La plupart des grosses équipes de cette Coupe du monde ont un premier centre dans le genre «déménageur». La France évolue ainsi avec Jonathan Danty, l’Angleterre avec Manu Tuilagi et l’Irlande avec Bundee Aki. L’Afrique du Sud, qui défie ce samedi l’Angleterre pour une place en finale, n’est pas en reste avec une référence au poste de premier centre : Damian de Allende (31 ans, 76 sélections). Un beau bébé de 1,91 m pour 105 kg qui fait d’énormes dégâts dans les défenses, crée des brèches et constitue un parfait point de fixation pour les attaques des Springboks. Interrogé en novembre dernier, le centre ou ailier des Bleus, Yoram Moefana, avait souri en déclarant : «On peut dire que c’est un bœuf ! Il est très perforant dans son style. En gros, c’est un numéro 8 que l’on a déplacé au centre.» Attention, toutefois, à ne pas réduire le Sud-Africain à un rôle de simple casseur de briques. «Il a aussi des mains, il peut jouer au pied aussi. Franchement, c’est un très très bon joueur», insiste Moefana.

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D’origine espagnole, Damian de Allende a connu plusieurs clubs dans sa carrière. Après avoir débuté à la Western Province du Cap, il a tenté deux expériences au Japon : d’abord aux Kintetsu Liners (2015-2016), puis aux Panasonic Wild Knights (2019-2020). En 2020, il s’engage avec la province irlandaise du Munster et devient rapidement incontournable (37 matches disputés). Au terme de sa première saison en Irlande, il est élu dans le XV type du Pro 14 (devenu depuis le United Rugby Championship). Fin mars 2022, il annonce : «Je ne resterai pas au Munster, ma destination n’est pas encore confirmée. Mais je ne resterai pas en Europe.» Coupant court à la rumeur qui l’envoyait à Bath avec le coach du Munster de l’époque, Johann van Graan. Fin du suspense début juillet quand le Springbok annonce son retour au Japon chez les Saitama Wild Knights, qui ne sont plus la propriété de Panasonic.

Damian de Allende a fait ses débuts internationaux en 2014 contre l’Argentine (13-6) dans le Rugby Championship. Il participe à la Coupe du monde 2015, terminée à la troisième place après avoir échoué de peu en demi-finale contre les All Blacks (18-20), futurs vainqueurs. Et de s’installer définitivement contre le titulaire au poste de numéro 12 chez les Boks. Toutefois, De Allende n’avait jamais été sélectionné pour l’Afrique du Sud dans les catégories de jeunes, que ce soit en équipe nationale ou dans les provinces. Mais c’est grâce à ses bonnes sorties dans le championnat universitaire sud-africain, avec l’université du Cap, qu’il est repéré par la Western Province. Avant d’être logiquement appelé chez les Springboks et de faire la paire avec l’explosif Jesse Kriel (29 ans, 66 sélections), après avoir fait ses débuts auprès de l’expérimenté Jean de Villiers (109 sél.).

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Loin de l’image qu’il peut renvoyer sur le terrain, Damian de Allende n’est pas un gros bourrin qui ne pense qu’à mettre des charges de mammouth. L’Irlandais Robbie Henshaw, qui l’a affronté avec le Leinster et les Lions, confie ainsi que «c’est un super joueur et un super mec aussi !» Pour le natif du Cap, il n’y a pas que le ballon ovale dans la vie. Il est aussi passionné de ballon rond et grand fan du club de football de Liverpool. Quand il jouait pour le Munster, il a ainsi réalisé l’un de ses rêves en allant voir les Reds jouer à Anfield Road. Avec ses yeux clairs et son charme latin, il a aussi fait la couverture, en Afrique du Sud, de plusieurs magazines masculins comme GQ, Men’s Health ou encore Vogue Hommes. Damien de Allende adore également le golf, ce qui lui permet de se changer les idées. Interrogé cette semaine en conférence de presse, il a en tout cas rappelé qu’il a bien la tête au rugby actuellement. Et qu’il vise un deuxième titre mondial d’affilée. «Je pense que vous (les médias) réfléchissez trop. On a gagné une Coupe du monde. En 2019, on a travaillé dur. Depuis trois ou quatre ans, on travaille dur. Individuellement, on a beaucoup donné pour rendre l’équipe meilleure. Je ne dirais pas qu’on est plus détendus.»

Un accident domestique qui aurait pu être bien plus grave. Fin juillet 2021, Damian de Allende a en effet été brûlé à cause d’un… feu de camp. Il était avec son compatriote RG Snyman et ses coéquipiers au Munster CJ Stander et Mike Haley au bord d’un feu de camp quand de l’essence avait été accidentellement versée sur le feu, provoquant une explosion. De Allende et Snyman avaient alors subi des brûlures aux jambes, aux mains et au visage, mais ils avaient rapidement été pris en charge à l’hôpital. «Nous étions assis autour du feu et l’un des garçons a jeté un peu d’essence dessus, puis l’essence s’est répandue sur sa main, a-t-il raconté. Il a juste essayé de poser le bidon d’essence sur le sol, puis tout s’est enflammé et a explosé. Mais le spécialiste que nous avons vu à l’hôpital nous a dit que ce n’était pas aussi grave, que tout devrait aller bien dans quelques semaines.» Cela aurait dommage de rater la tournée des Lions britanniques irlandais à cause de cette péripétie.