Au lendemain de la défaite cruelle du XV de France, difficile de mettre de côté la polémique autour de l’arbitrage de ce choc titanesque. Mais force est de constater que les champions du monde en titre, auteurs de quatre essais contre trois pour les Bleus, ont su se montrer plus réalistes, plus costauds et plus malins dans le money time. Au coude-à-coude, ce quart à l’intensité énorme s’est achevé sur un ultime ballon arraché des mains françaises par l’expérimenté demi de mêlée Faf De Klerk. Jacques Nienaber, le sélectionneur des «Boks» a gagné (de peu) la partie d’échecs.
Le demi d’ouverture Manie Libbok a tenu à mettre en avant le rôle décisif du staff : « Le plan pour nous, en tant que joueurs, est d’aller sur le terrain, d’exécuter et de jouer ce qui se présente à nous – ils disent ‘si l’occasion se présente, vous devez la saisir’. » En bons soldats, les hommes de Nienaber ont, malheureusement pour les supporters de l’équipe de France, parfaitement suivi le plan.
Les chandelles ont notamment mis le feu dans l’arrière-garde tricolore, en offrant trois essais en première période (par Kurt-Lee Arendse, Damian de Allende et Cheslin Kolbe). Et le troisième ligne et capitaine Siya Kolisi s’est félicité de l’apport des remplaçants en fin de match. «Bravo aux remplaçants (de Klerk et Pollard spécialement), ils ont fait la différence. En entrant, ils nous ont insufflé un maximum d’énergie et les mecs sur le terrain en avaient besoin vu le soutien du public pour la France. On a tout fait pour rester positifs et faire notre match. » Siya Kolisi a voulu aussi mettre en lumière la résistance des siens quand ils ont évolué à 14 suite au carton jaune d’Etzebeth juste avant la mi-temps.
Un tournant, selon lui : « Oui, on savait que les Français allaient nous mettre en difficulté, dans les rucks notamment. On savait qu’il faudrait qu’on soit forts parce que c’était déjà dur de les arrêter à 15, alors à 14. Je suis fier du caractère dont on a fait preuve. » Même son de cloche chez Jacques Nienaber qui met en avant l’expérience des vieux briscards face à la « jeune » équipe de France, selon les dires de Kolisi : «Avec le carton jaune, on a dû trouver des solutions, mais c’est probablement grâce au vécu de notre équipe. Ce genre de choses arrive, ils ont déjà connu ça, ils ont déjà participé à une Coupe du Monde et ils ont trouvé des solutions pendant le match ».
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Intenable, Cheslin Kolbe, (126 mètres gagnés et un essai) a aussi été au cœur d’un tournant du match. Venu contrer – à la toute limite de la légalité – une transformation de son ancien partenaire à Toulouse Thomas Ramos (22e), il a privé les Bleus de deux points qui compteront cher au final. « Ce geste nous a probablement offert la victoire », a salué le capitaine springbok Siya Kolisi.
Et on en revient aux polémiques sur l’arbitrage. Alors qu’Antoine Dupont a estimé que l’arbitre n’avait pas été à la hauteur de l’enjeu, Kolisi a préféré botter en touche :« Nous, la seule chose qu’on maîtrise, c’est le jeu. On n’a aucun contrôle sur les décisions que prend l’arbitre. Je ne sais pas quoi dire, on va revoir les images mais on a bien communiqué avec lui et ses interventions ont été bonnes. Je n’ai jamais discrédité l’arbitre et je ne le ferai jamais ». Jacques Nienaber, lui, prend le contre-pied « Je pense que Ben (O’Keeffe) a bien arbitré. On a mis quatre essais et on a marqué quasiment à chaque occasion. Je trouve qu’il a bien géré le match. Nous aussi, on aurait pu avoir une pénalité quand le joueur français est venu gêner Faf (de Klerk), quand Handré (Pollard) pouvait prendre le drop. »
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Place à l’Angleterre. Alors que personne n’imagine les «Boks» trébucher face aux Anglais samedi prochain, les intéressés font sans surprise profil bas. «Ils ont gagné tous leurs matches. Une Coupe du Monde, ce n’est plus pareil après les poules. Ils ont saisi chaque occasion. J’espère qu’on va battre l’Angleterre. C’est du 50-50 », prédit Pieter-Steph du Toit, troisième ligne. « Nous avons souvent joué contre l’Angleterre. Il est évident qu’elle a connu des difficultés avant la Coupe du monde, mais elle a commencé à redresser la barre, poursuit le demi de mêlée Faf de Klerk. Ce sera un défi très important et difficile à relever, surtout avec un délai de six jours. Nous devons juste nous concentrer sur la récupération.»