Le 12 octobre 2024 débutera à Barcelone la 37e édition de la Coupe de l’America. Ce match final de légende opposera le tenant du titre Emirates Team New Zealand au meilleur des cinq challengers sélectionné lors des Louis Vuitton Series qui débuteront eux le 22 août. D’ici là, les six équipes engagées dans la mythique épreuve remontant à 1851 vont s’affronter (en flotte) de jeudi à dimanche à Jeddah (Arabie Saoudite) lors d’une deuxième épreuve préliminaire sur de plus petits monocoques (40 pieds) que ceux de la Coupe (75 pieds). Ces bateaux innovants et débarrassés de leur quille en plomb sont capables de filer à des allures impressionnantes sur leurs foils stabilisateurs. Sur la troisième marche du podium lors de la première épreuve disputée fin septembre à Vilanova (Espagne), le défi français intitulé Orient Express Team Racing compte bien continuer de se battre avec les Néo-Zélandais, Américains, Suisses, Anglais et Italiens, pour marquer les esprits sur la route de la Coupe. Quentin Delapierre, le pilote de l’AC450 puis de l’AC75 (actuellement en construction et mis à l’eau en mai prochain), se confie au Figaro.

LE FIGARO. – Quelle est pour vous l’importance de cette deuxième régate sur la route de la Coupe de l’America ?

Quentin DELAPIERRE. – C’est la dernière fois que l’on va affronter nos cinq adversaires en AC40 avant la vraie Coupe. Alors on n’a pas envie de se louper et on veut reprouver, après notre podium sur l’épreuve de Vilanova, qu’on est dans le coup. On était arrivé pour cette première avec seulement neuf jours de navigation à bord de notre AC40 et cela a été très positif d’être dans le coup en vitesse et en manœuvre. Notre stratégie de développer un simulateur a été payante et finir sur le podium a été un super départ qui a permis de diffuser une énergie positive dans l’équipe.

Qu’est-ce qui a changé depuis cette épreuve de Vilanova ?

On a beaucoup plus navigué, on doit être à trente jours maintenant. On se sent encore plus au point techniquement, on a bien progressé pour aller chercher dans les détails. A nous d’être bien concentré sur l’essentiel à Jeddah.

C’est quoi l’essentiel ?

C’est la faculté à régater, à apprendre à naviguer sur ces bateaux, à les maîtriser au mieux pour pouvoir jouer avec le vent et laisser parler notre instinct de marin.

Pourquoi est-ce des bateaux compliqués ?

Ce sont des bateaux incroyables et très complexes, avec beaucoup de systèmes embarqués. Il faut arriver à comprendre comment les choses fonctionnent. Et notamment le pilote de vol automatique qui fonctionne incroyablement bien mais nécessite de choisir des « limites ».

Vous qui naviguez également sur le circuit Sail GP (catamarans de 50 pieds utilisés lors de la Coupe de l’America 2017 aux Bermudes), quelles différences voyez-vous avec la Coupe de l’America ?

La Coupe c’est un héritage, on sent le poids de son histoire plus que centenaire. A Vilanova, l’aiguière d’argent était sur un bateau et cela a signifié quelque chose pour les équipes, les marins, les fans, de la voir. C’est une attraction en soi. Je suis très fier d’y participer et je suis sûr qu’on a de grandes chances d’y performer.

Pensez-vous que certains de vos cinq adversaires ont déjà clairement de l’avance sur vous ?

Emirates Team New Zealand, qui est le defender, qui a fait les règles et a dessiné l’AC 40, a évidemment de l’avance et est très bon, puisqu’il a plus navigué que les autres. America Magic, en gagnant à Vilanova, a montré qu’il est dans le match. Derrière, c’est serré et nous sommes tous dans un mouchoir de poche.

Quel est alors votre objectif sportif pour cette deuxième régate préliminaire à Jeddah ?

On vient clairement pour gagner, on est là pour montrer qu’on est dans le coup. C’est notre ambition et il faudra être opportuniste dans la petite brise thermique qui souffle ici. En tout cas, cela va être un beau spectacle…