier avec un public totalement acquis à leur cause. Il faut dire que les Irlandais ont quasiment joué à domicile et tout ce beau monde semblait certain de l’issue finale de ce Mondial… Si la logique est respectée, le XV du Trèfle devrait affronter en quarts les All Blacks, le 14 octobre, à Saint Denis. Des Néo-Zélandais défaits par les Français lors du match d’ouverture, tombeur des Irlandais au même stade de la compétition il y a 4 ans… mais qui restent sur cinq défaites lors de leurs huit dernières confrontations.
Une échéance que refusent d’aborder les joueurs ou même le staff… Tous jurent ne se concentrer que sur le prochain match dans deux semaines, contre l’Écosse, 5e nation mondiale et qui devrait jouer sa qualification sur cette rencontre. «Une équipe rude à affronter», selon les mots d’Andy Farrell, mais qui n’a plus battu les Irlandais depuis 2017, lors d’un match du Tournoi des six nations à Murrayfield… Autrement, tous les voyants sont au vert… Seul point noir en vue, les Irlandais n’ont jamais passé le stade des quarts de finale !